Documentaire « On Any Sunday, The Next Chapter » : ode à la déesse moto


Motoculture

Le documentaire sur la moto « On Any Sunday, The Next Chapter » sera diffusé dans les salles de cinéma françaises le 27 mars uniquement. Nous avons eu la chance de le voir en avant-première. Voici notre critique.

Le dimanche pour certains, c’est le jour du Seigneur et pour d’autres, c’est le jour de la moto. Ainsi pourrait-on résumer le concept véhiculé par le documentaire « On Any Sunday, The Next Chapter ». Le réalisateur Dana Brown a pris la relève de son père qui, en 1971 avec l’aide d’un certain Steve McQueen, avait réalisé « On Any Sunday ».

Comme le premier volet, le second, tourné en 2013 et 2014, raconte la passion que partagent pilotes professionnels et amateurs, ce véritable frisson de liberté que tous les amoureux de la moto ressentent dès lors qu’ils enfourchent leur bécane.

Se succèdent donc, devant la caméra, des figures contemporaines de différentes disciplines du sport moto : Robbie Maddison le cascadeur fou, qui effectue un saut de 60 mètres du haut d’un tremplin de ski ;

Travis Pastrana qui a mis en scène l’acrobatie moto à travers un show mondial, le Nitro Circus, et son relai sur les réseaux sociaux ; les stars espagnoles du MotoGP, Marc Marquez et Dani Pedrosa ; des pilotes américains un peu moins connus de ce côté-ci de l’Atlantique, tels Carlin Dunne qui a placé au plus haut, à Pikes Peak, une moto électrique, la Lightning ; la double médaillée d’or aux X-Games, Ashley Fiolek, sourde de naissance et néanmoins pilote de motocross,

ou Doug Henry, ex-pilote pro devenu paraplégique, qui continue à faire du cross au guidon d’une moto adaptée à son handicap.

Bref, une bonne vingtaine de dingues ayant plus ou moins fait leur trou dans cet univers impitoyable. Mais, plutôt plus que moins, et pour cause : la plupart sont sous contrat avec Red Bull, la marque de boisson énergisante, omniprésente dans le sponsoring sportif, qui est à l’origine de ce documentaire.

« J’aime la moto avant tout ; à la base, je trouvais le film de mon père mythique, et je n’avais pas vraiment l’intention de réaliser une suite », a expliqué Dana Brown, lors de la projection du chapitre 2 à Paris, le 19 mars. « Mais Red Bull est venu me voir pour me demander de le faire, et j’ai accepté. » Voilà qui pose le contexte du documentaire : il traite de la passion pour la moto, c’est indéniable, mais il s’agit également d’un film de promotion sponsorisé par une marque.

La ressemblance avec le film originel, « On Any Sunday » sorti en 1971, s’arrête donc à cette idée de succession de scènes sur différentes disciplines pratiquées aux États-Unis. Autant le film du père, Bruce Brown, s’affichait artisanal, bricolé, et néanmoins riche d’images spectaculaires, montrant des disciplines alors méconnues (baja, dirt-track…) avec une dimension marginale mise en avant. Les amateurs passionnés consacraient leur temps et leurs moyens à la pratique de ce qu’ils érigeaient comme au-dessus de tout dans leur vie.

Autant celui du fils, Dana, transpire le professionnalisme et, surtout, véhicule une image policée de cet univers : tout est beau et parfait dans le monde des professionnels du sport moto, les enfants sont admiratifs de leur papa qui sort exploit sur exploit, ils veulent faire pareil, les Africains sont sauvés de la mort grâce aux motos des bénévoles américains de Riders for Health, et même les handicapés sourient tous les jours parce qu’ils savent que le dimanche, ils vont enfourcher leur machine…

Cet optimisme béat a de quoi surprendre et irriter. Il correspond sans doute à la culture américaine, celle du rien n’est impossible, du Do it… On s’accordera quand même le droit de douter de l’impact d’une action humanitaire américaine sur l’expansion d’une maladie grave à travers le continent africain ; de remettre en cause les valeurs de la famille véhiculées par ce film ; est-ce bien raisonnable de mettre un gamin de 4 ans sur une moto et de le lancer dans la compétition ?

