Rouler à Paris ou toute grande ville quand on vient de Province…

Zib21
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Une des spécificités à beaucoup rouler, c’est qu’à un moment ou un autre, on finit par passer par de grandes agglomérations. Du coup, quand on vient comme moi de communes à dimension humaine, cela peut faire peur de prime abord. Même si circuler dans une agglomération comme Belfort et Dijon nécessite déjà un peu plus d’adaptation, cela reste encore « simple ». La plus grande aventure étant alors la remontée de file lors des parties qui bouchonnent. Besançon, Grenoble, Avignon, sont déjà de plus grandes villes, mais je n’ai jamais senti de réelle différence à y rouler.

Deux expériences m’ont marquée dans ma vie de motarde : circuler aux abords de Marseille et dans Paris.

Marseille c’était il y a quelques années. J’avais alors rejoint ma marraine et son compagnon motard et nous devions nous rendre sur la route des Crêtes (entre Bandol et Cassis). Afin de gagner un peu de temps, nous avons fait ce que j’appelle de la liaison : prendre le plus rapide. Ce qui s’est concrétisé par faire environ 100 km d’autoroute, saturée, sur 3 ou 4 voies. A l’époque, même si j’avais déjà de la route derrière moi, je n’avais jamais été dans ce cas de figure. Le plus simple a été de suivre mon oncle en interfile. L’avantage, il « ouvrait » la route. Avec une Pan European et moi avec le GSXR de l’époque (un 2003) je savais que si lui passait avec sa grosse, je passais aussi. Dans ces cas-là il faut bien connaître la largeur de sa monture. En général, si les rétroviseurs passent, tout passe.

Attention cependant avec les valises qui ne sont pas d’origine ou les sacoches latérales, elles peuvent être plus larges. A vérifier donc avant de partir.

Paris c’était l’an passé. Et j’ai retenté l’expérience il y a quelques semaines. Là c’est encore totalement différent. La densité du trafic permanent, les types de véhicules et l’usage fait de ceux-ci (personnel, taxi, camion, livraison…) influencent beaucoup le comportement des différents conducteurs. La remontée de files étant une pratique courante et tolérée, les automobilistes dans leur grande majorité y sont bien plus sensibilisés et ont donc une plus grande habitude de voir des 2 roues qu’en province. Par contre, les 2 roues sont autant de scooters, et de 125 que de motards qui du coup n’ont pas la même vision de la route en 2 roues. C’est encore plus flagrant que « par chez nous ».

Et j’avoue qu’en plus être en sportive… c’est sportif justement !

J’ai distingué deux façons de circuler. Dans Paris et les communes alentours… et sur le périphérique et les autoroutes aux abords immédiat de Paris (ainsi que la Francilienne). Ma première interfile sur le périphérique a été un grand moment… En fait, il faut savoir s’insérer au bon moment. Toujours être entre la 2e et la 3e voie (ou 3e et 4e en cas de 4 voies). Faire attention aux abords des entrées et sorties, les voitures pouvant déboiter au dernier moment. Par contre j’ai été agréablement surprise de voir que celles-ci se serrent volontiers sur l’extérieur pour laisser passer. Il faut prendre le bon rythme, se mettre sur le bon rapport et avancer en étant détendu et attentif à tout ce qui se passe autour.

Ne pas oublier que l’interfile, c’est lorsque la vitesse globale est peu élevée et que le différentiel de vitesse doit être de l’ordre de 10 à 20 km/h. Soyez vigilants aux 2 roues qui sont derrière vous… Nombre de fois où, n’étant pas habituée à l’exercice, j’ai eu des hésitations, et me suis retrouvée avec un motard qui me collait ou me faisait clairement savoir qu’il fallait que j’avance plus vite ! Comme toujours, quand je ne le sentais pas, je n’insistais pas. Du coup, dès que possible je me rabattais pour laisser passer l’impatient et ensuite reprendre mon rythme de croisière. Ce que j’ai constaté, c’est que l’on est quasi en permanence en interfiles sur le périphérique.

