Perdus dans le désert, à la recherche de Khovd…


bdumontet

Retour vers Tolbo
Le lendemain matin, debout 7h30. Après une rapide collation, le filles plient les tentes et rangent le campement. Les hommes en profitent pour contrôler les motos : Niveaux d’huile, pression des pneus, état des fixations des valises et des soudures du cadre misent à rude épreuve sur la tôle ondulée (Voir la vidéo).
Mais où est Deluun ?  Où est Bayan Enger ?
Après discussion, il faut se rendre à l’évidence, nous sommes perdus !
Que faire ? Continuer ou Faire demi-tour ?
Le soleil darde ses rayons. La sueur coule sous nos casques brûlant. La chaleur nous écrase. Nous avons presque épuisé nos réserves d’eau et de nourriture.
Par mesure de sécurité, nous décidons alors de rebrousser chemin.
Trois heures plus tard, Michel chute à nouveau, heureusement sans gravité. Nous l’aidons à relever sa machine.
« Oh, regardez à gauche ! s’écrie Monique,
– Qu’y-a-t-il ? réplique tout le monde.
– Regardez, une maison, là-bas ! »
Arrivée à DeluunNiché au pied d’une colline, nous distinguons en effet un minuscule hameau.
Michel décide de rester sur la piste pendant que Max et moi prenons la direction de ces habitations pour nous ravitailler.
Le hameau de DeluunNous arrivons devant quelques maisons prolongées par leurs étables et protégées par une barrière faite de crêpes de bouses de yak séchées.
Des maisons simples aux formes carrées blanchies à la chaux qui rappellent les habitations du désert marocains faites de pierres et au toit bas et plat.

Au son de nos motos, deux jeunes mongoles viennent à notre rencontre et après les salutations d’usage, nous invitent à rentrer chez eux.
C’est par une petite porte étroite et basse surmontée d’un fenestron que nous pénétrons dans la pièce à vivre.
La maîtresse de maison nous accueille entourée par son deuxième fils et sa fille.
Nous nous asseyons autour d’une table basse chargée d’assiettes remplies de gâteaux, biscuits secs et bonbons.
Là encore, l’hospitalité mongole n’est pas une légende.
Tout en savourant notre thé au lait salé et en dégustant les biscuits maison, nous avons tout loisir de découvrir un intérieur mongol sédentaire.
Au sol, un simple gerflex. Au centre de la pièce trône le poêle traditionnel fonctionnant à la bouse de Yak séchée. De simples étagères creusées à même les murs contiennent toutes les richesses de la famille. Un rideau sépare la pièce principale d’une chambre. Deux petites ouvertures éclairent l’intérieur frais l’été et chaud l’hiver.
Seuls la parabole, un panneau solaire pour l’électricité et la moto garée devant, nous rappellent le 21ème siècle.
La maman nous montre fièrement un tableau contenant les photos de sa famille.
Pendant ce temps, l’un des fils remplit nos outres d’eau potable. HongThinh, partie dans la maison voisine fait l’acquisition de fromages et de lait de chèvre.
Avant de partir, nous demandons :
« Où sommes-nous ? en dépliant la carte.
– Deluun, répond-il
– Deluun ? dis-je surpris.
– Yes, yes en nous montrant un point sur la carte.
En fait, nous étions cinquante kilomètres plus au sud que nous pensions !
– Mais pour aller à Khovd ? je montre la ville sur la carte.
Le jeune homme nous fait comprendre que la piste pour aller à Khovd ne passe pas par Bayan Enger mais par Tolbo !
Nous voilà repartis à la case départ…
Touchés par leur accueil, nous glisserons discrètement quelques billets sur la table.
Nous enfourchons nos motos. Pas facile de faire demi-tour dans un champ de pierres avec nos machines surchargées.
Max perd l’équilibre et chute lourdement sur le côté. Le temps d’intervenir, les jeunes mongols accourent et l’aident à se relever.
Max me rejoint.
– Tout va bien Max ?
– Oui tout va bien, allons rejoindre Michel et Maryse.

Vers Tolbo

Du sel sur la piste

Cinq minutes plus tard, le groupe reformé et désaltéré repart vers Tolbo.
Arrivés sur place, nous cherchons un change.
Une jeune mongole nous entraine dans l’arrière boutique d’une épicerie pour échanger nos euros contre des tugriks.
Nous en profitons pour faire quelques courses mais les rayons sont surtout chargés de bonbons, sucreries et produits divers lyophilisés. Nous repartons avec de l’eau, des biscuits, des Mars, des boites de sardines et du pain blanc.
Le plein d’essence fait, nous reprenons la piste tant redoutée.
Tôle ondulée, graviers, cailloux, piste défoncée, sable mou sont encore notre menu du jour. Notre vitesse voisine entre 10 et 30 km/h.

La piste monte, descend et serpente entre les montagnes au sommets enneigés.
Des chevaux sauvages traversent tranquillement un névé en contre-bas. Leurs robes luisent sous les rayons d’un soleil reflétés par la blancheur de la neige.
Vingt kilomètres plus loin : horreur, un torrent barre notre route !
Les trois motos s’arrêtent. Tout le monde descend.
Impossible de contourner cet obstacle. Quelque soit l’endroit ou notre regard se porte : De l’eau, de l’eau, de l’eau… Aucun passage pour traverser.
L’heure tourne, le soleil va commencer à décliner.
N’ayant aucune autre solution, soudain Max crie « Et merde, j’y vais ! »
– Les filles, venez m’assurer dit-il en s’élançant dans le gué à une allure d’escargot.
Ni une ni deux, les trois filles se retrouvent au milieu, de l’eau jusqu’aux genoux, entourant Max pour l’aider à garder l’équilibre.
Au début tout se passe bien, le passage ne paraît pas profond et le courant pas très fort.
Soudain, la moto s’enfonce dans un trou jusqu’aux cylindres.
Max a du mal à retenir sa machine qui glisse sur une pente recouverte de galets.
Maintenant, lui aussi a les pieds dans l’eau gelée.
On tire, on pousse, on retient… Soudain, quelques coups d’accélérateur salvateurs l’éjecte de l’ornière. Les filles, surprises par cette accélération inattendue, se retrouvent  déséquilibrées éclaboussées et manquent de peu un joli plongeon.
Max a rejoint l’autre rive.
Premier challenge réussi, plus que deux motos à faire passer.
Les bottes remplies d’eau, le jean mouillé jusqu’aux genoux, les filles assurent courageusement le passage des deux autres motos avec succès.
Après avoir fièrement passé ce gué, il est temps de se remettre au sec !
Assises par terre, les filles enlèvent bottes, chaussettes et jean avant que j’ai le temps de leur dire :
« Les filles, si j’étais vous, je ne me changerai pas. Il pourrait y avoir d’autres gués à passer »
Les nanas frigorifiées et l’air déconfit répondent en cœur : « Tu crois ? »
A cet instant, un 4×4 autrichien s’arrête admiratif de notre roadtrip et nous prévient qu’il y a encore deux gués à passer !
Dépités, à quoi bon se changer, nous prenons notre courage à deux mains, enfourchons nos motos les pieds et vêtements trempés.
Sur cette piste, les camions et voitures surchargées croisées, franchissent avec facilité tous les obstacles, nous laissant songeurs… Quelques fois, quatre roues à du bon.
La fatigue, le froid et la faim nous gagnent. C’est un peu angoissés que nous nous dirigeons inexorablement vers le deuxième gué cinq kilomètres plus loin, nous bivouaquerons après.
Au détour d’un virage, surprise voici le deuxième gué.
Michel s’exclame : « ça un gué ? »
– Pourquoi ? lui répond Max.
– Y a presque pas d’eau !
Nos roues franchissent gaiement ce petit torrent coupant la piste et allant se perdre dans la vallée.
Quelques kilomètres plus loin une grande plaine bordée de montagne nous invite à planter nos tentes au cœur d’un paysage magique.
Michel et moi allons chercher de l’eau au torrent pendant que Max et les filles s’affairent au montage du campement.

De retour, Michel filtre l’eau grâce à sa pompe Katadyn Vario.

Maryse fabrique un étendoir pour faire sècher le linge de toute l’équipe et Max  préparent le festin bien mérité du soir. Au menu : Pâtes à l’eau sur un lit de maquereaux accompagnées d’un thé ou d’un café lyophilisé et biscuits secs.

Deux enfants mongols observent de loin nos allées-venues.
Puis, le garçon âgé d’une dizaine d’année suivi par sa petite sœur courant derrière lui, descend de la colline sur son vélo près de notre campement.
Intrigués, ils nous regardent les yeux remplis de points d’interrogation.
Le gamin montre son vélo. La chaîne est bloquée et Max et moi nous n’arriverons pas à la décoincer. Le garçon prend la chaîne à pleines mains et ne cessera de la secouer jusqu’à ce qu’elle cède et retrouve sa place. Admiratifs devant tant de pugnacité, ils repartiront avec quelques bonbons et biscuits.
Après ce petit interlude, épuisés par cette journée chargée en évènements, nous nous retrouvons fatigués mais heureux autour de notre repas avant de rejoindre les bras de Morphée.
Ce deuxième jour de camping sauvage se vit comme un enchantement où l’on retrouve les vrais valeurs de la vie en parfaite communion avec la nature.

