Retour aux origines du Moto Tour

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

Me voilà donc seul au bord d’une route déserte, à côté de ma moto blessée. D’autres concurrents passent, ralentissent et hochent de la tête en me voyant, je leur fait signe d’un pouce levé que tout va bien. Cela fait un moment que je n’ai plus vu de moto passer quand découle une Citroën C4 Picasso aux couleurs de l’organisation du Moto Tour. Deux gars pas tout jeunes en descendent et s’enquièrent de ma situation: je découvre cette fameuse voiture-balai dont j’avais déjà entendu parler mais que, pour mon plus grand bien, je n’avais encore jamais vue.

Fred le chauffeur, qui visiblement dirige les opérations, appelle tout de suite la direction de course pour signaler que je suis localisé et pris en charge. Désormais nous allons attendre le camion-balai qui va ramasser la moto. Ça prendra un peu plus de temps car, vu son gabarit, il ne suit pas exactement le parcours du rallye mais reste sur les grands axes. Ce n’est qu’à la demande de la voiture balai qu’il rejoint le point demandé sur le parcours pour ramasser une éventuelle moto.

En attendant, avec Fred nous analysons les circonstances de l’accident: ce n’est pas trop compliqué car la trace blanche du frottement du carter en aluminium sur la route est bien visible. A partir d’un certain point elle se double d’une trace d’huile, à partir du moment où le carter s’est percé!

Fred m’explique que j’ai dû glisser environ 30m avant le début de la trace, le temps que la moto tombe. Il me montre une plaque de bitume fondu, toute lisse et noire brillante parce qu’elle est mouillée: « C’est là que ta roue avant a du glisser, ensuite la moto s’est couchée et rejoint la trace. Tu as suivi derrière »

Il a l’air très sûr de son fait et effectivement c’est bien comme ça que cela s’est passé. J’imagine que je ne suis pas le premier motard qu’il ramasse mais je m’étonne de la rapidité et de l’exactitude de son analyse… On verra que ce n’est pas complètement un hasard!

On vérifie ensuite qu’il n’y a pas d’autres dégâts que ceux déjà constatés et qu’on ne va pas oublier des morceaux sur place, quand le camion arrive enfin, c’est un camion de location du modèle utilisé pour les déménagements. La moto est vite chargée et on repart pour rattraper la course.

J’ai pris place à l’arrière de la voiture balai et je vois que le copilote suit le road-book exactement comme nous mais il dispose d’un GPS programmé avec la bonne trace qui leur signale toute erreur … Et je vois avec satisfaction qu’eux aussi de temps en temps ils « jardinent » un peu!  Le parcours est déjà tortueux et exigeant en moto, alors en voiture ce n’est pas une sinécure. Et il faut suivre le rythme de la course donc je vois que Fred doit quand même cravacher, d’ailleurs il se plaint que la voiture est sous-motorisée. Réflexe professionnel, je travaille au bureau d’études PSA Peugeot-Citroën, je vois tout de suite que c’est la plus petite motorisation 1.6 HDi 100 chevaux, donc surement un peu juste. En tout cas 3500km à ce régime en une semaine, c’est un sacré banc d’essai pour une voiture!

Du coup ces considérations automobiles ouvrent la discussion. Je demande ce qu’ils font dans la vie. Fred m’explique qu’ils sont bénévoles pour le Moto Tour depuis plusieurs années. Et que lui il est retraité de la Gendarmerie, motard de la Gendarmerie bien sûr! Du coup je comprends mieux son expertise de l’analyse des accidents!!

Il m’explique que l’organisation du Moto Tour repose essentiellement sur des bénévoles presque tous issus de la gendarmerie ou de la police: « Si tu enlèves les flics et les gendarmes il n’y aura plus personne! ». Comme je m’étonne de cette situation, il m’explique l’historique de cette course très spéciale:

A l’origine, dans les années 60, la gendarmerie organisait un Tour de France pour former ses motocyclistes. Cette épreuve interne comportait déjà des étapes de navigation, de régularité et de vitesse. Dans les années 70, la Police qui avait dû remarquer l’excellence de la formation des gendarmes motocyclistes a demandé à participer à l’épreuve qui est devenue une sorte de challenge Police/Gendarmerie… Ambiance!

Puis la Police, institution civile, possède un moto-club affilié à la Fédération Française de Moto, le CMPN (Club Motocycliste de la police Nationale) qui a transformé cette épreuve en une épreuve sportive à part entière ouverte aux civils sous l’égide de la fédération. C’est l’âge d’or du « Tour de France Motocycliste » de 1973 à 1980, quand les plus grands champions français s’affrontaient sur les routes de France comme Hubert Rigal ou le futur ministre Christian Estrosi! En réalité la majorité des concurrents étaient des flics et des pandores.

Alors qu’il me raconte tout cela, tout devient clair: les longues liaisons avec navigation en autonomie, les étranges bases chrono qui simulent en fait une escorte de convoi qu’il soit exceptionnel, présidentiel ou carcéral, les spéciales chronométrées qui simulent l’interception des contrevenants… Bon sang mais c’est bien sûr, c’est l’entraînement du parfait représentant des forces de l’ordre. C’est fou, comme Monsieur Jourdain, sans le savoir  j’aurai au moins une fois dans ma vie joué au flic…mais dans un rôle un peu particulier!

Comme me dit Fred: « quand je suis rentré dans la gendarmerie, J’ai intégré le meilleur Moto Club du monde, et en plus c’est l’Etat qui payait l’essence! ». A l’époque, en dehors du service il s’est mis au side-car de course et il a fait plusieurs fois le Moto Tour en side-car. Il a l’air tranquille au volant de son C4 Picasso, le Fred, mais il doit bien être un peu barge à ses heures pour faire le Moto Tour en side-car. Et il ne doit pas faire semblant parce que j’apprendrai un peu plus tard par ses collègues qu’en course avec son side-car, on le surnomme Zebulon… Tout un programme!

