Promenade alpine…


Daniel Caen

Un bel arc-en-ciel pour nous souhaiter la bienvenue en Savoie

Après notre balade aux Bardenas où nos pneus neige ont bouffé plus de poussières que mordu de poudreuse, une dernière occasion d’aller faire valser notre attelage sur ces routes glacées qu’on aime tant nous a été offerte. En effet, du 15 au 17 mars, Annecy, la belle savoyarde, se la jouait Sérénissime lors de son carnaval. Le prétexte était ainsi tout trouvé. Venise, on adore s’y rendre en pèlerinage, mais en janvier, voire en novembre ou décembre, quand la cité des Doges est désertée des tour-opérateurs et que ses hôtels vides s’ouvrent à la classe moyenne… surtout pas en février, quand les costumes à froufrous et les masques à plumes l’envahissent jusqu’à y entraver nos déambulations, à grand renfort de sens uniques, et que les tarifs de la moindre chambre de bonne dépassent de loin les limites de la décence. Le carnaval vénitien d’Annecy sera donc un efficace palliatif  à notre absence de gros moyens et une réponse low-cost à la frustration de SylvieJolieMaChérieQuiAimeLesPrincesses quant à voir un jour ces très kitsch déguisements dans leur décor originel. On fait ce qu’on peut, ma pov’ dame… et c’est comme ça qu’on avance…

Annecy a en outre un autre grand avantage, sa situation géographique au cœur des Alpes. Car qui dit Alpes, dit altitude, virages et, avec un peu de chance, neige abondante. D’autant que pour cette période, la météo annonçait le retour du froid et de la pluie à tous les bas étages et, comme tout montagnard le sait, l’hiver, s’il pleut en bas, il neige en haut… et il faut bien le dire : Il a beaucoup plu en bas…

Après une belle et très fraîche diagonale de 630kms à travers le Massif Central pour se mettre en jambe en goûtant le confort de la modernité, plus précisément, celui procuré par l’association des poignées chauffantes, des manchons et des gants d’hiver, un équipement rendant particulièrement confortables des trajets hivernaux autrefois quasi-héroïques, nous retrouvons notre nièce Lucie, laquelle nous accompagnera, son éternel sourire aux lèvres, dans nos pérégrinations alpines. Le side-car a cet avantage sur la moto, on peut s’y éclater à trois, sans compter que cela enrichit les conversations quand on est pris dans les bouchons, ce dont se fichent bien les motos… En outre, et ce n’est pas négligeable, j’ai deux fois plus de bras pour pousser en cas de problème ou de passage délicat (#MeToo…) Sans compter que le pilotage d’un attelage ainsi « chargé » remplace avantageusement n’importe quel abonnement en salle de muscu… Croyez-moi, si vous voulez des bras de grimpeurs, faites danser vos singes en side sur une route de montagne plutôt que jouer les chimpanzés sur des barres de tractions !

Désolé, y’a plus de place…

Dès le lendemain, pour bien profiter de la pluie qui tombe dru, nous filons directement sur Chamonix via la route des grandes Alpes

A partir de La Clusaz, adieu la flotte glaciale, bonjour les doux flocons ! Miss Xjr et mister Cyber prennent leur pied et nous avec !

Les choses sérieuses commencent au Col des Aravis…

Et si mes deux passagères n’ont pas eu à me pousser… en ce qui me concerne, je n’ai pas eu leur veine… il a fallu que je me dévoue pour sortir deux mamies aventurières du fossé dans laquelle elles avaient glissé leur volkswagen en manque grip… Conclusion sur la neige : Side 1 voiture 0…

3 roues valent mieux que 4…  

En hiver, les calories sont le paillasson du Paradis, et comme à midi, du côté de Saint-Gervais, ce panneau m’a sauté aux yeux, je l’ai pris comme un signal de mon amie la Vie pour m’y essuyer les pieds :

Et on l’a pas regretté…

Fondue 3 fromages aux cèpes…


Quand la vie ne tient qu’à un fil, autant qu’il soit de beaufort…

Même pour se désaltérer, on fait dans le local…

Nos batteries (autre nom de l’estomac…) bien regonflées et le bon cholestérol coulant désormais à flots dans nos artères, nous avons pu poursuivre en alternant giboulées de mars et chutes de neige hivernales pour, au final, sans avoir pu jeter un œil au Mont-Blanc trop planqué dans les nuées, retrouver Annecy, en étant pour ma part trempé jusqu’aux os et, côté panier, mes deux passagères quasi prêtes à prendre le thé…

Le lendemain, tandis que ces dames s’en vont faire les boutiques, je m’en vais solo plonger dans les brumes du Semnoz, le col chéri de Gilles Nulli, l’organisateur très connecté des Cols-Blancs, amateur comme nous de belles virées et big boss des Tilleuls, son auberge à Saint-Jorioz.