Au loin, des troupeaux de moutons, de chèvres et de yaks guidés par des bergers fantômes se rassemblent pour regagner leurs étables. Les ombres s’allongent, le soleil décline annonçant une nuit fraiche éclairée par un ciel tapissé de myriades d’étoiles.
A suivre…
Sur la route de Tolbo

Départ de Ölgyi direction Khovd –

Citation

Rencontre avec des chameaux

Rencontre avec des chameaux

Il faut vous dire que tout dans cet hôtel est assez précaire.
Les salles d’eau font partie intégrante des toilettes. Un lavabo étroit face à la cuvette des wc et dans le coin, un  petit  tuyau relié à un pommeau de douche accroché au mur. L’eau s’écoule directement sur le sol.
Dans notre chambre, la télé (vieille et à tube cathodique) fonctionne grâce à deux fils dénudés enfoncés directement dans une prise murale à moitié cassée.
Mais le prix est raisonnable…

Pendant que je range nos affaires…
« Boum ! Boum ! Boum ! » un bruit sourd résonne dans la cloison.
Monique sort de la douche et dit :
« C’est quoi ce ramdam ? »
Au bout d’un moment, une voix grave sort du mur :
« Bruno, Bruno, tu es là ? Tu m’entends ?
– Oui, qu’est-ce qui t’arrive Max ?
– On est coincé dans notre chambre, la clef ne fonctionne plus !
– Ok, j’arrive. »
Je sors et vais secouer vigoureusement la poignée de leur porte pour tenter de la décoincer. Après plusieurs tentatives, rien à faire !
Max : « Je te jette la clef par la fenêtre (du premier étage) et tu m’ouvres par l’extérieur. »
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Mais cette nouvelle tentative se révèle sans succès. Il va peut-être falloir défoncer la porte…
J’insiste encore et enfin, la serrure cède. Nos deux prisonniers se retrouvent libres comme l’air.
Une partie des portes avait été visiblement forcée et rafistolée avec les moyens du bord.
« La journée commence fort, dis-je, comment sera la suite… ? »

Après un rapide petit déjeuner fait de thé et de biscuits, toute l’équipe va faire le plein d’essence à la dernière station avant de quitter la ville.
Depuis longtemps, nous ne trouvons plus de 98 sans plomb. Le 95 devient une denrée rare et les stations ne proposent plus que du 92 ou du 88 sans plomb. Comment vont se comporter nos moteurs ?

Sortie Olgyi

Sortie Olgyi

Sortie Olgyi

Sortie Olgyi

A la sortie d’Ölgiy, une route bien pavée nous attend.
Nous traversons de magnifiques paysages illuminés par un soleil radieux pendant quelques dizaines de kilomètres.

Le lac de TolboDans le creux d’une immense plaine lunaire apparaît le lac de Tolbo bordé de hautes montagnes au sommets enneigés.

Le village de Tolbo

Le village de Tolbo

Cette immensité désertique nous enivre et nos yeux buvards ne se lassent jamais d’absorber tant de beautés inconnues.
Du sable encore du sableCe bonheur est de courte durée. Soudain, la route s’arrête et fait place à une piste rectiligne très sablonneuse où les pierres et le gravier se jettent sans vergogne sous nos roues. De nouveau,  la tôle ondulée malmène montures, pilotes et passagères.
La piste nous entraîne maintenant en fond de vallée.
« Enfin, plus de tôle ondulée et de pierres, dis-je; seulement du sable dur, on va pouvoir rouler !
– Merde, merde, merde ! crie Max qui dérape devant nous. »
Sa moto devient incontrôlable. Impossible de la dompter. Il se retrouve perpendiculaire à la piste, enlisé jusqu’au sabot moteur mais toujours « fier comme Artaban » sur sa monture et s’écrie : « Whaou ! je ne suis pas tombé ».
Michel et moi étant dans la même zone de sable mou, impossible de béquiller pour aider Max à sortir du sable.
C’est à la sueur de leur front que les filles réalisent ce premier sauvetage. Elles  vont pousser, tirer les 350 kg de la moto jusqu’à ce que celle-ci retrouve le droit chemin.
Un petit incident qui ne nous décourage pas et c’est avec confiance que nous reprenons la piste.
A quelque distance de là, un banc de sable mou me fait perdre à mon tour le contrôle de ma moto.
Elle fait une violente embardée, part en travers, glisse et comme Max je me retrouve perpendiculaire à la piste. Monique se colle à moi, j’accélère à fond et contrebraque. Après un temps qui nous semble infini, la moto obtempère et la chute est évitée.
Ma femme me dit : « Chapeau mon chéri, super récupération artistique ! »
Chute de Michel et MarysePaf ! Quelques mètres plus loin, la moto de Michel et Maryse se couche dans le sable. Heureusement pas de bobo.

Les filles à l'aide

Les filles à l’aide

Deuxième sauvetage par les filles.
La piste étant très piégeuse, nous décidons de nous relayer pour servir de « fusible » aux autres 😉
En tête, j’avertis à travers mon Scala Rider des dangers de la piste. Et pendant des jours et des centaines de kilomètres raisonneront ces mots : « C’est mou, c’est mou, attention, à droite, non à gauche, ici tôle ondulée, merde, c’est très très mou. Non, finalement ça passe plutôt pas mal… » Et en écho : « Ok, merci… »
Malheureusement, cela n’a pas éviter la deuxième chute de Michel et Maryse. Cette fois-ci, la cheville de Maryse n’a pas été épargnée. Finalement, plus de peur et de souffrance que de mal. Un coup de « strap » et ça repart.

Chute Monique et BrunoRepaf ! Magnifique chute de Bruno et Monique qui ne veulent pas être en reste. La moto est couchée sur le flanc, rien de grave.
La chaleur nous écrase.  Nous avançons à la vitesse d’une tortue entre 5 et 25 km/h.
« A ce rythme là, nous ne sommes pas prêts d’arriver à Khovd, dis-je dans mon communicateur… silence approbateur.
– Décidément, cette piste est trop dure et dangereuse, répond Michel.
– Arrêtons-nous pour voir si on peut prendre un autre chemin, réplique Maryse. »
C’est vers 14h, fatigués, découragés, ayant faim et soif que nous nous arrêtons pour consulter carte et GPS.
Le village de Tolbo étant à proximité, la majorité décide de quitter la piste principale pour s’y rendre et s’approvisionner en eau et en nourriture.
Nous bifurquons à droite et après quelques centaines de mètres retrouvons une piste en partie goudronnée.

Enfants de Tolbo

Enfants de Tolbo

Le vrombissement de nos motos dans ce village perdu ne passe pas inaperçu.
Tolbo ressemble à un petit hameau marocain perdu dans le désert où soudain, des enfants sortis de nulle part viennent à notre rencontre. La nouvelle de notre arrivée se répand comme un feu de prairie.
Attroupement à TolboA peine garés pour chercher à boire et à manger qu’ un attroupement de jeunes et vieux Mongols tels des abeilles viennent tourner autour de nous.
« Tout le village s’est donné rendez-vous pour nous voir, dit HongThinh.
– Ouais, on a l’impression d’être des « E.T. » débarqués de je ne sais quelle planète, lui répond Monique. »
Dans leur regard semble briller un gros point d’interrogation : « Etranges, ces
bipèdes habillés comme des cosmonautes. Que nous veulent-ils?
D’abord, ils ne parlent pas notre langue et gesticulent comme des sauvages… »
Après un temps d’observation, le climat se détend et tout le monde parle. Certains veulent grimper sur les motos pendant que d’autres enfilent nos casques et sont intrigués par nos communicateurs et nos coussins de selle…
Nous leur expliquons le but de notre aventure grâce à la carte de notre roadtrip collée sur nos topcases.
Michel part en quête d'huileMichel se fait embarquer sur la moto d’un jeune mongole à la recherche d’huile pour nos machines.
A son retour, on nous emmène dans un restau impossible à trouver pour des étrangers.
C’est avec efficacité que notre hôte compose en deux temps trois mouvements, soupe aux raviolis de mouton ou de bouc (nous ne saurons jamais), nouilles et crêpes grasses parsemées de viande accompagnés de la boisson traditionnelle : Thé au lait salé.
Repus par ce repas inattendu, nous quittons le restaurant en emportant quelques crêpes en réserve.
KazakUn géant Kazak chaussé de hautes bottes de cuir, vétu d’un long manteau en astrakan fermé par une grosse ceinture et coiffé du traditionnel chapeau mongol nous barre la route.
Son regard aux yeux incroyablement bleu translucide nous fige sur place. Il s’approche sans un mot, plaque chacun de nous sur sa poitrine. Prisonniers de ses bras d’acier, nul n’ose s’y opposer tant la surprise est grande.  Non seulement content de nous étreindre, il nous gratifie alors d’un tendre baiser bien aromatisé… sur les joues.
Une seule chose comptait : Se libérer de son étreinte pour sentir à nouveau l’air pur emplir nos poumons. En un mot, il sentait bon le bouc chaud et les relents d’alcool.

Motard mongolAprès ces effusions bien sympathiques, nous retrouvons la rue et les badauds. Un vieux motard mongol nous attend. Fier de nous montrer sa vieille moto russe datant des années cinquante, il nous propose de faire quelques photos avec lui.