Je questionne son collègue, plus silencieux, qui s’avère être un simple civil. Il est venu dans l’organisation du Moto Tour car il est motard et copain avec Fred. Enfin son boulot, c’est agent de sécurité, on reste dans le domaine!

Au fil de cette discussion passionnante, nous traversons le Cantal et le temps est maintenant au beau fixe. Nous sommes au pas de Peyrol, un magnifique col près du Puy Mary, que je connais très bien. Je l’ai fait avec des copains cet été et c’est justement là qu’avait germé l’idée de faire ce Moto Tour. Quel crève-cœur de faire cette route enfermé dans une bagnole, je ne me pardonne pas mon erreur. Même si elle est l’occasion de découvrir une autre face de cette course que j’ignorais complètement

réduit au rôle de passager, la voiture-balai est pour moi l(occasion d’un voyage dans le temps, aux origines du Moto Tour

On se rapproche du Puy en Velay mais la voiture-balai doit d’abord passer par les deux épreuves spéciales de l’après-midi et attendre le passage de tous les concurrents. On arrivera à l’étape qu’assez tard. Fred me propose donc d’embarquer dans le camion-balai avec ma moto qui lui ira directement au Puy en Velay. Cela me laissera plus de temps pour essayer de réparer la moto pour repartir demain dans la prochaine étape

Pierre et son camion-balai qui trouve que je gâche de la pellicule… Déformation professionnelle d’un homme de l’ombre

On croise donc le camion-balai près de Brioude (il a coupé par les grands axes). Je prends place dans la cabine du camion à côté de Jean Pierre, un ancien de la Police, plus exactement de la prestigieuse CRS n°1 qui assure la sécurité des membres du gouvernement. Pierre le chauffeur est lui un ancien du DPSD, C’est quoi ça? C’est ce que l’on appelle « la sureté militaire », officiellement aujourd’hui le DRSD, qui s’assure qu’il n’y a pas d’infiltration des Forces Armées par des éléments hostiles comme on dit doctement en langage militaire. En clair, c’est du contre-espionnage et des « boeuf-carottes », à l’intérieur de l’Armée!

Il a quitté le service avant la vague de terrorisme actuelle donc c’était plus calme. Mais il me confirme ce que j’ai toujours pensé, que le terrorisme actuel est bien issu de l’intérieur de la société française et l’Armée ne fait pas exception, il y a aussi de la radicalisation dans ses rangs. Donc ses successeurs ont du boulot! Nous poursuivons ces discussions passionnantes et plutôt inattendues vu le lieu.

Finalement vers 18h30, je rejoins enfin le paddock d’arrivée au Puy en Velay avec ma moto. Il me reste la soirée pour tenter de réparer et être prêt au départ demain à 7h30. C’est la journée circuit à Issoire et j’aimerais ne pas la rater

Coïtus Interruptus

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas: Ce Mercredi matin à Boualazac, il fait frisquet et surtout il pleut. Pas la grosse averse mais une petite bruine particulièrement traitresse question adhérence. Il va falloir être prudent!

On commence par une courte liaison jusqu’à la première épreuve spéciale chronométrée. Cette fois je pars seul dans la liaison en assurant chaque instruction du road-book pour ne pas faire fausse route et sans forcer trop la cadence  vu les conditions d’adhérence.

je pointe dans les temps au départ de la spéciale. Ce sera un chrono sur du gras mouillé bien piégeux: il faudra enrouler en souplesse sans s’emballer. Après un peu d’attente au départ, comme toujours au Moto Tour, je m’élance dans la spéciale. malgré les conditions délicates j’ai un bon feeling. Les virages s’enchainent sans pratiquement toucher aux freins. je garde la moto le plus en ligne possible en la balançant avec douceur. Je sens l’arrière glisser gentiment à l’accélération. On arrive déjà au bout: ça ne devrait pas être trop mal comme chrono, et surtout je ne me suis jamais fait peur (effectivement je ferai le 70e temps, soit mieux qu’à Toulon)

C’est donc en confiance que je pars dans la liaison de plus de 400 km à travers le cantal et l’Auvergne. Plus de 7 heures de route de prévue! on est en plein dans la difficile équation du rallye: garder de la marge mais ne pas traîner en route non plus. je trace ma route en doublant quelques concurrents. Finalement je me retrouve à rouler de concert avec Cyril, un Fran-comtois en Honda CBR 600R, une sportive bien plus puissante que ma moto mais aussi plus raide à emmener sur les routes mal revêtues que nous empruntons ce matin.

Lors d’un parcours particulièrement sinueux en forêt, sur un revêtement très dégradé, je vois qu’il n’est pas trop à la fête alors que ma Honda NC 700X est souveraine avec ses suspensions très spéciales.Nous arrivons à un carrefour avec une grosse nationale et nous n’arrivons pas à déterminer la route à prendre sur le road-book. Nous allons jardiner pendant 10 ou 15 minutes, tournant en rond, questionnant des habitants… Dans ces circonstances, au fur et à mesure que le temps passe, la tension monte et le cerveau se met à bouillir

Finalement nous trouvons la solution, ce n’était pas clairement indiqué a mon avis sur le road-book, mais tant pis c’est comme ça. Nous repartons un peu le couteau entre les dents pour refaire le retard. Je sens que Cyril a décidé de passer la vitesse supérieure et je dois m’employer pour le suivre. D’ailleurs nous rattrapons vite d’autres concurrents dont mes copains Michel et Alain de l’étape marathon. Vu les conditions piégeuses, j’hésite à lâcher l’affaire et prendre leur train beaucoup plus prudent.

Mais bon ,c’est la course, on est pas la pour enfiler des perles, et je suis peut être un peu trop euphorique… D’ailleurs j’ai un peu perdu le fil du road-book ce qui n’est pas très bon signe non plus.  Je raccroche le train de Cyril, et j’arrive dans un gauche-droite sans surprise, à part qu’il se resserre peut être un peu plus à droite  que je ne le pensais. Au changement d’angle, je bascule la moto peut être un peu brutalement… Mais instantanément, je sens un choc de ma hanche sur le sol et je me retrouve en train de glisser sur la route. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé mais ce qui est sur, c’est que je suis par terre!

