MotoMag dans les Balkans : Jour 10, La Slovénie


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ON EST PAS DANS LA M…E, MAIS ON A LES DEUX PIEDS DANS LA GROTTE !

On ne flâne pas ce matin : le chef-chef-oui-chef l’a dit, l’emploi du temps est chargé, et on nous attend quelque part pour une surprise, à un horaire bien déterminé et qui ne souffrira d’aucun dépassement. Du coup, les bagages doivent être dans le camion pour 7h15, et on décolle à 8h au plus tard.

Petit déjeuner au bord de la mer, sous un soleil prometteur, avec une température idéale. Pour un peu, on prolongerait de quelques heures…

Mais pas de ça Lisette !

Le chef n’accorde aucune dérogation, et toute la troupe décampe dans les délais impartis. Le vent de folie d’hier est tombé (ce qui évitera peut être de voir de nouveau les motos voler), et le roulage le long de la côte est beaucoup plus plaisant que la veille. Villas superbes, bâtiments colorés, propriétés imposantes, on se croirait sur la côte italienne, ou sur notre bonne vieille côte d’Azur. Dans les terres, cela sent la Provence, les vignobles en plus…

©G. de CROP/Motomagazine

©G. de CROP/Motomagazine

Comme à l’accoutumée, le motard s’avère être un animal particulièrement grégaire, l’arrêt d’un groupe pour une pause rafraîchissement attirant quasi-inévitablement les groupes le suivant à en faire de même. Entre les spots photo et les arrêts « combustible » (motos ou pilotes), la moyenne n’est guère élevée. Il convient donc d’accélérer la cadence afin que le grand chef ne nous vole pas dans les plumes (il adore ça, l’esclavagiste!).

Quelques portions de belles routes, viroleuses à souhait et bien revêtues, permettent à celles et ceux qui en ont l’envie, de se faire vraiment plaisir. Pour les autres, comme de tradition, l’option « flânerie » reste de mise.

©G. de CROP/Motomagazine

On passe la frontière Slovène, par une toute petite route de montagne, avec un contrôle succinct des papiers, puis, en alternant phases bucoliques et mode sport, tous les groupes parviennent à tenir les délais et à pointer le bout de leur nez dans les temps, sur le site de ce qui est la surprise du jour : la visite des grottes de Skocjan, classées elles aussi au patrimoine de l’Unesco depuis 1986.

©G. de CROP/Motomagazine

Dom et Hélène qui les ont déjà visitées, Catherine, claustrophobe, et Jean Claude en panne de pieds (c’est passager, ça reviendra) font l’impasse sur la visite. Pour les autres, une fois la guide anglophile récupérée et l’accès au site opéré, la découverte commence.

Nous nous enfonçons dans les entrailles de la terre par un long corridor qui nous amène à la première salle.

©G. de CROP/Motomagazine

La magie peut alors commencer : des sculptures naturelles de toutes les formes, toutes les dimensions, dans tous les sens, ressemblant parfois à des dragons ou des masques asiatiques, des décors laissant à penser qu’Indiana Jones et le temple maudit a été tourné en ces lieux, des dimensions de salles à vous y caser la cathédrale de Chartres, des ponts anciens ou récents à vous coller le vertige (45m pour le pont surplombant un gouffre souterrain le plus haut d’Europe), des chemins de visite à flancs de parois, surplombant des à pics vertigineux…

©G. de CROP/Motomagazine

©G. de CROP/Motomagazine

©G. de CROP/Motomagazine

©G. de CROP/Motomagazine

C’est une succession d’émerveillements face à ces beautés naturelles.

Le retour se fait soit par ascenseur, soit à pieds par un sentier donnant l’occasion d’admirer de belles cascades et quelques vues des gorges de la rivière, en extérieur cette fois.

Les organismes ont faim, et le restaurant du site ne tarde pas à se rendre compte qu’une invasion de sauterelles serait parfois préférable à une descente de motards au ventre vide.

Suite logique et incontournable : la sieste à l’ombre pour les plus fatigués, mais abrégée, car il faut dire aussi qu’il est presque 16h quand le dernier groupe reprend la route. Et zou, en moins de temps que les confrères de Gémini le criquet n’en ont besoin pour déguerpir, la horde sauvage a déserté la place.

Le ballet des haltes et dépassements de groupes reprend de plus belle, dans un festival de saluts amicaux ou de provoc’ à la Joe Bar Team..

Bref, on roule et on ne s’ennuie pas.

La température est bonne (entre 25 et 30° selon les endroits) et la route qui nous ramène vers les Alpes Slovènes permet bien des fantaisies.

Après les 125 km du matin, les 130 de l’AM sont avalés plus rapidement.

La dernière portion après l’ultime pause « bar », rappelle à ceux qui ont sorti les blousons légers, que nous sommes revenus dans les Alpes et que la température qui plonge lentement mais sûrement jusqu’à 15/16 ° n’est plus celle de la côte ou de l’intérieur des plaines.