L’heure tourne, pas facile de quitter ces gens accueillants aux sourires avenants.
La nouvelle direction prise pour éviter la piste principale si difficile nous oblige à faire étape à Bayan Enger avant d’atteindre Khovd.
Nous interrogeons les hommes qui se trouvent à nos côtés :
« Où se trouve Bayan Enger ? Je pose la question au vieux mongol à la moto russe.
– Par là ! Il  me montre du doigt une piste qui se perd dans les montagnes. »

A la station essence

A la station essence

A la sortie du village, nous faisons le plein à la seule station d’essence. A côté, trois jeunes hommes se prélassent dans une petite cahute en bois, à l’abri du soleil.
Nous nous dirigeons vers eux pour avoir confirmation de la direction à prendre.
Bayan Enger , c’est par là ? demande Michel en montrant la piste indiquée par le vieux Mongol. L’un nous montre une piste à droite, l’autre à gauche et le troisième au milieu.

Quelle piste choisir ?Devant tant de confusion, dépités, nous prenons la piste du milieu.
Tous les chemins mènent à Rome pourquoi pas à Bayan Enger !
Si l’entrée du village nous avait laissé quelqu’espoir de goudron pour la suite de notre voyage, la sortie du village nous a convaincu qu’il n’en serait rien.
Sortie de TolboLes trois motos alignées face à cette immensité ne trouvent que du sable et de la tôle ondulée à perte de vue.
Seulement cinquante kilomètres pour arriver à Bayan Enger, nous devrions l’atteindre ce soir pour y dormir.
Les heures défilent, nous roulons sur une piste de plus en plus difficile. La fatigue nous gagne. Après cinq heures de route, toujours pas de Bayan Enger à l’horizon.
Michel s’arrête pour faire un point sur la carte et le GPS.
Rencontre avec cavaliers mongolsTrois cavaliers mongolsLe bruit d’un galop résonne dans la plaine. Face à nous, arrivent trois cavaliers mongols qui s’arrêtent.
Intrigués par notre présence dans ce désert, ils sont curieux de savoir d’où nous venons et où nous allons.
Michel demande notre cheminPendant que Michel explique et demande le chemin, l’un deux nous propose de comparer sa monture avec les nôtres. Les filles profitent d’un moment de détente inattendu où rires et joie effacent momentanément fatigue et courbatures.

HongThinh sur un cheval mongol

Baptême de cheval pour HongThinh

Au tour de Monique

Au tour de Monique

Le cheval mongol est une race de petit cheval de selle très ancienne. Petit et trapu, de robes bai, alezan ou pie alezan. Il est classé dans les poneys.

Revigorés par la chaleur de cette rencontre, nous repartons confiant d’atteindre notre destination.
Le temps s’écoule…
« Toujours pas de Bayan Enger à l’horizon, dis-je.
– Ouais, on roule depuis neuf heures, répond Max. Je suis fatigué.
– Nous aurions déjà dû passer à côté du village de Deluun, ajoute Maryse.
– Arrêtons-nous pour faire le point, dit Michel. »
Il nous montre un point sur la carte et dit : « Nous devrions être à peu près là. »
Désabusés, fatigués par les chutes répétées et la difficulté de cette piste longue et éprouvante nous décidons de bivouaquer.
Premier bivouac après Tolbo
C’est perdu au milieu d’une plaine caillouteuse entourée de montagnes que nos trois « discrètes » tentes grises et jaune fluo se dressent fièrement gardées par nos trois montures.
Au loin paissent tranquillement des troupeaux de chèvres et de moutons pendant qu’un groupe de Yaks, sans un regard pour nous, traverse la plaine.
Rencontre avec un berger motard mongolUn berger mongol qui a aperçu notre campement vient voir notre troupe insolite. Bien plus à l’aise que nous sur sa petite moto, il traverse la steppe en virtuose du tout terrain à toute allure.  Arrivé à notre hauteur, il s’arrête, descend de sa machine et vient nous saluer.
Après quelques échanges amicaux, impressionné par la taille de nos motos et la distance que nous avons déjà parcourue, quelques photos et le voilà reparti vers l’infini.
Les ombres s'allongentLe soleil bascule derrière une crête et la température jusqu’ici clémente chute rapidement.
Michel et Max s’affairent autour du réchaud à pétrole.
Au menu ce soir, crêpes du midi, pâtes et boîte de maquereaux.
Dessert : biscuits trempés dans le thé ou le café.
Après le repas, fatigués, chacun rejoint rapidement sa tente.
Vers 23 heures, le bruit d’une voiture et le claquement de portières nous tire de notre torpeur.
De notre tente, « Toc, toc, toc ! et la voix de Michel dire : « ça, Monsieur, c’est de l’aluminium. Très solide ! Re Toc, toc, toc ! ça, Monsieur, plastique ! »
Michel fait de gros efforts pour présenter nos motos et expliquer notre présence en Mongolie.
Quelques instants plus tard, le « clac, clac » des portières et le bruit du moteur qui s’éloigne.
Les Mongols s’en sont allés. Rassurés, nous nous endormons.
Le lendemain matin, Michel et Maryse racontent leur aventure :
Restés pour regarder les étoiles, c’est avec inquiétude qu’ils ont vu arriver un gros 4×4 chargé de six Mongols aux mines patibulaires. Le parler haut de Michel devant servir à nous alerter afin d’intervenir en cas de danger.
Mais ces passagers de la nuit ont sans doute été aussi surpris par cette rencontre que Michel et Maryse. Ils s’en sont allés une fois leur curiosité satisfaite.
Ce désert est un axe important ou le trafic se fait de jour comme de nuit. Impossible de se cacher au milieu de ces plaines. Les couleurs « chatoyantes » de nos tentes dans leurs phares et la lumière des lampes frontales de nos amis les ont sûrement attirés.
A suivre…

Prochain épisode : Perdus dans le désert.
Bivouac après Tolbo

Première piste en moto… de Tsagaannuur à Ölgyi


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L'équipe du Raid des Navettes aux BaguettesVoir la carte de notre itinéraire : https://goo.gl/maps/djGZZurCJL22

Nid à côté de la "chambre"29 mai – Nous sommes réveillés par le piaillement incessant d’oiseaux qui nichent dans l’embrasure de notre porte.
Déjà 8h30, nous sommes très en retard.
Ici pas de salle de bain. Les WC, c’est une cabane au fond du jardin.
Les lingettes font office de douche rapide.. Nous sommes prêts en quelques secondes…
« Toc, toc, toc !  » à la porte d’à côté. Pas de réponse. Où sont-ils ?
La salle du restaurantDirection la salle du restau.
En entrant, Max nous dit, sourire au coin des lèvres : « Salut les amis, bien dormi ? »
Maryse enchaîne d’un oeil rieur: « Alors, vous avez eu de la compagnie ? »
– Monique : « Ouais, salut. Jusqu’à 1h30 du matin mais ils n’ont pas dormi avec nous. Shirarbek a relancé le « four »…  On a cru mourir cuit ! On était dans nos duvets, ils n’ont pas pu rester . »
– Moi : « Salut tout le monde. Qu’est-ce qu’on mange ? »
Maryse répond : « Café au lait lyophilisé, biscuits secs et un genre de pain d’épices ou thé au lait salé ! »
Maxime ajoute : « Aujourd’hui, il fait beau. On fait les niveaux d’huile, on charge et on y va. »

C’est l’heure des adieux.
Tileugul, emmitouflée dans sa robe de chambre « bisounours », nous rejoint dans l’arrière cour où nous préparons les motos.

Tileugul

Tileugul

Tileugul et HongThinh sur la moto de Max

Tileugul et HongThinh sur la moto de Max

Elle grimpe sur la moto de Max pour faire quelques photos souvenirs.
Pendant ce temps, Shirarbek sort son troupeau de chèvres et de moutons.

Après quelques effusions avec ce couple charmant, nous enfourchons nos machines et reprenons la piste : Direction Ölgiy.
Les vingt premiers kilomètres ne sont pas de tout repos.
La pisteNos motos chargées comme des mules s’enfoncent dans la boue, glissent sur les pierres et gravillons recouvrant la piste et pour finir, subissent les milliards de secousses d’une tôle ondulée infinie. Tant et si bien que nos vessies « secouées comme un prunier »  nous obligent à des arrêts « pipi » fréquents.

Un peu de route

Soudain, tous nos communicateurs Scalarider Packtalk s’animent : Enfin l’asphalte !
Michel : « Ah, du bon goudron ! »
Max : « Pourvu que ça dur ! »
Bruno: « Ouep, c’est toujours ça de pris ».
Mais cet instant de bonheur ne durera que 25 km. Au-delà, la piste reprendra ses droits.

Vers le colImmensité MongoleTrès attentifs au chemin plus qu’incertain qui défile sous nos roues, nous remontons jusqu’à 2500 mètres d’altitude. La moindre erreur de pilotage, c’est le dérapage et la chute assurée.

Des dizaines de marmottes surprises de nous voir, dressées sur leur pattes arrières nous regardent et courent se réfugier dans leur terrier.