Dans ces cas la, le temps parait interminable: je vois la moto glisser juste devant moi, le paysage défile et j’ai le temps de réaliser le désastre: en fait au cours de la glissade je pense tout de suite à mon bras droit et je suis plutôt rassuré car il a l’air d’aller bien!

Mais déjà je m’immobilise de l’autre côté de la route juste derrière la moto. Heureusement pas de véhicule en vue dans l’autre sens. je me relève, je me secoue les bras, les jambes, tout à l’air de fonctionner normalement, le cuir a fait son boulot! je me précipite sur la moto et je vois tout de suite que le moteur est arrêté alors que le coupe-circuit ne s’est pas déclenché: c’est mauvais signe…

Déjà 2 ou 3 personnes se sont arrêtées pour voir si je vais bien mais je les enjoint de m’aider a relever la moto. A peine relevée, je vois une longue trainée d’huile sur la trajectoire de la glissade. Mon regard se porte sur le flanc gauche de la moto et je vois le problème: le cale-pied est cassé, ça ce n’est pas grave, mais surtout le carter d’embrayage a frotté et il s’est carrément percé au niveau d’un conduit d’huile sous pression qui commande la boite automatique.

Je sais déjà que c’est mort: la moto ne repartira pas comme ça, il n’y a plus qu’à appeler la direction de course pour abandonner. Ce que je fais de suite, chance le téléphone capte un signal, et on me prévient que la voiture balai et le camion balai se mettent en route pour venir me chercher

La panne fatale: le carter d’embrayage percé.

Et voilà, en un instant tout c’est écroulé. je passe d’une douce euphorie à la déception. Je m’en veux a mort de cette faute inutile même si je sais bien que j’ai eu de la chance de ne pas me faire mal. Et ce carter d’huile percé sur une petite chute de rien du tout, quel manque de chance… j’enrage!

Autour de moi la nature est paisible, les oiseaux chantent et la pluie s’est arrêtée. J’attends que l’on vienne me ramasser et tout me parait dérisoire

Quand le travail d’équipe ne paie pas

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

Le lendemain de l’étape marathon, à Boualazac, le départ est prévu à partir de 9h00 pour une boucle d’à peine 400km. Comme, en plus, le temps est prévu au beau fixe, c’est presque les vacances!

2 collègues « solo » dans l’aire de départ. Eric, un Francilien en KTM 125 et François, un jeune retraité ancien vendeur de camions Scania

Pourtant je suis fébrile ce Mardi matin car je n’ai pas eu le temps de faire le plein d’essence la veille. Il faut donc que je le fasse avant le départ et je ne sait pas exactement ou se trouve la pompe la plus proche, un Super U situé à environ un kilomètre, d’après ce que l’on m’a dit. Cette tâche que je ferais en moins de 10 minutes en toute décontraction en temps normal, devient une incroyable source de stress a tel point que j’en renverse de l’essence sur la moto!

Finalement je serai bien au départ avec même 10 minutes d’avance sur l’horaire qui m’est assigné. Mais encore une fois, je constate que quand on fait la course, et pas du tourisme, chaque détail compte. Il faut de l’ordre et de la méthode pour pouvoir se concentrer uniquement sur le pilotage.

Quelques minutes après le départ de la première liaison, je m’arrête a un carrefour que je ne suis pas sur d’identifier sur le road-book. A peine arrêté, je vois débouler 3 motos qui prennent à droite. Malgré quelques doutes, je les suis tel un mouton de Panurge pour constater après moins d’un kilomètre que je fais fausse route, ça ne colle pas… Je fais demi tour aussi sec et les trois autres aussi, ça commence bien! Suite a ce faux départ, je me retrouve derrière le n°82, une petite KTM 390 qui est partie après moi. Son pilote emmène cette petite moto légère et peu puissante, moins que la mienne c’est dire, en enroulant de manière très efficace, avec un minimum de freinage. Son rythme me convient parfaitement et il ne fait pas d’erreur de navigation, aussi je prends sa roue.

On arrive au point stop avec un peu d’avance, ce qui nous permet de sympathiser avant le pointage au Contrôle Horaire. Yves est un bordelais qui s’essaie au rallye après un an de compétition sur piste en KTM Cup en 2015. Après le CH, nous allons aborder la première base chrono, à parcourir a 55 km/h exactement. Yves me fait part de son inquiétude car il n’a rien prévu pas même un chrono, il a seulement son compteur de vitesse d’origine, imprécis et non étalonné.

je lui explique ma méthode et je l’invite à prendre ma roue: vu qu’il part 30 secondes après moi. Il devrait minimiser la pénalité en calquant sa course sur la mienne. Du coup il me propose de faire une course d’équipe. Je m’occupe de régler la vitesse et lui fait la navigation au road-book.

Nous appliquons notre stratégie et au 6e kilomètre je suis calé pile poil a la moyenne requise de 55 km/h, quand soudain Yves me fait des signaux frénétiques et s’arrête. il a loupé un embranchement du road-book… Erreur fatale!Le temps de retrouver la trace initiale et je constate que nous avons désormais parcouru 1.2 km de trop. il faut accélérer pour rattraper notre retard. Mais pas de chance le parcours emprunte justement une minuscule route pleine de boue et de gravillons… Pas facile de rouler vite.

Les kilomètres défilent et je recalcule en permanence le temps de parcours en fonction du détour de 1.2km et de la dérive de mon compteur kilométrique. je me prends un peu pour un astronaute posant sa capsule sur la Lune en contrôle manuel!! Quand au bout de 25 km nous passons la cellule de la fin de la base chrono, nous sommes à peu près dans les temps. Nous nous arrêtons brièvement et je vois la tête inquiète d’Yves; je le rassure: j’ai contrôle le truc ça devrait passer. Et effectivement ce sera confirmé lors des résultats le soir. Je suis dans la fourchette de vitesse autorisée et Yves prendra seulement une seconde de pénalité.