Par contre, nous retrouvons les paysages et maisons croisés en Autriche, annonciateurs d’un Tyrol encore bien présent dans les mémoires, ainsi que des vues splendides d’une vallée ou serpente une rivière aux eaux bleutées tranchant radicalement avec les sommets enneigés de l’arrière plan.

©G. de CROP/Motomagazine

Nous voilà rendus, peu avant la tombée de la nuit, à l’Alp Hotel de Bovec, petit village blotti au cœur d’une vallée paisible.

Niouzes du jour : après un tour d’horizon auprès des ouvreurs des différents groupes, pas grande activité sur le front.

C’est donc au sein de mon groupe, les Mauves, qu’il faudra aller chercher de quoi alimenter cette rubrique indispensable.

Vedette de la journée, Gilloux, le pilote de la Harley Davidson Dyna la plus toxique à l’ouest du Pécos.

©G. de CROP/Motomagazine

Dans un bruit de bombardier de la WWII, notre racleur fou de repose pieds qui manie son enclume comme personne, a éprouvé le besoin (pourtant dans un moment de roulage calme), de prolonger la sieste précédemment écourtée à son corps défendant.

Il a ainsi prétexté la présence de quelques gravillons sournoisement tapis dans une courbe des plus banales, pour se vautrer de tout son long, d’abord sur le macadam à l’inconfort notoire, avant de finir les fesses dans la luzerne accueillante du bord de route.

©A. MORTREUIL/Motomagazine

Que ses proches ne s’affolent pas : Nounours s’est relevé d’un bond, sans la moindre égratignure ou bobo (par certain que le gras de sa fesse gauche, largement lestée par l’ingurgitation excessive d’aliments en tous genres ces derniers jours, n’enregistre le moindre stigmate ou petit bleu à afficher comme blessure de guerre lors de son retour triomphal dans la capitale), avec simplement l’Ego froissé, sans le plus petit accroc à son blouson ou pantalon.

©G. de CROP/Motomagazine

Le temps de réparer la cocotte d’embrayage mise à mal par les « coucheries improvisées » de sa Majesté, et on reprenait la route en remerciant ce dernier de nous avoir épargné le treuillage de son croiseur lourd des profondeurs de la forêt en contrebas.

Il tenait certainement à ramener un dernier souvenir de Croatie avant de passer la frontière Slovène distante de moins de 3 km.

Anecdote amusante: Aussitôt après la figure artistique (notée 8 sur 10 par un jury unanime) de Gilloux, et les motos rangées à la queue-leu-leu sur le bord de la petite route, une voiture de police descend du poste frontière et constate les problèmes du groupe et le désordre engendré par toutes ces motos stationnées.

S’engage un dialogue de sourds entre le policier et un Jean Marc énervé de la pression induite par ce représentant des forces de l’ordre.

Ce dernier demande à Jean Marc de faire évacuer les lieux, tandis que celui ci tente de nouer le dialogue en lui demandant s’il parle italien, allemand, anglais ou français.

Pas de réponse, si ce n’est dans le dialecte d’origine du cerbère.

Not’ bon chef-chef-oui-chef à nous qu’on a, qu’il ne faut pas trop chauffer, redescend à pieds en disant à haute voix aux motards présents « allez on dégage, parce que là, on est tombé sur un con et il va nous faire chier !!!! »

le policier remonte à sa hauteur et dit alors à un Jean marc médusé : « Vous pas insulter moi ! Moi faire ça pour votre sécurité ! ».

Si on est passés sans soucis à la douane 3km plus loin, pas certain que ce soit à not’ bon chef qu’on le doive…

Les chouchous (cailloux, hiboux, poux, genoux…) du jour : les p’tits blancs d’un bon millésime, et leur GO (gentil ouvreur) Fred.

©G. de CROP/Motomagazine

Novice des randos Moto Mag’, parachuté (normal pour un mec qui a passé sa carrière à 10 000 pieds d’altitude, à gérer les passagers d’un zinc) ouvreur pour pallier à la défection du titulaire du poste, originaire probablement d’un pays d’Afrique pas bien identifié (il parle naturellement avec un fort accent des ex-colonies d’Afrique équatoriale française), victime de vitiligo, avec une dépigmentation intégrale de l’épiderme, qui fait de lui le seul noir – blanc connu à ce jour.

Du coup, dans celui des blancs ou celui des noirs, on ne sait jamais trop bien dans quel groupe le situer. Blagueur et toujours de bonne humeur, il a vite trouvé sa place dans le staff, et n’est pas le dernier à contribuer à la déconnade ambiante. Il ouvre le groupe des blancs au guidon de son Pan-européan.

©A. MORTREUIL/Motomagazine

de gauche à droite : Jean Philippe, Anne, Jean, Jocelyne, Fred, Gérald, Jean Claude, Gérard et Jean Paul