Paysage mongoleNous traversons des magnifiques paysages,  couleur sable, animés par l’ombre des nuages . Au loin, des yourtes et des troupeaux perdus dans l’immensité. De petites montagnes de toutes hauteurs forment un collier de perles aux rondeurs irrégulières.
A perte de vue, des prairies, des steppes traversées par des vaches, des troupeaux de yaks, de petits chevaux à  la robe brun clair, à la crinière courte noir et brillante, vivent en toute liberté.
Même si la route est difficile, nos motos se jouent bravement de tous les pièges.
Devant une telle beauté, loin de toute civilisation, nous entrons en communion avec la nature. Le ronronnement lancinant des motos et le bruits des pneus sur la piste nous invite à la méditation.

Mongolie, le bout du monde

Mongolie, le bout du monde

Arrivés au sommet, comme des navigateurs au bout du monde, les motos de Michel et Max chavirent de l’autre côté avalées par le ciel ou englouties par la terre.
A notre tour, nous basculons de l’autre côté du monde.
Il faut faire vite car les cumulus s’amoncèlent, le ciel menace et quelques gouttes s’écrasent sur nos visières.

Arrivée à Ölgiy

Arrivée à Ölgiy

Side-car dans Ölgiy

Side-car dans Ölgiy

Ölgiy n’est plus très loin. 14h30, nous arrivons à temps en ville et évitons l’orage.

La nourriture spirituelle ne nourrit pas son homme. Max et HongThinh s’écrient  : « Nous avons faim, cherchons un restaurant ! »
ÖlgiyAprès un excellent repas pris dans un restaurant à la sortie d’Ölgiy (Malheureusement nous n’avons pas pris l’adresse…), nos ventres rassasiés,  Michel et moi partons à la recherche d’un hôtel. Le temps est à l’orage.
Fatigués par cette première expérience de piste nous décidons de rester à  Ölgiy.

Jeux dans une cour d'école à Ölgiy

Jeux fabriqués avec les moyens du bord dans une cour d’école à Ölgiy

Hôtel ANTALYA Ölgiy

Hôtel ANTALYA Ölgiy

Nous trouvons dans une rue à proximité un hôtel pour dormir et garer nos motos en lieu sûr.

Attifée d’un chignon noir, son visage buriné nous gratifiant d’un sourire aux grandes dents jaunes, un mégot collé à la commissure des lèvres, la patronne  nous invite à visiter ses chambres. Elle exhibe dans une main un trousseau de clefs se balançant autour d’un énorme anneau métallique. Ses manières de faire nous font penser à une tenancière de bordel. Mais ne nous fions pas aux apparences, la patronne est plutôt sympathique et avenante. Nous passerons notre deuxième nuit dans cet hôtel assez kitch .

Allez, au lit, car demain la route va être longue. Plus de 150 km à parcourir, piste à volonté…

Moto en Mongolie… En route vers l’infini et au-delà


bdumontet

Voir la carte de notre itinéraire : https://goo.gl/maps/djGZZurCJL22

18h30 – Une pluie froide sur une piste boueuse nous accompagne. Le soleil baisse rapidement et le froid devient mordant.
Michel dit à travers son communicateur :  « J’ai froid ! »
– Qu’est-ce qui se passe ? demande Max.
– Je suis fatigué, j’ai froid. Toujours pas de goudron, que cette piste boueuse et casse-gueule. Arrêtons-nous dès que possible.
– Plus que 75 km avant notre prochain arrêt. Dis-je.
– Je ne me sens pas de les faire. En plus, on ne sait pas ce qu’on va trouver sur la route.
C’est un « Ok » général qui résonne dans tous les communicateurs avec la consigne : Trouvons un gîte !

Arrivée à Nogoonnuur

Arrivée à Tsagaannuur

Yak Shop Hotel Café bien venu en MongolieNogoonnuur10 km plus tard, dégoulinant et gelés jusqu’aux os, nous croisons notre première yourte (habitat traditionnel mongole) et nos premiers Yaks.
Enfin, apparaît sur le bord de la piste, un hameau surgit de nulle part avec peint en grosses lettres sur une de ses façades, ces mots magiques : « SHOP – CAFE – HOTEL ».
Un jeune couple de Mongole accueillant et chaleureux nous loue deux petites chambres.
Nous passons notre première nuit dans un lieu typique complètement dépaysant.
Imaginez un grand cube divisé en deux. Une moitié pour la grande chambre.
La deuxième moitié divisée encore en deux : Une pour le vestibule et l’autre pour une petite chambre.
Ici, pas de carrelage, pas de parquet, brut de chez brut, simplement du lino posé sur la terre battue et des murs blanchis.
Chaque chambre est équipée d’un poêle fonctionnant à la bouse de Yak séchée.
Notre chambreLe lit est en fait une grande planche de la largeur de la chambre recouverte de couvertures, de coussins et de couettes.
Un petit fenestron et une ampoule pendante au bout d’un fil courant le long du mur tentent d’éclairer la chambre. Deux prises électriques vétustes sont accrochée sur l’autre mur.
Shirarbek, notre gentil hôte,  plante des clous dans la poutre pour faire sécher notre équipement. Une ficelle servira de corde à linge.
Poêle à bouses de YakLes chambres sont froides et humides. Shirarbek revient les bras chargés de bouse de Yak, s’accroupit devant le poêle, ouvre le foyer, le bourre à « ras la gueule » avec ce combustible inattendu.
Quelques feuilles de papier journal roulées en boules, le tout arrosé généreusement d’huile de vidange. « CRAC » une allumette, « WOUF ! », le tour est joué.
Le papier imbibé d’huile s’enflamme, dégageant une fumée envahissant le plafond de notre chambre. L’atmosphère devient rapidement irrespirable.

Le poêle à la bouse de yak ça fume un peu

Le poêle à la bouse de yak ça fume un peu

J’ouvre la porte et l’appel d’air généré accélère la combustion.
Dans un vrombissement de feu de l’enfer, notre poêle se met à rougir.
En quelques minutes la température est si élevée et tellement insupportable que nous sortons.
Etrangement, aucune odeur à part celle de l’huile. En revanche le feu s’arrête aussi soudainement qu’il a commencé. Au bout d’une demi-heure, il est éteint.
Malgré son dénuement et sa simplicité, jamais une chambre ne nous a parue aussi délicieuse.

La moto de nos hôtes

La moto de nos hôtes

Nous parquons nos motos dans l’arrière cour boueuse à côté de celle de notre hôte.
La plupart des mongoles se déplacent soit à cheval soit sur de petites motos. En général des 125 ou des 150 cm3 chinoises. Il n’y a pas de grosses cylindrées en Mongolie.
Plusieurs raisons à cela :
D’une part, il est beaucoup plus facile de se déplacer dans le désert sur une moto légère et maniable même à deux dessus que sur nos mastodontes chargés à 500 kg avec pilote et passagère. Nous en croiserons de nombreuses au cours de notre traversée du pays qui nous ferons bien souvent envie.
Les mongoles très agiles sur ce genre d’engin se jouent des pièges du désert et traversent les guets avec tout autant de facilité.

Motard Mongole

Motard Mongole

En revanche, leur équipement est bien sommaire et les chutes doivent-être malheureusement sévères…
D’autre part, le prix d’une grosse cylindrée est prohibitif.
Les motos parquées , nos bagages déchargés et rangés dans les chambres, la faim nous appelle.

Un bon repas

Un bon repas

C’est dans une petite salle où trônent deux tables, un banc et quelques chaises que nous allons découvrir l’art culinaire mongole autour d’une bière tiède.
Tileugul Abai notre hôtesse, derrière le comptoir, concocte un plat à base de pâtes, légumes et viande de mouton, le tout arrosé d’un délicieux bouillon pendant que Shirarbek son mari, nous  montre ses trophées de chasse; en particulier un tête de mouton argali (gros mouflon sauvage) dont les cornes peuvent peser plus de  20 kg.
22 h – Epuisés par cette journée riche en émotion, l’équipe part se coucher.
Repos bien mérité, nous plongeons dans un demi sommeil blottis dans nos duvets.
Vers 23h30, après avoir rendu visites à nos quatre compères logeant à côté,  notre porte s’ouvre.
Shirarbek entre dans notre chambre plongée dans l’obscurité et nous tire de notre sommeil.
Il « baragouine » quelque chose dans sa langue. A moitié endormi, je hoche la tête. Quelle erreur !
La cérémonie du poêle recommence, CRAC, WOUF ! L’enfer est de retour. J’allume la lumière, adieu le sommeil.
Le couple s’installe sur notre lit surpris de nous voir dans nos duvets.
Grâce aux smartphones et à l’aide des traducteurs, nous devisons sur la vie en Mongolie, la musique, la famille… Photos, Facebook, Deezer…
Surprenant, le monde reste connecté même au milieu d’un désert en altitude.
Vers 1h30 du matin, Shirarbek commence à s’endormir et cherche vainement une couverture pour se couvrir. Après avoir tourné, viré, il se lève pour finalement regagner son lit. Quelques minutes plus tard, il appelle sa femme.
Tileugul quitte notre lit à regret et rejoint son époux.  Le poêle a rendu l’âme. De nouveau, le froid et l’humidité ont investi la chambre. Blottis dans nos duvets, nous nous laissons enfin emporter par le sommeil.
Sachez qu’en Mongolie, l’hospitalité est un devoir. Vous pouvez librement aller dormir dans une yourte mais la réciproque est vraie. Un mongole peut très bien venir dormir dans votre tente ou chambre.
L’attitude de notre jeune couple Mongole était donc tout à fait naturelle.
Mais surpris par nos duvets, pas de couvertures pour se glisser dessous, ils ont regagné leur chambre.