Notre stratégie a un peu foiré mais on a bien rattrapé le coup! Nous sommes bien décidés à faire mieux dans la deuxième base chrono du jour maintenant que notre équipe est rodée! Mais il faut d’abord rejoindre le point stop suivant, une formalité puisqu’une pause de 30 minutes est allouée pour le déjeuner. Ce qui nous laisse le temps d’avaler un sandwich et de faire le plein d’essence dans une station de village, à l’ancienne avec un vrai pompiste en chair et en os. ça existe encore dans notre beau pays!

Et c’est parti pour la deuxième base chrono. Cette fois nous sommes réglés comme des métronomes: Yves ouvre la route en lisant le road-book et il adapte sa vitesse sur la mienne en me surveillant dans le rétro. les kilomètres défilent et nous sommes chaque fois a quelques secondes du temps idéal. On devrait scorer cette fois! A 55 km/h de moyenne sur des routes plutôt rectilignes, ça parait interminable.

Peut être que Yves d’impatiente mais il roule trop vite et vers le km 27 je le vois s’éloigner inexorablement. Imperturbable, je conserve mon allure idéale quand tout a coup il a disparu pour de bon et j’arrive a un carrefour en T avec un stop. N’ayant pas du tout suivi le road book, je n’ai aucune idée où aller. Je consulte frénétiquement le road-book mais impossible de me recaler. Je vais tourner en rond pendant un moment jusqu’à ce que des spectateurs dans un patelin me fassent signe: « ils sont par là ». je file dans la direction indiquée à tombeau ouvert et enfin j’aperçois le signal indiquant la fin de la base chrono, et un peu plus loin Yves mon coéquipier debout a coté de sa moto. je m’arrête, il m’attend depuis au moins 10 minutes! Autant dire qu’on est complétement dans les choux sur cette épreuve. En fait au moment ou je l’ai perdu de vue, il y avait une embranchement à prendre vers une route minuscule que j’ai évidemment loupée. Ne me voyant pas arriver il s’est arrêter pour m’attendre et moi je me suis perdu…

Notre belle stratégie se transforme en fiasco total et nous finirons tous les deux derniers cette fois ci. Encore une bonne leçon: en rallye il faut être autonome et ne compter que sur soi même!

Et maintenant il faut encore rejoindre l’arrivée et le temps de liaison imparti est particulièrement juste… On repart ventre à terre. On rejoint un groupe de 3 motos et je prends la roue d’une KTM 690R immatriculée en Suisse. Je reconnais une petite suissesse, vaudoise plus précisément, qui roule vite et proprement. On va se tirer une sacrée bourre pour arriver ensemble dans les temps. Un grand moment de moto!

Malgré des performances contrastées aujourd’hui, avec le jeu des différentes pénalités qui touchent les autres concurrents, je suis toujours 70e scratch. ça pourrait être pire!

Ce soir je n’ai rien de particulier à faire à part assembler le road-book du lendemain. Dans le rush des préparatifs de la semaine dernière, je n’avais pas eu le temps de préparer tous les rouleaux. Ce soir je me refais donc une séance « ciseaux et scotch ». Avec l’habitue je vais plus vite!

Et cette fois je n’oublie pas de faire le plein de la moto et de nettoyer la visière de mon casque. Pour la première fois, je vais me coucher l’esprit tranquille , fin prêt pour le lendemain

C’est comment la vie en solo sur le Moto Tour?

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

Je ne vais pas vous parler des bons plans Meetic ou Tinder pour célibataires, mais de la formule sans assistance proposée par l’organisation du Moto Tour pour ceux qui n’ont pas des copains oisifs , une épouse (ou un époux) dévouée ou un papa poule pour les suivre pendant toute la semaine.

je ne connaissais pas la formule « solo » et pour une raison mystérieuse je n’ai pas reçu le mail explicatif de Philippe l’organisateur. Donc a part une chambre d’hôtel chaque soir et le transport de mes bagages, je ne savais pas trop a quoi m’attendre. En bon cow-boy solitaire j’avais emmené des outils et des pièces pour être 100% autonome. Ce fut donc une excellente surprise de trouver des barnums avec éclairage et servantes d’outils installés a chaque étape pour entretenir nos motos, ainsi qu’une équipe de 3 ou 4 bénévoles pour donner le coup de main

Des Toulon cela m’a été bien utile pour installer mes plaques à numéros ou un récupérateur d’huile. Nous étions une quinzaine à partager cet espace ce qui permet de sympathiser rapidement et de trouver d’éventuels camarades de route pour les prochaines étapes..

A l’arrivée de l’étape marathon à Boulazac, nous avons la surprise de découvrir 3 jeunes mécanos en herbe se jeter sur nos motos pour les remettre en conditions. Camille, Marc et Alex sont trois lycéens d’une filière professionnelle « mécanique moto » qui se sont portés volontaires pour nous assister. La charmante Camille se charge de graisser les chaînes… Et je pense que jamais les pilotes ne se sont autant intéressé au bon graissage de leur chaîne!

Pour ma part, mes 2 plaques numéros arrières, insuffisamment fixées, se sont envolées en cours d’étape. Nos 3 mécanos, armés de colliers rilsan, m’ont solidement réinstallés de nouvelles plaques en un tournemain.

Dans l’état d’épuisement extrême où nous sommes tous à l’arrivée de l’étape marathon, cette assistance enthousiaste et inattendue est plus qu’appréciable. Surtout que la direction de course, toujours aussi fourbe, nous a réservé une étape secrète dès le lendemain. C’est à dire que le road-book ne nous est fourni sous forme de feuillets A4 imprimés que la veille au soir. Avant d’aller nous coucher, il nous faudra donc sortir les ciseaux et le scotch pour assembler le rouleau du road-book de demain.

Au programme il y aura aussi 2 bases chrono, ces fameuses épreuves de régularité qui consistent à parcourir une distance donnée (entre 20 et 30 km) à une vitesse moyenne aussi proche que possible de 55 km/h. La difficulté c’est que l’on ne sait pas à l’avance la longueur de la base chrono… Il faut donc coller au 55 km/h en permanence.