Du coup, l’attention est décuplée et on se rend vite compte que c’est très fatiguant. Ma dernière visite à Paris m’a valu près de 40 km entre les autres véhicules. Par moment, lorsque le trafic était un peu plus fluide, je repassais sur une voie de circulation afin de me soulager un peu plus. Même si je ne suis pas particulièrement tendue dans la situation, mes épaules ont eu vite fait de me rappeler la tension ressentie à rouler dans cette circulation inhabituelle pour moi.

Circuler à Paris même… Seule, sans connaître la ville (autrement qu’en métro), j’ai apprécié le GPS relié à un intercom. Il me semble totalement impossible de circuler dans cette grande ville avec mon éternelle carte sur le réservoir ou même le GPS sur le guidon.

Exemple d’intercom – image internet

Le regard, encore plus que d’habitude, doit être sur la route et les abords de celle-ci. Personnellement, je ne suis pas du tout à l’aise. Ça se fait bien sûr, mais la façon de rouler à Paris est bien trop particulière. Déjà en voiture je ressens la différence, mais à moto… c’est pire ! Ou alors il faut y rouler de nuit, c’est moins…. pire !

Mon dernier séjour, je me suis débrouillée à pieds et en métro la plupart du temps. Reste en plus la difficulté de garer la moto et l’angoisse permanente qu’il puisse lui arriver quelque chose. Mes amis parisiens en rigoleront sans doute, mais c’est vrai que je crains pour la moto quand elle est à la capitale. Par contre, si je suis accompagnée, c’est différent, car alors je me mets en mode « je suis le motard devant » et, même si je garde toute ma concentration, je n’ai au moins pas le stress de chercher ma route. Bon après, il faut aussi que le copain n’oublie pas que je n’ai pas l’habitude de Paris et de, du coup, ralentir un peu son rythme. J’ai constaté de façon presqu’amusante, qu’il y a quasi une file « moto » qui se créée sur les grands axes. Les voitures (du moins les locaux) sont habituées à ces engins bourdonnant autour d’elles et une sorte de code parallèle semble s’être mis en place. Remonter la file pour se retrouver en premier au feu ne choque pas. Par contre, si vous êtes sur un croisement, ne pas se mettre à gauche de la première voiture si le « tourner à gauche » est possible, ainsi que sur la droite dans le cas inverse. Car même s’il y a une tolérance, on reste à Paris… et tout le monde est pressé. Et faire attention quand on stationne sur les trottoirs…

Bien sûr, j’ai observé des comportements limites, voire dangereux, tant de la part des automobilistes que des 2 roues. La prudence est vraiment de mise, et de façon décuplée par rapport à ce que vous pourriez avoir l’habitude de vivre dans les agglomérations « normales ». Par contre, j’ai également constaté quelque chose les deux fois où je suis rentrée de Paris. Même si j’ai peu roulé quand j’y étais, on garde la façon de rouler à la parisienne sur le chemin du retour, ce qui est problématique, les autres usagers n’étant plus les mêmes et donc faisant moins attention aux autres. En conclusion, je ne suis pas fan de rouler à Paris ou dans les très grosses agglos, mais y être allée m’a permis de ne plus avoir peur de cette façon de circuler. Je n’y retournerai pas par plaisir, mais si je dois y passer, je saurai comment agir. J’avais tendance à dire que pour rouler à Paris, il faut « débrancher ». Ce qui bien sûr, est faux. Certes il faut changer de notre façon de rouler habituelle, mais l’attention doit être encore plus élevée, et l’anticipation est primordiale.

Mes conseils :

Etre détendu au maximum

Avoir l’œil partout e tout anticiper, encore plus qu’à l’habitude

Rouler de préférence avec un(e) motard(e) qui a l’habitude de circuler dans Paris

Si possible, avoir un GPS relié en bluetooth au casque plutôt qu’une carte ou un écran au guidon

Et quand vous quittez Paris, ne pas oublier de reprendre vos habitudes de circulation « normales » et de profiter de nos montagnes retrouvées !