Jumbo pluvieux… mais jumbo heureux


Daniel Caen

http://www.marie-louise.org/

Après l’Islande qui nous a bouffé tout le budget horizon pour les deux ans qui viennent, nous avons décidé de faire dans le local. Mais l’émotion n’est en rien une question de kilométrages. Comme un marcheur sur un sentier de randonnée, nous savons que face aux dénivelés, il faut savoir garder la même fréquence et raccourcir l’enjambée pour continuer d’avancer.

La vie est bizarre, parfois. Je vais à une vente d’affiches de cinéma (une autre de nos passions… le cinéma, pas les affiches…) dans notre petit ciné de quartier. Cette vente est au profit de l’association Oscar’s Angels (des bénévoles de l’hôpital pédiatrique). Du coup (Pourquoi j’ai dit ça ? Comment ça vient une idée ?), je leur propose d’organiser un jumbo. Sauf que j’y connais rien en jumbo. Alors, je commence à farfouiller dans le net, à appeler au secours sur les réseaux sociaux, et puis je tombe sur un forum où ça cause d’un jumbo qui doit avoir lieu aujourd’hui à deux pas de chez nous… Quand la vie vous chante ainsi à l’oreille, on est libre de la suivre ou pas, mais si on la suit, on n’est jamais déçu. C’est un secret que je vous donne. Chacun en fera ce qu’il voudra mais vous ne pourrez pas dire que je ne vous l’ai pas dit… De toute évidence, ça tombe bien, y’a un désistement auquel notre inscription à l’improviste pallie… Oui, qu’on le veuille ou non, quand on veut bien suivre sa partition, c’est tout l’orchestre qui sonne mieux…

C’est ainsi que nous avons participé à notre premier Jumbo Run. Un Jumbo c’est quoi ? Puisque d’autres, bien avant moi, l’ont parfaitement expliqué, et que faire et refaire ça n’est pas avancer, profitons : http://mc8.60.free.fr/momment_vie/2008/06_jumbo_run.htm

La météo n’est franchement pas de la partie mais comme tout le monde le sait les gens du nord ont dans le cœur le bleu qui manquent à leur décor et ce jumbo est à une vingtaine de kilomètres au « nord » de chez nous, à Gratentour, à la maison d’accueil spécialisée pour ado et adultes polyhandicapés fondée par l’association Marie-Louise. Si dans l’imaginaire collectif, un mariage pluvieux annonce un mariage heureux, c’est parce qu’un couple qui continue d’avancer malgré l’adversité des éléments le jour de leur union est prêt à affronter toutes les difficultés auxquelles la vie ne manquera pas de les confronter. Bien des parents et des soignants de la M.A.S de Gratentour ont dû connaître ce genre de noces tant l’amour qui les porte leur fait gravir quotidiennement de sacrées hautes montagnes. Avoir l’occasion de leur apporter un peu de bonheur, en faisant ce qu’on fait d’ordinaire sans y penser, est une occasion à ne pas manquer.

Nous y sommes accueillis en compagnie de 5 autres sidecaristes par Fanny, l’organisatrice. Un sacré bout de femme, Fanny, pas plus haute que trois pommes mais dotée de l’énergie d’une bombe H et d’un sourire à faire fondre le plus misogyne des hommes. Le genre à aller bien au-delà de sa fiche de poste. Le genre à vous secouer la planète pour en recueillir les meilleurs fruits. Et aussi la fille idéale pour me donner toutes les infos dont j’aurai sans doute besoin si je veux aller jusqu’au bout de mon projet initial.

Fanny à la baguette : Plus forte que les éléments…

Mais nous n’en sommes pas là, nous sommes là pour faire quelque chose que nous aimons et pour lequel, quelle méprise, on ne cesse de nous remercier : Rouler en side ! Un don du sang, un don de soi, à part pour les masos qui aiment les piqûres, ça exige un certain dépassement. Rouler en side, c’est que du plaisir, et le partager avec d’autres, c’est encore plus fort. Y’a pas de mérite ! Heureusement qu’il a plu, ça donne l’impression qu’on a fait des efforts. Mais les efforts, ce sont les parents qui les ont faits, ceux qui ont créé l’association, qui ont fondé la structure, pour pallier à l’insuffisance des pouvoirs publics pour qui il est plus porteur de supprimer des impôts que d’expliquer à quoi ils servent.

Jumbo pluvieux ? La preuve…

Ils devaient être trois solos pour nous escorter, un seul a assumé sous la flotte : Merci à lui !

De face, il pleut encore…

Dans la journée, nous avons fait 5 rotations d’une quinzaine de kilomètres. A chaque fois, la même chose : des sourires, des étincelles dans les yeux des résidents et de leurs parents, des remerciements à la pelle que ça en devenait gênant, et une Fanny à la baguette en grande ordonnatrice à l’énergie inépuisable. L’ultime sortie fut celle du personnel et de quelques parents, ce fut aussi la seule au sec, comme un remerciement des cieux, du coup on a pu se lâcher un peu au niveau pilotage, et offrir de nouvelles belles sensations à nos derniers  passagers en contact direct avec les éléments, les paniers enfin décapotés.

Enfin, à l’air libre !