Ce premier contact nous a bouleversé face à un peuple si démuni et généreux. Si vous décider de rejoindre la Mongolie par Tashanta, n’hésitez pas, arrêtez-vous à Tsagaannuur chez Tileugul et Shirarbek. Une rencontre qui illuminera la suite de votre voyage.
La Mongolie (3 fois grand comme la France avec moins de 3 millions d’habitants dont le tiers vit dans la capitale Oulan-Bator) est un pays désert, froid en hiver (-40°C) et pauvre mais tellement riche en contacts humains, aux paysages inoubliables que vous y laisserez une partie de votre coeur.
Un choc culturel important qui nécessite une réelle ouverture d’esprit.

Vieux motard que courir, il faut partir à point… : 4 557 km de Moscou à Tashanta


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Il nous faut maintenant « tailler la route » tout en respectant la période de rodage de la machine de Michel.

Voir notre itinéraire :https://goo.gl/maps/XXhPK2cbDDR2

Forêt russeDès la sortie de Moscou, nous rencontrons la taïga où se mèlent conifères et feuillus sur des kilomètres. Après deux jours, le paysage change. La route est longue et ennuyeuse même si l’immensité des paysages du continent russe nous fascine.
Marais en Russie

Des forêts bordant notre autoroute désespérément droite à perte de vue, font place maintenant aux marécages occupés souvent par des villages très pauvres et insalubres. MoustiquesDes nuées de moustiques nous entourent. Impossible de camper.

Moustiquaire indispensable

Moustiquaire ?

Ce suceur de sang indésirable suivra son met préféré durant des milliers de kilomètres.
Ici, croiser un motard se compte sur les doigts d’une main.
Pas étonnant compte tenu du peu d’intérêt du réseau routier.
Nous finirons bientôt par avoir des pneus carrés 😉

Des hordes de camions polluant seront nos seuls compagnons jusqu’à Novosibirsk.
CamionsDes travaux gigantesques, réguliers et incessants ponctuent notre chemin.
Un revêtement un peu dégradéIls nous faut ainsi nous faufiler entre les poids lourds, slalomer entre les ornières, éviter les flaques de goudron fondu par la chaleur, dans la poussière des travaux et les fumées noires « éjaculées » par ces sumos.

Motel RussePressés par le temps pour atteindre Tashanta à la frontière mongole, nous ne connaîtrons rien de plus que les motels des bords de route.

Sur la route de Nijni-Novgorod - La maison de la famille Adams

Sur la route de Nijni-Novgorod

Nous traversons ainsi les villes de Kovrov, Nijni Novgorod, Tcheboksary, Tukayevski pour atteindre Oufa où d’étonnantes échoppes vendant d’immenses ours en peluches multicolores animent un moment notre parcours.
Plus loin, ce sont de grands sachets plastique en forme d’animaux remplis de pop-corn coloré qui jalonnent notre chemin.

Champs cultivésLa russie c’est aussi des champs cultivés dont l’horizon nous cache la fin; des plateaux si immenses qu’ils demandent plusieurs jours pour être traversés; des plaines infinies sous un soleil chaud et radieux qui nous oblige à rouler visières ouvertes.
Enfin, un ciel bleu si pur, qu’aucune trace d’avion n’a osé profaner durant plus de huit jours de voyage.

Mais c’est aussi de belles rencontres.
Un Russe qui souhaite échanger des pièces de monnaie pour sa collection.

Mamie Nova

Mamie Nova

Une patronne de motel ressemblant à Mamie Nova qui se met en quatre pour nous préparer un bon repas.

A Oufa, en cherchant une banque, un couple de personnes très agées aux visages enjoués s’arrêtent admiratifs devant nos motos.
– D’ou venez-vous ?
– De France.
– Ah la France, Paris !… Nous y sommes allés lorsque nous étions jeunes.
Embrassades, photos souvenir…

Cernés par les poids lourds

Cernés par les poids lourds

Arrêtés auprès d’un groupe d’échoppes et de cabanes en bois servant de restau pour routier, village de fortune sorti tout droit d’un vieux western cerné par des dizaines de poids lourds, nous déjeunons.

Intrigué par notre présence, un jeune chauffeur russe engage la conversation dans un anglais approximatif. Il nous explique qu’il vient de conduire durant 36 heures non-stop avec seulement 4 heures de repos.
Je comprends maintenant la raison des innombrables stèles qui jalonnent sans interruption les bords des routes pourtant toutes droites.

Nous continuons en direction de Omsk. Arrivés à Makouchino, il nous faut faire les vidanges des motos.

L'hôtel Le ChristinaNous trouvons un petit hôtel dans le village : Le Christina.

Vladimir est à l'honneur

Vladimir est à l’honneur

Ici, Vladimir est admiré. Il trône comme dans de nombreux foyers russes au-dessus du buffet ou sur le mur principal de la salle de restaurant.

Michel en pleine vidangeLa matinée suivante est consacrée aux vidanges. Départ en début d’après-midi.

A la sortie du village, deux directions possibles. L’une plus courte que l’autre. C’est bien-entendu la première que nous choisissons.

Frontière Kazakhstan

Frontière Kazakhstan

Résultat : Un magnifique demi-tour à la frontière du Kazakhstan.
Mais le détour en valait la chandelle par la beauté de ses paysages et la disparition comme par magie de tout trafic routier. Les échanges de ce pays avec la Russie semblent bien pauvres.

En traversant Omsk, nous croisons surpris une étonnante statue de mineur sortant d’une bouche d’égout en plein milieu du trottoir…

Il nous reste six jours pour changer de pays.

Toutes les grandes villes russes traversées se ressemblent.
Arrivés à Novossibirsk, nous nous retrouvons coincés dans un trafic intense, la pollution, le bruit et la chaleur.

Tramway russe

Tramway russe

Carrefour défoncéUn tramway bringuebalant traversant la ville sur des rails incertains, des bus obsolètes, rouillés, des routes défoncées. Des carrefours agglutinant routes et rails où il nous faut trouver le chemin le moins périlleux.
Une pauvreté omniprésente, la grisaille du béton partout.

TuyauxDe gros et longs tuyaux envahissant poussent tout au long des trottoirs, servant probablement à distribuer gaz et chauffage dans la ville, par moment disparaissent sous des nuages de vapeurs.
Nous sommes bien loin des fastes de la capitale !

En traversant le fleuve Ob, nous quittons Novossibirsk.
Mille kilomètres que nous parcourons facilement et sans encombre pour atteindre la frontière. Les paysages et la route changent. Les prémices des montagnes de l’Altai à venir se font sentir. Nous pilotons enfin avec un plaisir retrouvé.

Couple TchèqueMoto couple tchèqueAu village de Chebalino, nous rencontrons un couple de Tchèques (Frantisek et Katerina) partis faire le tour du monde sur leur BMW 1200 GS surchargée. Ils feront un bon bout de chemin avec nous.

Un coréen en route pour l'EspagneMoto du jeune coréenAu même endroit, nous croisons la route d’un jeune Sud-Coréen tout fou et tout sourire. Il arrive de Mongolie et se rend en Espagne sur sa petite 125 Yamaha toute bricolée avec les moyens du bord : Autoradio, Caisses en plastique en guise de valises, rafistolage des joints de fourche à l’aide de sachets…   Ce drôle d’équipage venait d’emprunter la route que nous devrions nous-même suivre. Nous lui demandons comment est la route jusqu’à Oulan-Bator ?
– « sand, stones and offroad ! » (Sable, pierres, piste) répond-il.
Cela présage déjà des difficultés à venir…

Dernière étape avant la MongolieDans la soirée du 27, dernière étape sur le sol russe.
Sur la route de TashantaLe lendemain tôt dans la matinée, Frantisek et Katerina fermant la marche, nous entamons les 350 km restant vers Tashanta, sous un ciel qui devient rapidement orageux, ville frontière ou plutôt tout petit village frontalier.

Nous quittons la Russie sans difficulté particulière. Nous nous engageons sur une route étroite serpentant entre les montagnes et montant sans fin.
Personne dans ce « no man’s land ».
Au bout d’une bonne dizaine de kilomètres, apparaît le poste frontière Mongole. Nous sommes passés de 1 000 à 2 500 mètres d’altitude. Le froid nous surprend, il pleut de la neige fondue, la route disparait. Nous roulons maintenant sur une piste boueuse, glissante et dangeureuse.

Tashanta

Tashanta

Sous une pluie battante, nous sommes bloqués devant un grand portail derrière lequel un douanier mongole contrôle avec zèle l’entrée.
Au bout d’une demi-heure, la grille s’ouvre et le douanier nous fait entrer.
Là, les formalités débutent.
Tout d’abord, passage des motos dans un trou d’eau prétexte à une sécurité soit-disant sanitaire mais servant surtout à extorquer quelques subsides. Délestés de quelques roubles, nous nous dirigeons vers une zone d’attente.
Plusieurs heures et trois contrôlent différents seront nécessaires à l’obtention des trois coups de tampon indispensables à notre libération . Parlant couramment le Russe, l’aide de Katerina se révèlera précieuse et nous facilitera néanmoins le passage.
18 heures passées, fermeture de la douane, la barrière s’ouvre une dernière fois pour nous expédier hors de la zone. Sort d’une cahute, un mongole exhibant un carnet. Halte là, assurance obligatoire ! L’ignorant, nous poursuivrons notre chemin.