A ce petit jeu, chacun a sa martingale. Les plus organisés ont un appareil électronique, le Vector, qui indique en temps réel la vitesse moyenne sur le tronçon parcouru. Pour ma part, j’en étonne quelques un avec ma méthode: J’utilise seulement mon compteur kilométrique et un chronomètre! par contre je me suis calculé une table qui indique les chronos a respecter a chaque kilomètre du premier au 30e, et j’ai tapissé tous ces chiffres sur le réservoir de ma moto pour pouvoir les consulter pendant la base chrono.

Ce système est d’une utilisation très simple et très flexible, mais avec tous ces chiffres affichés, je passe tout de suite pour un matheux ou un intello… Ce qui n’est peut être pas tout à fait faux! Le seul problème que je prévois pour le lendemain c’est mon compteur kilométrique: j’avais vérifié avant la course qu’il était bien exact, avec une dérive minime, c’est pour cela que je n’avais pas installé un deuxième compteur kilométrique paramétrable type compteur vélo. Le problème, c’est que les pneus « racing » que j’emploie pour la course ont un profil un peu plus bas et donc un développement plus petit. Résultat, j’ai observé pendant l’étape marathon une dérive d’environ 100m tous les 4km par rapport au road book. ce n’est pas rien et il faudra le compenser mentalement demain!

Une fois de plus, on voit que c’est une course ou tous les détails comptent pour gagner. Maintenant il ne reste plus qu’a dormir pour récupérer au maximum. Et la, mauvaise surprise, alors que nous étions logé royalement dans un Holiday Inn à Toulon, à Boulazac nous nous retrouvons dans un hôtel « Première classe » pas de première fraîcheur. ça n’empêchera pas de dormir des motards fourbus mais ça grogne un peu chez les « solos »!

Etape marathon: le bonheur est au bout de la route

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

Avant la course, elle avait beaucoup fait parler d’elle cette étape marathon de 870km à parcourir entre le Dimanche 20h et le Lundi 17h: A chaque concurrent de gérer son temps de roulage et son temps de repos. L’équation n’est pas simple car tous les kilomètres ne sont pas égaux: 870 km d’autoroute n’ont rien a voir avec 870km de routes tortueuses, la spécialité de David Bournisien, le traceur des roadbooks du Moto Tour.

A part quelques audacieux, la stratégie adoptée était de partir au plus tot, de nuit et de parcourir le plus de kilomètres possible avant d’éventuellement se reposer selon le bon principe du « ce qui est pris n’est plus à prendre ».

C’est donc a 20h48, seulement quelques heures après l’arrivée de la première étape Toulon-Toulon que je prends le départ de cette gigantesque randonnée. Il fait nuit noire et, bien que l’éclairage de la NC700X soit tout à fait correct, une fois passée  les lumières de la ville de Toulon, l’absence de phares additionnels se fait cruellement sentir. Un trou noir apparait devant la moto des qu’ elle est sur l’angle… Et ça arrive souvent!

Heureusement je rejoins un groupe de motos qui semblent projeter un véritable mur de lumière devant elles, illuminant tout le paysage!! Je réalise que ce sont 2 BMW officielles de l’écurie Tecmas, la SX1000R de Laurent Cochet et le scooter 650 de Camille Hedelin, un pilote du championnat du Monde d’endurance venu essayer la course sur route. Inutile de dire que si ça éclaire bien, ça roule surtout très vite dans ces cols du haut pays varois!

Nous rejoignons 2 motos plus lentes que les 2 BMW dépassent rapidement. Avec ma moto peu puissante je suis incapable de les dépasser en ligne droite et je ne me vois pas leur faire l’extérieur dans la nuit noire! Ces 2 gars la ont l’air réguliers et je tiens facilement leur rythme aussi je préfère rester en leur compagnie car la nuit sera longue et il vaut mieux se ménager. Je roule intercalé entre un gros trail qui ouvre la route et un rioadster qui suit un peu en retrait

Nous sommes maintenant dans les Alpilles, et nous traversons les Baux de Provence dont on devine le paysage caractéristique dans la nuit… Drôle de façon de faire du tourisme! A chaque changement de cap du roadbook j’échange mon interprétation avec celles de mes camarades de route pour éviter toute erreur, ce n’est pas le moment de se perdre.

Après la traversée du Rhône, les routes deviennent plus rectilignes et roulantes, je prend la tête pour accélérer le rythme car il faut absolument profiter de toutes les opportunités si on veut tenir le temps imposé. Attention on ne roule pas a 200 dans le noir, ma moto n’en est pas capable de toute façon, mais disons que nous dépassons légèrement la limite légale!

Il est minuit passé et après 4h de route, nous avons parcouru à peine 200 km, et pourtant on n’a pas chômé. C’est déjà un quart du parcours si on est optimiste mais la perspective des 670km restants est assez déprimante car la douleur dans les bras se fait déjà sentir. ça va être très long.

A l’occasion d’un changement de cap, nous nous engageons dans une mauvaise direction heureusement vite détectée. Donc demi-tour immédiat, ce qui est toujours un peu délicat vu l’étroitesse des routes empruntées. De plus celle ci est bordée de deux fossés. Je suis alors victime d’une particularité de la boite automatique de ma moto: Une simple rotation de la poignée de gaz suffit a démarrer la moto, sans aucune action sur un frein ou un embrayage, ce qui peut surprendre en manoeuvre.