La pression écologiste est dénoncée, certes, mais sans argument autre que celui-ci : « On va m’empêcher de rouler avec mes potes et ma famille. » Pas très mature… En revanche, il présente la moto électrique comme une réelle alternative dans la compétition sur deux-roues. Preuve que les Américains, quand un péril guette, plutôt que de se braquer, se montrent pragmatiques.

Plus trivial : le premier chapitre avait, quelques années après sa sortie, construit son succès sur la présence de l’icône Steve McQueen (qui s’était impliqué dans la production) ; le second ne devra pas le sien à la présence d’un Mickey Rourke atomisé qui se fait faire son petit custom chez Roland Sands. Le beau gosse de « Neuf semaines et demi » n’est plus que l’ombre de lui-même. Mais il conserve intacte la passion pour l’objet moto.

Voilà bien résumé le paradoxe que reflète « On Any Sunday, The Next Chapter » : on est prêt à moult sacrifices pour s’adonner à cet engin maléfique ! Et, si le motard n’adhèrera pas forcément à la dimension politique de ce documentaire, il passera un bon moment en le regardant, ne s’ennuiera pas, s’amusera et sourira parfois, et se surprendra sûrement à s’identifier à ces motards de l’extrême.

Car c’est terriblement bien monté ! Côté réalisation, rien à dire : en dehors d’une voix-off française affligeante (mieux vaut l’américain sous-titré !), les images sont spectaculaires, les paysages somptueux, le tout étant filmé avec les moyens qui vont bien : caméras embarquées, hélicoptères, drones…

Le montage tient le spectateur en haleine. Le public des non connaisseurs appréciera cette dimension spectaculaire, semblant accessible, des prouesses réalisées par « ces gens comme les autres », tandis que n’importe quel motard sortira de la projection ragaillardi, car fier d’appartenir à cette communauté extraordinaire qui s’adonne, tous les dimanches, à l’équilibre sur deux-roues. Un bel exercice d’équilibrisme, en somme, qu’a réalisé Dana Brown.

En attendant la projection, voici le teaser :

« On any sunday, the next chapter », réalisé par Dana Brown, avec Robbie Maddison, Travis Pastrana… ; produit par Red Bull Media House ; filmé en 4K Ultra HD ; 90 mn ; édité en France par Marco Polo Production ; disponible en DVD, Blu-ray et VOD à partir du 6 mai 2015 ; prix public conseillé : DVD 19,99 € ; BRD 24,99 €.

À commander dans la Boutique Motomag.com, le film originel, « On any sunday », réalisé par Bruce Brown

À découvrir dans la Boutique Motomag.com, notre page dédiée aux DVD moto.

Beau livre : Steve McQueen, la moto et le cool


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McQueen, l’icône sixties, revient à la mode avec l’essor du vintage. Sa passion pour les sports mécaniques, et la moto en particulier, est déjà déclinée dans de nombreux ouvrages. Mais on le découvre, dans ce beau livre en noir et blanc épuré, photographié par son ami Barry Feinstein. En voiture, surtout, mais aussi au guidon d’une Bonneville.

Barry Feinstein est une légende de la photo rock des années 1960. Photo.fr nous apprend qu’il a notamment photographié Janis Joplin un jour avant sa mort en 1970 pour la couverture de son album « Pearl », George Harrison pour son premier album solo et Bob Dylan pour « The Times They Are a-Changin ». Il compte plus de 500 couvertures d’albums. A Hollywood, il a immortalisé Marlon Brando, Judy Garland, Barbra Streisand et Steve McQueen.

Steve McQueen et Barry Feinstein étaient unis par une profonde amitié. Tous deux possédaient une approche décontractée de la vie, une passion pour les voitures rapides et les motos. Ce lien qui les unissait se ressent à travers ces photos et l’intimité qu’elles dégagent.

Steve McQueen est représenté lors de ses courses de voiture, sur ses motos, lors du tournage de son film emblématique Bullit, et aussi lors de ses moments de détente, seul ou avec son fils. Les photos prises par Feinstein de McQueen entre 1960 et 1968 sont restées inédites jusqu’à ce jour, le photographe les ayant toujours gardées pour lui.

Le cool, dans toute sa splendeur…

« Mc Queen inédit » par Barry Feinstein, éditions Premium, 28 x 23,5 cm, 140 p., 35 €.

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