Nous voici maintenant en territoire Mongole. A suivre…

Enfin la Mongolie

Enfin la Mongolie

Quelques vidéos, ici : Chaîne Youtube

Liens vers nos amis tchèques :
Web : http://wayaway.cz/
Facebook : https://www.facebook.com/WayawayCZ/

Journée de détente à Moscou


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Gare Michurinets

Gare Michurinets

Lundi 16 mai – Autour du petit déjeuner, Maryse et Monique nous proposent de découvrir Moscou que nous n’avons fait que traverser durant toute cette semaine de réparation.
Max fatigué reste à l’hôtel avec HongThinh.

acces gare  Michurinets

Accès gare Michurinets

Heureux de pouvoir enfin profiter d’un moment de liberté, nous prenons le train de banlieue qui se trouve à cinq minutes de l’hôtel. La gare, située au plein milieu des bois, nécessite de traverser la voie pour y accéder.

Wagon train de banlieue Moscou

Wagon train de banlieue Moscou

Un vieux train vert, rappelant un peu les années 60, dont les portes coulissantes et lourdes grincent de toutes parts. Nous prenons place dans un grand compartiment froid à la largeur inhabituelle où s’aligne une multitude de bancs en bois dur recouvert de skaï.
Commence alors un défilé incessant de vendeurs à la sauvette. Ils déambulent de long en large en proposant aux quidams, glaces sorties de nulle part, enveloppées dans du papier journal, boissons tièdes, sous-vêtements, câbles USB et chargeurs pour portables…

Un quart d’heure plus tard, nos pieds foulent enfin le quai de la gare de Moscou. Nous nous engouffrons dans le métro pour nous rendre sur l’incontournable place Rouge.
Descente escalatorUn escalator sans fin nous entraîne dans les entrailles de la ville.
Stupéfaits, émerveillés, nous sommes éblouis par la beauté des stations irradiées de lumière que nous traversons.

Station Metro Kievskaia

Station Metro Kievskaia

Sation KIEVSKAIA, véritable galerie de peintures sur le thème de l’agriculture.

Station PLOSHCHAD REVOLYUS

Station PLOSHCHAD REVOLYUS

Station PLOSHCHAD REVOLYUSII, soixante quatre statues de bronze environ, supportent les arches de la salle et illustrent des soldats pendant la révolution contre l’Ancien régime puis l’édification d’une nouvelle société sur les thèmes de la famille, l’éducation, le sport, l’industrie, l’agriculture, l’artisanat…
Nous pourrions presque nous croire au Louvre. Une petite anecdote : La plupart des russes traversant la station viennent toucher une partie de certaines statues en guise de porte-bonheur. Ci-contre, le museau d’un chien.
C’est avec envie face à nos métros sans âme, gris et froid que nous quittons ce lieu féérique, prélude à la découverte de la place Rouge.

Nous sortons une station plus loin que prévu. Où est la place Rouge ?

Le Goum

Le Goum

Face à nous se dresse l’une des entrées du GOUM, ancien « Magasin Universel d’Etat », grand édifice qui recelle aujourd’hui toutes les plus grandes marques étrangères spécialisées dans le luxe: Dior, Vuitton, Kenzo, Lacoste… Luxe et richesse ruissellent de tous côtés. Nous sommes dans le quartier le plus riche de Moscou bien loin de l’idéologie communiste. Mais à qui profite ces richesses ? Dans son mausolée, juste en face, Lénine doit se retourner dans son cercueil.

Intérieur magasin Goum

Intérieur magasin Goum

Cependant, la visite du Goum vaut bien le détour par la beauté du lieu, son architecture, trois vastes galeries parallèles faites de marbre, grès et granit et illuminées par d’immenses verrières. Des escaliers à double volées et des passerelles relient les galeries entre elles.

Nous sortons cette fois par l’entrée principale où sous un ciel nuageux nous accueille la place Rouge.

Mausolée de Lénine

Mausolée de Lénine

Face à nous, trône le mausolée de Lénine avec le Kremlin et ses églises en toile de fond protégés par de hauts murs rouges.

Eglise St Basile

Eglise St Basile

Sur notre gauche, nos yeux sont attirés par la splendeur de l’église Saint-Basile-Le-Bienheureux. Posée sur son socle, ses tours multicolorent dominent fièrement la place et nous invite à y pénétrer. Construite en briques et en pierres blanches, elle dispose de huit chapelles et d’un cœur octogonal. Ses murs magnifiquement décorés contiennent de grandes richesses.

intérieur Eglise St basile

intérieur Eglise St basile

Vous y découvrirez une multitude d’icônes, triptyques, tombeaux et reliques…
Chemin faisant, des chants religieux orthodoxes régalent nos oreilles et ponctuent nos pas. Au détour d’un couloir, le cœur de l’église où une chorale exclusivement masculine nous offre un envoûtant concert « A Cappella ».

Madame Chauffage

Madame Chauffage

Sur ces notes de musiques, notre flânerie nous mènent vers la sortie gardée sereinement par une vieille dame souriante, protégée par une couverture et ses deux gros chiens radiateurs.

Musée historique

Musée historique

A droite, le musée historique dont la façade de briques rouges nous laisse imaginer une maison en pain d’épices avec un toit en sucre glace ou une décoration de Noël…
Midi, nos ventres crient famine. Nous trouvons refuge à côté d’un Mac Do, dans une drôle de cafétéria située sur la place du Manège, où chaque plat est intelligement vendu au poids. Pas de gaspillage.

Place du Manège

Place du Manège

Nous avons pu ainsi admirer les fontaines agrémentées de statues de Zourab Tsereteli illustrant les contes de Krylov, le La Fontaine russe.

Parterres de tulipes

Parterres de tulipes

En promenant à travers les jardins d’Alexandre, ornés d’immenses parterres de tulipes multicolores, c’est sous une petite pluie fraîche que nous rejoignons la forteresse du Kremlin.

Cathédrales du Kremlin

Cathédrales du Kremlin

Naguère demeure des tsars, elle est aujourd’hui le siège du pouvoir central de la Fédération de Russie.
C’est avec une certaine émotion que nous franchissons les portes de cette prestigieuse cité où l’histoire s’est jouée et se joue encore par des décisions qui peuvent influencer l’avenir du monde.

Déjà 16 heures, pressés, fermeture 17 heures, nous avons juste le temps de visiter deux cathédrales, voir le parlement et son défilé incessant de voitures officielles et d’apprécier les magnifiques jardins du Kremlin.

Cloche

Pour finir, nous découvrons la grosse cloche Tsar Kolokol haute et large de plus de six mètres pesant plus de vingt tonnes, tombée et brisée lors d’un incendie. CanonA côté, un canon démesuré rivalise de gigantisme avec la cloche : Le Tsar Pouchka. Il pèse plus de 39 tonnes et mesure plus de 5 mètres. Selon le livre Guinness des records, il serait le plus grand obusier jamais construit.
17h30, il faut nous dépêcher d’attraper le train pour Michurinets car demain c’est le grand jour.
Une journée n’a pas suffit pour visiter toutes les merveilles de la place Rouge et à regret nous quittons ce lieu prestigieux et magique.

A propos, si vous venez à Moscou en moto, oubliez le rêve de poser vos roues sur la place Rouge. Interdite à la circulation, néanmoins, vous pouvez en faire le tour et peut-être vous garer sur le parking sous l’église Saint-Basile.
Compte tenu des embouteillages que nous avons subi et la conduite dangeureuse des Moscovites, si vous souhaitez conserver votre espérance de vie, utilisez les transports en commun… 😉

Bye bye Moscou 🙂

train moscovite

train moscovite

Passage au bloc opératoire : 5 jours d’intervention


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Nous ne perdons pas de temps.

Alex met à notre disposition son garage pour nous permettre de travailler dans les meilleures conditions possibles.  Notre dortoir improviséL’hôtel étant complet, il met en place un hébergement de fortune. Il réquisitionne une salle de réunion. Son personnel se démène. A l’aide de lits de camp, en deux temps trois mouvements, nous avons un dortoir.
Ainsi, les problèmes d’intendance réglés, Michel se met à l’ouvrage sous l’œil averti de Maxime. L’issue étant incertaine, Maryse se renseigne pour un éventuel rapatriement de sa moto.

Michel en plein demontageAu fur et à mesure du démontage, nous irons de surprise en surprise. Cette moto a pourtant été entièrement remise à neuf, un mois avant notre départ par un professionnel !

Pompe à huile, pistons, segments neufs, soupapes changées et rôdées, embiellage refait… et j’en passe.

D’oú peut bien provenir ce claquement sinistre moteur chaud ?
Première angoisse de Max, si nous trouvons de la limaille dans l’huile, notre voyage s’arrêtera probablement là.