Lors d’un demi-tour a gauche, le bras droit est en extension sur le guidon (surtout le mien puisque je ne peut pas le tendre complètement). Dans cette position, ma main glisse sur la poignée de gaz, ca qui propulse la moto directement dans le fossé sous l’oeil médusé de mes compagnons de route. Et voilà ma moto tankée en pleine nuit dans un fossé d’herbes grasses et glissantes de presque 1m de profondeur! C’est en essayant de la sortir de ce trou que je fais plus ample connaissance avec Michel et Alain, mes 2 compagnons d’infortune qui ne ménagent pas leur peine pour m’aider. Et quelle fière chandelle je leur dois, car on a tiré et poussé longtemps avant de sortir la moto de ce fossé. C’est que la bête fait ses 218 kilos et sans eux, à cette heure , j’y serais encore. J’identifie à cette occasion leurs motos repectives: Michel etrenne une Honda 1000 Africa Twin dont je trouve l’éclairage très puissant et Alain roule en Yamaha MT-09.

Nous entrons maintenant dans l »enfer des Cevennes: les routes sont de plus en plus tortueuses et étroites. Le revêtement dégradé tape dans les bras.  La navigation est compliquée, ça tourne sans arrêt… C’est pittoresque mais on avance vraiment pas vite. Et en plus, il y a du brouillard et la température tombe autour de 2°C. On est dans le dur!

Vers la fin de la nuit, autour de 6h, on arrive dans l’Aveyron et on trouve enfin une station d’essence, autre angoisse su ces routes désertes, car la MT-09 d’Alain a un petit réservoir et elle a soif! Malgré tout le plaisir que j’ai à rouler avec Alain et Michel, et le faux pas dont ils m’ont tiré, je sens que nous roulons trop lentement pour finir dans les temps. Aussi je décide à contrecoeur de continuer seul, c’est la course!

Quand le soleil se lève enfin, je guette un bar ou une boulangerie pour boire ou manger quelque chose de chaud. Mais je suis frappé, comme tous les autres concurrents, par la desertification de ces petits villages: pas un commerce ouvert, partout des enseignes à l’abandon. Je désespère de trouver ce café salvateur quand je suis frappé par un coup de barre physique terrible: j’ai froid, pourtant j’ai mis toutes les fringues que j’avais emporté, je n’ai plus de force dans les bras et une grosse douleur au niveau des omoplates… L’arrivée de l’étape n’a jamais parue aussi loin…

Je m’arrête dans un village à côté d’une camionnette stationnée. Je salue les  deux personnes qui sont autour. Ils sont l’assistance d’autres concurrents qui dorment dans la camionnette. Spontanément ils me demandent si je veux dormir… Je n’en sais rien mais je dis oui! Il doit être 9h. Ils étendent un matelas au soleil sur le trottoir, je m’allonge dessus, ils me couvrent avec des couvertures. Qu’est ce que ça fait du bien de se relacher et de sentir un peu de chaleur. Mais je tremble comme un feuille morte, il faudra un moment avant que je puisse me détendre et m’endormir. Ils me réveillent vers 10h ou 10h30, je ne sais pas trop mais je me sens beaucoup mieux. Tellement mieux que je reprends la route avant qu’ils aient fini de préparer du café!

Je ne connais pas mes bienfaiteurs mais encore une fois ils m’ont sauvé la mise. ce court sommeil m’a complétement requinqué! Et c’est quand même plus facile de naviguer de jour. Le rythme remonte et les 600 km sont dépassés avant midi. On peut le faire et on va le faire!

Voila que j’ai été imprudent sur le ravitaillement en essence, je suis sur la réserve en pleine pampa, sans la moindre pompe a essence à l’horizon. Et une fois encore je tombe sur une autre camionnette d’assistance, celle d’un side-car Voxan! J’explique ma situation et généreusement ils me versent quelques litres du précieux liquide en m’expliquant ou se trouve une station à proximité. Je n’ai pas d’autre choix que d’y aller et de sortir du parcours… Encore des kilomètres en plus.

Nous voilà enfin en Corrèze et en Dordogne, on est plus très loin du but mais le road-book diabolique nous fait tourner un peu en rond dans la campagne. Nous sommes nombreux a « jardiner » comme on dit dans le jargon lorsqu’on a perdu la trace de l’itinéraire et que l’on sillonne le terrain pour retrouver un repère connu. Avec la fatigue accumulée, cette recherche est très dure pour les nerfs! En prime les routes sont devenues boueuses et gravillonnées… Je dois m’arrêter de plus en plus souvent pour ne pas me tromper. C’est l’épuisement, tout simplement!

Bien sur c’est dans ce labyrinthe que sont placés plusieurs controle de passage. Heureusement je n’en loupe aucun (sinon c’est 3 minutes de pénalité à chaque fois).. Et enfin vers 17h, après plus de 940 km de route,  je touche au but et ça parait presque irréel. Dans les derniers kilomètres je ressens la pression de finir au plus vite alors que j’ai pourtant près d’une heure d’avance sur l’horaire imparti. Et ainsi à l’approche de l’agglomération de Boulazac je dépasse inutilement pas mal de voitures un peu « à l’arrache »…

ça y est, je passe le controle horaire d’arrivée et c’est comme une libération. . Je l’ai faite cette étape, la dernière partie en solitaire, dans les temps et en passant par toutes les cases de l’interminable road-book. On peut trouver ce challenge inutile ou idiot mais pourtant je ressens une satisfaction intense de l’avoir fait, et c’est le cas de tous les autres concurrents qui pointent à l’arrivée.

Le bonheur est vraiment au bout de la route!

Mais décidement je suis tricard sur ce Moto Tour,. Le  soir en consultant le classement, je vois que je suis pénalisé d’une minute. Après protestation à la direction de course, il s’avère que je suis pénalisé pour franchissement de ligne blanche… Je suis vert car j’en ai vu des concurrents franchir des lignes blanches et pourtant je suis le seul pénalisé!

C’est sans doute mes inutiles dépassements « à l’arrache » à proximité de l’arrivée qui ont été observé par la « Patrouille de Surveillance Routière » qui assure la sécurité du rallye. Les fameux PSR  sont des policiers motards qui nous surveillent sans nous  verbaliser mais en nous infligeant  des pénalités sportives..