Pas d’horizon mais une belle ambiance…

Les Tilleuls à Saint-Jorioz,

Gilles, je boirai un café avec lui deux jours plus tard en papotant de nos voyages respectifs et des attaques qu’il subit de la part de certains trolls et haters du Web. Lui et moi sommes très différents, moi j’ai du temps libre à foison et un budget de retraité, lui a les finances et pas assez de vacances, mais chacun de nous voyage à sa façon, en fonction de ses moyens en aimant en faire le récit, histoire de partager, de faire rêver, de dégager l’horizon de ses nombreux nuages pour en faire apparaître les plus beaux paysages, les plus belles perspectives, de faire sauter les peurs des uns et les préjugés des autres. Il n’y a là rien de répréhensible, car, j’aime à le répéter, quand on a les moyens de ses rêves, on ne doit pas oublier que certains rêvent juste d’en avoir les moyens. Un récit, pour beaucoup, c’est déjà un beau voyage, parfois même le seul possible. Aussi, si cela ne convient pas à certains esprits chagrins, plutôt que de perdre leur temps et leur énergie à critiquer bien au chaud derrière un clavier les manières des uns ou des autres, qu’ils se mettent à l’ouvrage, qu’ils nous racontent à leur tour leurs voyages, ou pas, s’ils préfèrent. Internet a ce grand avantage, avant son invention, les mots des gens comme moi, on n’y avait pas droit. User de ce droit pour le dénier à d’autres, quelle triste manières d’exister… Entre les virées épiques des uns et les modestes déambulations de ce blog et de beaucoup d’autres, un monde s’esquisse qui n’attend que de recevoir les traces de chacun.

Mais faisons fi des mauvais coucheurs car à présent, j’ai un vrai compte à régler, une frustration vieille de 4 ans dont je vous avais fait le récit là :

Mes très chers suisses… vraiment très chers !

Parce que cette fois-ci, j’y étais bien résolu, le jet d’eau, je le verrais ! Il y a des choses comme ça qui ne vous lâchent pas. 140 m de haut, 7 tonnes de flotte en l’air en permanence projetée à 200 km/h, ça peut paraître futile mais ce jet d’eau, gamin, j’en rêvais ! Et si en 2015, il nous avait fait faux bond, c’était juste pour nous signifier qu’on y reviendrait… Eh bien, ça y est, c’est fait, et sous un grand soleil qui plus est :

https://youtu.be/AbHNVqheIgw

Voilà, il est temps de refermer ce blog en attendant une nouvelle balade… Parce que écrire pour écrire, ça n’est pas vraiment mon truc, vous le savez, pour que je puisse écrire faut d’abord que ça roule, que ça roule sur cette route qui est ma voie. Ainsi va ma vie.

Ah ! J’oubliais ! Le plus grand avantage du side pour un motard insatiable, c’est bien celui-là:

Eh oui, un side, contrairement à la moto, ça roule même quand ça ronfle !