Les heures passent. Ouf ! Pas de limaille.
En revanche :

  • Un volant moteur monté décallé : bonjour le réglage de l’allumage. Et dont les ecrous ont ete tellement massacres qu’il faudra les demonter au marteau et au burin !
  • Pas de joint au queue de soupapes : bonjour la consommation d’huile.
    Merci en passant au soutien de la Sté MOTUL qui a fourni à notre association l’huile dont nous avions besoin pour notre expédition.
  • La cerise sur le gâteau : Un clapet de pompe à huile facturé mais pas changé.
  • Et le pompon, je vous le donne en mille ? D’anciens joints d’embases durs et cassés dont les petits morceaux ont été remontés collés à la pâte à joint façon puzzle !!!

Merci pour le sérieux et le professionnalisme.

Pauvre BM

Pauvre BM

Nous devons désosser entièrement le moteur, trouver un atelier pour contrôler son usure, les outils pour ouvrir et refermer le carter et les pièces à changer.

Alex nous présente Hamid, chauffeur occasionnel pour les clients de l’hôtel.
Homme d’exception qui  trouvera toutes les pièces, mème les plus improbables, nécessaires à la réparation.Pas facile de communiquer quand ni l’un ni l’autre ne parlent la même langue mais une feuille de papier, un crayon et les mains font des miracles.

Le premier jour est consacré à  la recherche d’outillage spécialisé :
secteur outillageHamid nous emmène dans un quartier divisé en plusieurs secteurs spécialisés, véritable caverne d’Alibaba, pour les amateurs de mécanique.
Dans l’un, des écrous introuvables à la taille spéciale  pour le remontage du volant moteur, dans l’autre, de l’outillage, dans un troisième, pléthore d’accessoires divers et variés.

chez le rectifieur

Le deuxième jour,  Hamid nous mène chez un rectifieur qui, en quelques minutes et avec une virtuosité époustouflante contrôlera l’ensemble des cotes de l’embiellage en refusant d’être dédommagé.
Sa mine soucieuse ne présage rien de bon. L’une de ses mesures montre une usure importante de l’un des paliers de l’embiellage.
Il nous faut changer l’ensemble des coussinets, remetttre des joints neufs et remonter le moteur. Espérons que le « hors-limite » de la cote ne sera pas fatale.
Une période de rôdage sera bien entendu nécessaire ralentissant encore un peu plus notre voyage.

Michel demande a Hamid de lui trouver une combinaison jetable. Pour lui faire comprendre, il entame un mime qui rend l’assistance hilare… Hamid s’exclame : « Combinaison ? Da, da ! » Nous explosons de rire. Pour une fois, le mot est le même dans les deux langues.

Resserage système D

Système D

Michel et Max procèdent au remontage. Il faut impérativement serrer les nouveaux écrous du volant moteur à 10 m/kg de couple. Evidemment, nous n’avons pas la clef dynamométrique adéquate.
Nous improvisons. Un manche à balai d’un mètre et un seau rempli avec 10 litres d’eau feront l’affaire !

Nouvelle avarie ! Au remontage de l’un des cylindres, un segment nous lâche, quelle poisse !!!
le rectifieurRetour à l’atelier de tournage-rectification.
Pourrons-nous trouver un segment pour une vieille BM de 1990 ?
L’ouvrier regarde le piston, le tourne et le mesure dans tous les sens, réfléchit, puis va fouiner dans ses catalogues…
Il revient et nous fait comprendre que ces pistons sont toujours employés sur certaines Volkswagen. Nous aurons le segment en question le lendemain matin !

Satisfaits, nous rentrons.
Michel et Max reprennent le remontage de la moto en attendant la pièce manquante.
Ne pouvant pas aider compte tenu de la place dans le garage, me sentant inutile, je décide d’installer sur ma moto une deuxième prise usb fournit gracieusement en plus de notre éclairage par la Sté ALARMEX.
Possédant un large vide poche dans mon réservoir, il me semble que c’est la place idéale pour installer la prise supplémentaire.
Je m’attèle au montage. Un trou d’évacuation d’eau est déjà présent au fond du vide-poche. Si je l’utilise pour passer mon fil d’alimentation, l’humidité aura du mal à sortir. Qu’à cela ne tienne, je perce à côté.
ma bouletteSurprise, un geyser d’essence m’arrose !
Help, help ! Max, Michel, j’ai troué mon réservoir ! Bouchant tant bien que mal la fuite avec mon doigt, paniqué.
Pris par une phase délicate de remontage, mes deux compagnons ne peuvent lâcher ce qu’ils font.
– Tu plaisantes ? me dit Max.
– Non, non, c’est vrai , je déconne pas ! lui dis-je d’une voix dépitée.

C’est le doigt sur la fuite que mes deux compères me retrouvent, à la fois catastrophés et hilares de ma mésaventure.
Vidange du réservoir et nouvelle recherche de solution.
Expert en fissures en tout genre dans son metier, Michel taraude, visse, colle pour finalement colmater parfaitement ma bévue.

la bonne humeur demeure

la bonne humeur demeure

Le troisième jour, Max récupère le segment manquant nécessaire et poursuit le remontage de la moto de Michel pendant que le reste de l’équipe visite enfin Moscou (prochain épisode).

Max contrôle

Max contrôle

A notre retour, Michel et Max finalisent le remontage, la moto fonctionne parfaitement. (Voir la vidéo … 😉
Demain, nous reprenons la route.

18 mai, 6 heures du mat., dernier contrôle des motos avant le départ, Max s’écrit :
– Merde, j’ai crevé !
Après une heure de travail acharné, le pneu arrière a retrouvé bonne allure.
Nous partons enfin…

Coordonnées de l'atelier de mécanique tourneur-rectifieur à Moscou

Coordonnées de l’atelier de mécanique tourneur-rectifieur à Moscou

12ème jour : A la recherche d’un concessionnaire BMW


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Michurinets côté campagneLa nuit porte conseil.
9h du mat. Au petit déj. déjà deux absents.

Max et Michel sont autour de la moto pour trouver une solution.
Nous n’avons pas tous les outils nécessaires pour démonter le moteur :
Clef dynamométrique supérieure à 10kg et extracteur pour volant moteur.

Michurinets côté villeAvant de se lancer dans un démontage complet du moteur, chronophage et aléatoire,  nous aimerions avoir une confirmation de la panne suspectée.
Max, notre chef mécano pense qu’il y a un problème sur une bielle.
Il nous faut trouver un garage.
Pendant ce temps, je discute avec Valerjia, l’hôtesse d’accueil afin d’obtenir une liste d’éventuels garages moto BMW sur Moscou. Avec sa voix de toons, Valerja appelle Alex, le manager de l’hôtel pour obtenir des adresses.
quelle direction choisirRapidité, efficacité, à dix heures liste en main, l’équipe enfourche les motos direction Mosou. D’après le GPS, 1h15 suffirait pour atteindre notre sauveur potentiel.
Très vite, nous sommes avalés par une marée de voitures, camions, une circulation toujours aussi dense et suffocante.
Nos motos roulent au ralenti et chauffent rapidement. Notre GPS nous entraine sans pitié dans l’immense toile d’araignée tissée autour de Moscou. vue autorouteNous voilà comme trois insectes prisonniers dans ses fils composés de voies gigantesques, parallèles, se croisant ou se superposant les unes avec les autres. Un véritable enfer pour trouver notre route.
De titanesques immeubles aux formes bizaroïdes se dressent comme des champignons le long des voies. Des publicités animées géantes fleurissent sur leurs façades. Beaucoup de travaux de voirie sont en cours et de nombreuses constructions sont à moitié achevées.
Voilà la première image que j’ai des environs de Moscou : Poussière, air pollué, bruit, trafic intense. Mais oú sont passés les arbres?
2h30 plus tard, un gentil taxi nous guide devant les portes de BMW.

Arrivée concessionnaire BMW

Arrivée concessionnaire BMW

En fait, il s’agit plutôt d’un immense immeuble comportant des dizaines de commerces ayant tous un lien avec la mécanique ou l’automobile. Il va donc falloir trouver notre aiguille dans cette botte de foin !

Sur la façade trône un panneau BMW Motorad.
6eme étage indique le vigile de service. Une lueur d’espoir brille dans les prunelles de Michel qui se lance avec moi tête baissée dans l’ascenceur.
– 6ème étage, un atelier avec des motos ? Comme c’est étrange !

La porte de l’ascenceur s’ouvre.
Devant nous une porte murée ! A droite un couloir mène à une porte métalique bouclée à double tour.
Dépités, nous descendons au 5ème. Des bureaux divers nous renvoient au 4ème étage.

Nous aboutissons dans un grand parking très sombre, enveloppé de vapeurs d’essence dans lequel nous distinguons à peine quelques motos et box sur notre droite. Une affiche BMW nous invite à pénétrer dans un petit local. Surprise, ici on ne vend que des accessoires pour voitures BMW. Le vendeur ne sait pas où se situe l’atelier moto. Retour à la case départ.
Nous longeons un box complètement obscur. Devant, deux individus aux mines patibulaires négocient. Soudain l’un disparait comme avalé par un trou noir. Il en ressort quelques secondes plus tard avec… quelque chose dans ses mains. Intrigués, nous passons notre chemin pour retrouver la lumière.

En sortant, je m’écrie : Le garage est au bout de l’immeuble !

Les filles à pied et les hommes en moto, nous nous retrouvons plein d’espoir enfin au bon endroit.