J’ai sans doute servi de « bouc émissaire ». Décidement je ne maîtrise pas encore toutes les subtilités du rallye routier

A l’arrivée, je réalise aussi que je n’ai pratiquement rien mangé pendant ces 20 heures de route. Mais je me suis bien rattrapé le soir à la popote du Moto-Tour

Réveil difficile au Puy en Velay

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

De retour après un trop long silence, c’est la mort dans l’âme que je vous annonce mon abandon du Moto Tour 2016. J’ai reçu plusieurs messages de lecteurs qui s’inquiétaient de ne plus me voir apparaitre dans les classements en ligne depuis avant hier soir. Rassurez vous je vais très bien mais ma moto un peu moins… Ce qui est la cause de mon abandon.

Vraiment désolé de ne pas avoir répondu plus tot mais les 2 derniers jours ont vraiment été intenses pour éviter à tout prix cet abandon. Mais restez connecté, car il s’est passé pleins de choses pendant ces derniers jours qui m’en ont sans doute appris plus sur cette course et son organisation que si j’avais poursuivi mon parcours de concurrent « normal ». Et j’ai désormais le temps de vous les raconter!

Il est donc bien trop tot pour faire le bilan de cette course avortée. Reprenons plutot le fil des évènements là ou nous les avions laissé le Dimanche soir à Toulon!

Mon Moto Tour commence très fort

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

Tellement fort, que je n’ai eu absolument pas le temps de vous écrire pendant ces 3 premeirs jours. Entre le programme dantesque, les aléas de préparation, l’absence de connection WiFi, c’était just impossible. Ce matin je me suis lever un peu plus tot pour vous écrire au moins un petit mot.

Du coup, il s’est passé tellement de choses que je ne sais pas par ou commencer!

Le contrôle horaire du départ

Dimanche matin, c’est quand même avec une grande satisfaction  que je me suis présenté au départ,car c’est déjà une petite victoire d’être prêt pour une course aussi compliquée…  mais aussi avec un peu de stress. Avec mon n°120, j’étais le dernier partant ce qui s’est révélé un avantage car je partais juste avant les participants au « Tour dans le Tour », c’est à dire les sudistes qui se sont inscrit uniquement à la journée toulonnaise de ce Dimanche. Connaissant le coin par cœur, ils roulent comme des balles et m’ont rapidement rattrapé. J’ai pu prendre la roue du 203 qui s’est révélé être un rallyman aguerri en Husqvarna 900 Nuda.

A partir de ce moment je n’ai pas eu de problème de navigation même si je prenais bien soin de vérifier mon road book au cas ou. Pour une mise en jambe c’était parfait surtout qu’il faisait grand beau. En le suivant dans la liaison j’ai réalisé le grip incroyable de ces routes du Sud. Sur le sec on peut prendre des angles incroyables, j’apprécient aussi les réactions des pneus, inconnus pour moi.

L’attente avant le départ de la première spéciale chronométrée au Mont Faron

C’est donc dans les meilleures conditions que je me suis pointé à la première spéciale du Mont Faron. Je fais dans les 80e et je ferai pareil au 2e passage ce qui correspond a mon niveau à ce stade. Il y avait une partie en descente qui faisait vraiment peur. Il yavait une 3 spéciale, Mazaugues, très rapide mais avec des trajectoires compliquées… Je n’y ai rien compris et j’étais tout le temps a contre-temps… ça s’est confirmé sur la feuille de résultat: 94e!

Au dernier controle horaire on me dit que mon transpondeur (la cellule elctronique distribuée par l’organisateur pour prendre les temps) ne fonctionne pas. Sur le coup cela m’énerve beaucoup et me désole, j’ai couru pour rien. Heureusement à l’arrivée a Toulon on m’a rassuré que tous mes chronos avaient été relevés manuellement. Et au bilan de la journée je suis 77e car je ne prend pas de pénalité!

Vraiment une très bonne première journée, avec une super ambiance avec les toulonnais. Mais j’avais fait le plus facile, seulement je ne le savais pas encore

On entre dans le vif du sujet

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

Ce matin, en me réveillant vers 8h00, je découvre sur mon téléphone un SMS de la SNCF qui m’annonce que, suite à un incident en gare de Bercy, ma moto ne sera disponible à Toulon qu’à 11h00 (au lieu de 9h00). ça commence bien!

Cela me laisse un peu de temps pour régler quelques petits problèmes de dernière minute. Coudre le badge « Moto Tour 2016 » sur ma combinaison, ça tombe bien ma cousine fait de l’équitation et elle a des aiguilles spéciales pour le cuir, acheter des colliers au Castorama pour accrocher mes plaques a numéros…

Une autre angoisse de dernière minute était ma licence FFM qui n’était toujours pas validée par la Fédération Vendredi. EN fait, il manquait la validation de mon motoclub… dont le président n’est autre qu’un de mes collègues de bureau qui était justement cette semaine en déplacement en Espagne. De retour Vendredi, il a pu la valider in extremis.

C’est donc fin prêt que je récupère  la moto à la gare de Toulon, pour rejoindre ensuite la parc d’assistance situé sur l’esplanade du Mourillon, devant les plages de Toulon. Comme on pouvait s’y attendre, l’espace est fortement sécurisé avec contrôle et fouille à l’entrée. Au contrôle administratif tout se passe bien, mon nom est connu et je suis rapidement enregistré: je reçois mes pass et les numéros à coller sur la moto. Cette fois on est dans la course

Je rejoins le parc d’assistance des « solos », les engagés sans assistance justement. Quelques tentes, un camion équipé et des tapis « écologiques » pour les motos il y a tout ce qu’il faut à disposition. Je peux également déposer mes sacs qui seront transportés vers l’hôtel, en l’occurence l’Holiday Inn de Toulon.