Un p’tit tour de side-car aux Bardenas en hiver…


Daniel Caen

 
Déjà plus d’un an de silence ! Dingue comme le temps passe vite quand on ne travaille plus ! En même temps, un blog, ça n’est pas facebook ou instagram, faut avoir quelque chose d’intéressant à écrire, et donc avoir fait quelque chose qui mérite d’être raconté, partagé, pour que ça donne envie à d’autres, que ça fasse bouger, que ça aère les esprits, pour pas que les idées deviennent noires, pour pas que l’existence sente le croupi. Parce que le croupi, c’est tout le contraire de la vie, vous le savez bien si vous me suivez, c’est ma philo, mon credo… Donc mon blog, vous l’aurez compris, c’est avant tout VIVE LA VIE ! et HARO SUR LE CROUPI ! Aussi en cette période où le jaune du désespoir se mêle de brun nauséabond, SylvieJolieMaChérie et moi, on a envie d’immaculé et de bon air en même temps que miss XJR and mister Cyber réclament de se dégourdir les bielles et d’user leurs pneus hiver. C’est ainsi que le 22 février 2019, nous avons repris la route, cette route qui est ma voie. Oh ! Comme côté euros, on est un peu justes depuis que le budget voyage s’est encore pour cette année mué budget mariage (faites des gosses…) , on ne part pas pour un mois et 10000 bornes comme pour l’Islande 2017, même pas pour la moitié comme lors de notre tour d’Europe Centrale 2015, non, juste pour deux jours et un p’tit millier de kilomètres. Et pourtant, avec un rien d’imagination, c’est comme si on avait traversé l’océan, jusqu’aux States, jusqu’au Far-West.

Les Bardenas Reales, en effet, pour ceux qui l’ignorent, forment un immense désert situé en Navarre espagnole, entre Pampelune et Saragosse, à 450kms de Toulouse dont les paysages « ricains » ont servi de décors à de nombreux films et clips publicitaires. Son étendue de 42500 hectares est le royaume des vttistes et autres randonneurs mais quelques routes (non bitumées) y sont ouvertes aux véhicules motorisés, dont le nôtre… L’affluence en été et la chaleur infernale qui y règne alors, c’est pas vraiment un truc de sidecariste, nous autres, c’est l’hiver qu’on aime, quand les routes se font patinoires, quand la poudreuse rend plus beaux les horizons, aussi en février, on peut y aller, quand le désert est déserté, quand au loin les Pyrénées étincellent.

Pour se mettre en jambe, une petite traversée trèèès viroleuse du Gers et des Hautes-Pyrénées et hop, on saute en terre Ibérique via le très beau col de la Pierre Saint-Martin. On râle un peu parce qu’il fait anormalement chaud en cette période et que si neige il y a, nos pneus n’en profitent pas… Bah ! Ça n’est pas grave, la vue est belle et l’air est pur. Les virages s’enchaînent sur les fantastiques routes navaraises et en début d’après midi nous arrivons à Carcastillo, à la limite nord des Bardenas. Pendant que nous nous désaltérons et enlevons nos multiples couches hivernales (il fait près de 20°), l’effet grumeau du side joue à plein auprès des locaux… Nous y sommes désormais habitués et nous faisons la causette avec plaisir et surtout avec les mains vu que notre espagnol se limite à no, si, gracias, buenos dias et adios… bref on peut juste être poli, ce qui est un minimum quand on se rend quelque part…

Peu après, nous entrons en Arizona, et ce,  s’il vous plaît, sans passer par la case passeport, sans franchir un mur ni se coltiner quelque autres formalités trumpistes. La preuve en 2 vidéos :

https://www.youtube.com/watch?v=DjJhWYLyUmg

https://www.youtube.com/watch?v=k5tpU8bCjhA&list=UUs93ZFYg3GN4t59TZk3txeA&index=4

Et pour ceux qui pensent encore que seuls les trails, les Urals et les attelages à base de GS ou autres grandes sauterelles peuvent prétendre à ce genre de balade, voici le style de route que vous rencontrez sur place sur lequel notre attelage bien routier n’a rencontré aucune difficulté. Ça cahote bien un peu, mais bon, après les gravel-roads d’Islande, plus grand chose n’effraie notre duo mécanique… Croyez-moi, vous pouvez y aller tranquille, même en Goldwing ou Harley. Rappelez-vous quand on on vous fait croire qu’à moins de 20000€, on ne peut quitter le bitume, que des mz, des 400 kawa et d’autres routières considérées comme des utilitaires de nos jours, ont traversé le Sahara au temps des premiers Dakar, comme des 4L d’ailleurs… Le marketing a ses raisons que la raison n’est pas forcée de croire…

https://www.youtube.com/watch?v=8Q5CXKnCqtA&list=UUs93ZFYg3GN4t59TZk3txeA&index=5

Au retour, nous passerons par le col de Roncevaux, Saint Jean Pied de Port etc… bref des virages à gogo et de nouveaux souvenirs de plus… en attendant les Alpes, la semaine prochaine. Parce que ce n’est pas parce qu’on ne peut plus aller loin qu’on ne peut plus aller tout court. Ainsi va la vie.