Nos trois motos ne passent pas inaperçues. De suite, un essaim de curieux se forme autour d’elles et deux mécaniciens russes viennent à notre secours.

Ils prennent en otage la moto de Michel et à coup de tournevis et de clef entament un réglage de la synchronisation cela dit parfaitement règlée auparavant !

Après avoir longuement trituré le pauvre moteur, il faut se rendre à l’évidence, nous allons devoir démonter le.moteur nous-même. Nous finissons par nous extirper de leurs mains..

Restaurant en sous-solJe propose de manger dans un restaurant russe situé dans les caves du sous-sol sans fenetre de l’immeuble attenant. Bien éclairé par des petites lampes posées sur chaque table et joliment décoré, de jeunes serveuses souriantes et au regard étonné nous accueillent. Nous savourons un excellent Bortsch.

16h – Retour à Michurinets.
Alex nous met à disposition un chauffeur qui va nous trouver ce dont nous avons besoin.
Le démontage va commencer…

Le Bortsch

Le Bortsch

11ème jour de voyage : Arrivée à Moscou – 398 km


bdumontet

Décoration pour le Jour de La VictoireLe lendemain, 9 heures, nous retrouvons la route M1 chemin le plus direct pour Moscou.
Tout au long du parcours, nous croisons de nombreux véhicules décorés avec des autocollants et des drapeaux célébrant encore la fête Nationale.
Aujourd’hui, une foule de gens se rend dans les nombreux cimetières bordant la route pour rendre hommage à leurs héros morts au combat.
TankDes tanks bien entretenus datant de la seconde guerre mondiale jalonnent aussi notre parcours.
Une route désespérément droite au revêtement souvent dégradé nous demande beaucoup d’attention.

Vers 14h30, une pause s’impose. Une station-service cafétéria nous tend les bras. Derrière le comptoir, une bonne surprise : De bons beaux croissant dodus et fourrés aux pommes nous invitent à les déguster accompagnés d’un expresso.
C’est avec enthousiasme que j’ai croqué à pleines dents cette bien tentante viennoiserie.
– Pouah, pouah, pouah !
Aussitôt croqué, aussitôt craché.
– Mais c’est du chou, pas de la pomme !
La gourmandise est un vilain défaut et toute l’équipe hilare s’est mise à goûter cette « merveille ».
Après cette découverte, nous reprenons la route. La circulation devient maintenant plus dense à l’approche de la capitale et le comportement des conducteurs parfois franchement dangereux.
pollutionMaintenant, nous tentons de nous faufiler entre les gros 4×4, les vieilles guimbardes et les files ininterrompues de poids lourds crachant comme des dragons leurs jets de fumée noire.
Nous nous sentons écrasés par la chaleur et étouffés par la poussière, les vapeurs d’essence et les gaz d’échappements qui nous agressent de toutes parts.
Ici, la protection de l’environnement ne semble pas une priorité…
Coincés dans les embouteillages, les motos et les hommes souffrent. Michel nous interpelle. Sa moto fait un drôle de bruit. Son voyant de pression d’huile s’allume et sa pression est bien en-dessous du minimum.
Arrêt d’urgence, Maxime tend l’oreille et ausculte le moteur. La moto chauffe anormalement et il y a bien un claquement sinistre du côté droit. Nous attendons que les motos refroidissent pour voir ce que cela va donner au redémarrage.
Une heure plus tard, le diagnostic se confirme. Nous devons rejoindre d’urgence notre hôtel afin de trouver une solution.
Nous repartons doucement. La route se transforme en autoroute. Les voies se croisent et se recroisent en haut, en bas, de tous les côtés. Un vrai cauchemar pour les motards.
A chaque instant il faut avoir un œil dans son rétro et l’autre devant… C’est la loi du plus gros qui dirige le trafic.
Changement de direction intempestif, traversée en diagonale de quatre voies d’un coup pour rattraper in extremis une bretelle de sortie semblent ici monnaie courante. Vigilance, vigilance est encore plus notre devise.
Plus rien à voir avec la Biélorussie.
Voilà donc pourquoi nous avons croisés si peu de motards en chemin et autant de cimetières sur le bord de la route. L’espérance de vie pour un motard y est certainement très courte 😉 🙁

Banlieue huppée Michurinet MoscouNous arrivons enfin à Michurinets au Sweet Hotel situé à 28 km du centre de Moscou dans une banlieue boisée et huppée.

Arrivée au Sweet Hotel

Arrivée au Sweet Hotel

Difficile à trouver, nous nous sommes perdus et retrouvés au beau milieu d’un chemin de terre barré par deux miliciens armés jusqu’aux dents. Devant nos mines déconfites, défraîchies et nos tentatives de communication, ils nous ont finalement laissé passer en nous indiquant notre chemin. En fait, nous étions à deux rues du petit hôtel.
Qui pouvaient-ils bien protéger ?…

Michel soucieux

Michel et sa moto

C’est avec un grand soulagement que nous garons nos motos dans la cour de l’hôtel.
Maintenant, qu’allons-nous faire pour la moto de Michel ?

SweetHotel
Fridriha Engelsa Street 8U, Vnukovo district, DSK Michurinets, 142784, Russie
Téléphone: +79857105510

Passage en Russie « comme une lettre à la poste ». De la banlieue de Minsk (Biélorussie) à Smolensk (Russie) – 312 km


bdumontet

Ce matin, notre petit déjeuner prend des allures de théâtre. Après des ablutions rondement menées, nous rejoignons le reste de l’équipe. Nous découvrons Max entrain de mimer une poule pondant un œuf en battant des ailes avec ses bras tout en criant « Cot cot cot codec !». Il s’accroupit et ramenant sa main de derrière son dos mime la forme d’un œuf. Tout cela, sous le regard médusé de la serveuse qui finit par éclater de rire comme toute l’assemblée. Elle se précipite vers la cuisine et nous ramène un œuf pour dire qu’elle a compris ce qu’il demande. Grâce au talent de Max, nous avons pu savourer une excellente omelette. Une comédie offerte par Max car la serveuse ne parle ni français ni anglais et la carte du menu est en cyrillique ! Ce sera notre quotidien tout au long de notre voyage.

Eglise Orthodoxe Brest9h – Nous partons le cœur léger pour affronter les 310km qui nous séparent de la Russie. Les kilomètres défilent sous nos roues et toujours aussi peu de trafic. Des champs et des forêts jalonnent interminablement les bas-côtés de la route M1.

13h10 – Nous traversons un semblant de village au bout duquel se trouve un rond-point avec une première présence policière que nous avions fini par oublier sur l’autoroute depuis notre entrée en Biélorussie. Nous débouchons sur une grande artère bordée de portiques avec caméras et drapeaux. Soudain, de chaque côtés de l’avenue apparaissent des policiers. Michel et moi passons sans encombre. Un seul, devinez-qui, se fait arrêter. – Contrôle des papiers (…en Russe) ! Le policier fait comprendre à Maxime qu’il faut allumer ses phares. Max, habitué à ce genre de situation dit : – Euros ou roubles ? Finalement, il s’en sort sans amende ni bakchich. En continuant notre chemin en direction de Smolensk, nous prenons conscience que nous sommes entrés en Russie sans nous en rendre compte.

Place Smolensk
Nous arrivons à Smolensk, dans l’après-midi du 9 mai , jour de la fête nationale Russe commémorant la capitulation de l’Allemagne Nazie face à l’Union Soviétique. 

Première rencontre RusseSur la place en bas de la vieille ville, Michel obtient l’adresse de l’hôtel « Patriot » à proximité.

Sous une chaleur étouffante, dans la poussière, la pollution, le bruit de la circulation et des haut-parleurs hurlants des musiques et des sloggans incompréhensibles, nous nous dirigeons vers notre hôtel. Routes défoncées, vieux bus antédiluviens rouillés… sont le quotidien des habitants de Smolensk.

Hôtel Patriot Smolensk

Hôtel Patriot

A l’extérieur, l’hôtel ressemble à un vieux bâtiment administratif. Mais à l’intérieur, tout a été aménagé de manière assez confortable. Petit bémol : La réception a bien gardé ce côté lourd, paperasse et démarches administratives. Plus d’une heure de négociation avant d’obtenir les clefs de nos chambres…

Porte serviette chauffage central

Porte serviette chauffage central

Aujourd’hui les banques sont fermées. Il nous faut payer d’avance. Nous n’avons pas de roubles. Le cerbère de service nous propose du change au « noir ». Deux d’entre nous partent avec lui faire la transaction dans un marché un peu louche. Ils en sont revenus vivants et allégés de quelques euros. Ainsi nous avons pu avoir gîte et couvert en ce « Jour de La Victoire ». Ce soir, bortsch (soupe contenant des betteraves, de la viande, du chou et parfois des pommes de terre) et yaourt pour tout le monde !

Ticket petit dejeuner hôtel PatriotImportant : Deux papiers vous sont remis par la douane Biélorusse. Ne les perdez pas car ils vous seront demandés dans les hôtels (afin de déclarer à la police votre présence en Russie) si vous y séjournez plusieurs jours et au moment de votre sortie du territoire.

1euro = 22 200 Roubles Biélorusse = 70 Roubles Russe

– Gostinitsa « Patriot », Adresse : ul. Kirova, 22-Г, Smolensk, Smolensk Oblast
Téléphone :8 (481) 238-49-36