Quand je demande comment nous nous rendrons l’hôtel le soir, Philippe l’assistant des « solos » me regarde étonné: « he bien en moto bien sur ». Et c’est moi qui suis étonné car normalement en rallye après les 2h d’assistance autorisées, les motos sont mises en parc fermé et on ne peut plus y toucher jusqu’au départ du lendemain. Ce qui peut occasionner pas mal de stress. J’apprends que depuis 2 ans, il n’y a plus de parc fermé en rallye. Chacun garde sa moto pendant toute l’épreuve. Tout de suite ça détend l’atmosphère… Décidément toutes les vieilles valeurs se perdent, les jeunes ne connaitront jamais le « vrai » rallye. Je plaisante mais ce qui me frappe c’est justement la quasi absence de jeunes parmi les concurrents. Encore une fois je constate que la moto est un sport de vieux. On rencontre plus de cinquantenaires que de moins de 25 ans, plutôt inquiétant pour le futur de notre passion

J’ai trouvé une charmante assistante pour coller mes numéros

Il me reste à coller les numéros et les tickets sous la moto, ça fait tout de suite plus course, avant de rejoindre le contrôle technique. Il faudra faire la queue toute l’après midi, heureusement il fait beau et c’est l’occasion de faire connaissance avec d’autres concurrents, de parler un peu du parcours de demain. Le contrôleur est un peu surpris de voir mon frein avant sur la poignée gauche de la moto. J’explique mon handicap et l’adaptation que j’ai faite. Il me félicite et m’encourage, ça fait toujours plaisir. ce sera la même chose au contrôle médical, je reçois les encouragements du médecin de l’épreuve.

La queue avant le contrôle technique

Au terme de cette journée ou il ne se sera pas passer grand chose, mais qui aura permis de vraiment rentrer dans l’atmosphère de la course, il est temps d’assister au briefing des pilotes a 20h00. En présence de Dominique Sarron, parrain de l’épreuve et vainqueur en 2003 et Marc Fontan, directeur du Moto Tour, on nous rappelle les règles sportives et de sécurité. Et le programme du lendemain: une boucle courte autour de Toulon avec 3 spéciales chronométrées.

Le briefing pilote

Je ne me sent pas encore chaud, il faudra aborder cette étape avec calme et circonspection. On verra demain, l’heure de mon départ est fixée a 10h48 min 30 sec

Enfin à pied d’oeuvre

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

Ce samedi matin, je suis bien à Toulon mais encore en approche du  parc d’assistance du Moto Tour. ça se précise mais on y est pas encore…

Pour reprendre le fil des évènements, j’ai quitté mon boulot vers 16h00, soit déjà 30 minutes de retard sur mon planning. Or c’est bien connu le temps perdu ne se rattrape jamais, donc c’était parti pour une après midi de stress.

Surtout que ce Vendredi après midi la pluie s’était invitée sur Paris, bien la dernière chose dont j’avais besoin pour rejoindree la gare de Bercy avec une moto chargée.

A 17h30, je suis enfin prêt à partir avec une moto qui semble plus arnachée pour un tour du monde que pour une course de vitesse! Ce sont les contraintes de la formule « sans assistance » qui font aussi le charme de l’aventure. Il me reste une heure pour rejoindre la gare de Bercy à travers les bouchons du Vendredi soir. Ce n’est pas le moments de faire des imprudences, plus que jamais il faut « se hâter lentement »

A 18h20, j’y suis et le chargement sur le train pour Toulon n’est qu’une formalité. L’agent SNCF me précise quand même: »C’est bon vous êtes la dernière moto pour Toulon, on peut boucler l’embarquement. » Tout est dans le timing!

La course continue pour rejoindre la gare de Lyon en métro avec ma pile de bagages. Mais ça va le faire, dans le hall de la gare le train est annoncé à l’heure et un quart d’heure avant le départ je suis devant ma voiture de TGV avec ma pile de bagages. Les gros sac noir, c’est les fringues, le sac vert c’est la combinaison de moto, le petit sac noir Continental c’est la boîte à outils et j’ai un petit sac a dos bleu pour tous les documents administratifs, les road books et l’ordinateur pour communiquer avec vous.

Quand j’ai acheté mon billet de train en tarif Preum’s, il  y avait une offre « 1ere classe pour 1 euro de plus » et j’en avais profité. Au moment de m’installer dans le train ,je me dis que c’est la meilleure idée que j’ai eu dans toute la préparation de ce Moto Tour!! C’est cool d’avoir un peu de place et de confort, tellement cool que je vais dormir pendant les 4 heures du trajet.

A l’arrivée à Toulon, j’ai du mal à sotir de ma torpeur, mais à peine hors la gare je vois ma cousine Catherine et son mari qui m’attendent, ils habitent dans le coin  à l la Cadière d’Azur. Ca fait du bien d’être pris en charge de temps en temps.

Le réveil est fixé à 8h00 pour Samedi. Il est temps de continuer à rattraper le sommeil en retard

Veillée d’armes

Benoit Lacoste
Benoit Lacoste

C’est déjà le dernier soir avant le grand départ. Autant vous dire que je ferai court car je dois tout boucler ce soir

Au moins la moto et les documents administratifs sont prêts. Mais j’ai encore un gros tas d’affaires étalées dans mon salon. Ou plutôt plusieurs tas: d’un côté les fringues, par là les outils et les pièces de rechange, par ici les équipements de protection… Il ne reste plus qu’à mettre tout ça dans le sac. Pas sûr que ça rentre!

Il faudra bien car demain matin je vais bosser comme d’habitude. mais j’ai prévenu qu’à 15h30 je mets les voiles, direction Gare de Bercy pour déposer la moto puis gare de Lyon pour poser mes fesses dans le TGV pour Toulon.

Un dernier mot sur la moto. Chez UrbanMoto, Gilles a remonté la fameuse fourche ainsi que les pneus de course et un nouveau  disque de frein avant. Quand je suis rentré a la maison, pas question de faire des fantaisies, de nuit avec des freins et des pneus neufs. Mais ces 15 kilomètres m’ont suffi pour entrevoir les qualités de cette nouvelle suspension avant. Sur les portions de route dégradées (et il n’en manque pas en Ile de France), là ou ça tabassait gravement, maintenant ça passe comme dans du beurre! Les roues ne décollent plus d’un poil.

J’ai hâte de tester ça en vrai