Pour cette super journée et ces très belles rencontres, Fanny, David, Lucas (entre autre, pour son goût très sûr en matière de side-car, en effet ce dernier ne voulait monter que dans le tout rouge, en l’occurrence, le nôtre…) et tous les autres, au nom de tous les sidecaristes (ça j’en suis certain), à mon tour, je vous remercie.

Une fine équipe !

Finalement, cette pluie omniprésente n’était-elle pas de la part des nuées que larmes de bonheur en voyant combien les humains, quand ils réunissent leurs forces au-delà de leurs différences, parviennent à allumer des étoiles jusqu’au plus profond de la nuit noire ? Je me le demande…

L’Islande en side-car, le clap de fin…


Daniel Caen

Hier, ni blog ni partage de photos sur Facebook because nous étions dans le trou du c.. des fjords de l’Est qui en compte beaucoup, à une dizaine de kms de Vopnafjordur, logés dans une guesthouse dont la wifi ne passait pas la fine cloison et dont la liaison internet travaillait bit à bit plutôt qu’en octets. De surcroît, nous étions en compagnie d’un groupe de géologues de retour d’expédition sur les glaciers du coin et le peu de débit dispo se voyait logiquement monopolisé. Y’en a qui bossent mon bon mÔssieur… En même temps, ça n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’échanger quelques mots avec un membre éminent du Britsh Muséum… Donc, y’avait pas de net ni de réseau téléphonique mais, pour le coup, on ne s’en plaint pas..

Notre home sweet home perdu ET déconnecté…

Mais ce soir, après un surclassage de booking.com dû à une logeuse indélicate qui a loué à quelqu’un d’autre la petite chambre économique que j’avais réservée il y a un an et (re)confirmée il y a un mois, nous nous retrouvons pour le même prix dans une belle et grande maison rien que pour nous tout seuls avec une connexion du feu de dieu, ce qui au pays des volcans n’est pas peu dire. Faut croire que dans une autre vie j’ai été un mec sympa pour avoir un karma pareil parce que branleur comme je le suis, ce serait très présomptueux de dire que je le mérite… Mais le fait est que globalement sur ce voyage, les coups de bol se sont enchaînés plus que de raison…

Quant à SylvieJolieQueJaimeTant, elle qui est la plus sage, la plus forte, la plus dévouée de toutes les personnes que je connaisse, je ne sais pas ce qu’elle a fait dans sa vie antérieure, mais ça ne devait pas être joli joli… parce que pour nous rendre à notre nouvelle réservation, il a fallu qu’elle descende du panier… pour pousser et lancer le moteur, car miss Xjr, qu’on venait de laver, refusait de démarrer… En même tant, si elle avait autant de chance que moi avec toutes les qualités qu’elle a déjà, ça serait trop. Faut en laisser pour les autres. Moi, pour affronter la vie, j’ai coché les cases « chance » et « SylvieJolie ». Avec ça, même sur les gravel roads, je suis paré. SylvieJolie, elle a tout coché sauf la chance. Mais comme elle a coché « Mézigue », par rebond, ça roule, mais de temps en temps , faut qu’elle pousse le side… Si elle avait coché « permis moto », c’est moi qu’aurais dû pousser…Encore un coup de bol…

Sur ce sujet des qualités, l’Islande a tout coché. Sauf la météo. Mais c’est grâce à cela, qu’on y croise pas ces foules que j’ai tant de mal à supporter et qui donne à l’Islande un attrait supplémentaire même si, et c’est une anecdote vécue, voir quelques asiatiques se balader avec un un masque de chirurgien sur le pif et la bouche dans un endroit aussi sain que l’Islande ne manque pas de faire sourire tout en me laissant quelque peu dubitatif sur la nature humaine….

Le plus gros des stickers qui jalonnent notre histoire avec miss Xjr et mister Cyber est pour l’Islande, parce que quand on réalise un grand rêve, dans notre existence, ça laisse toujours une grande trace…

Ce gros sticker Islandais sur son beau popotin, notre side peut en être aussi fier que nous le sommes de lui, parce que, vraiment, il se l’est gagné. Je ne suis pas certain que si j’avais su avec exactitude le niveau de difficulté pour un side-car du réseau routier secondaire islandais et de ses fameuses « gravel roads » (et secondaire n’est pas le bon mot vu qu’il n’y en a pas d’autre…), je me serais embarqué aussi hardiment sur le Norrona qui lui n’est pas une galère.

La dernière gravel road

à plus de 600m d’altitude, avant de replonger dans les nuages

ça vaut bien le Stelvio non ?

Comme quoi, souvent, c’est la peur plus que le danger qui nous empêche d’avancer… Mais on s’en fout, parce que nous la peur, on l’entend, donc on part avec un kit chaîne neuf, mais on ne l’écoute pas, donc on part… Et c’est ainsi que miss Xjr et son compère mister Cyber pourront se vanter dans les réunions d’anciens combattants de la route que eux ont « fait » l’Islande, y compris ses terribles West Fjords qui en ont fait reculer plus d’un si j’en crois les conversations que nous avons eues avec d’autres tarmos, y compris, pour certains, en trail… Petits bras, va ! C’est bien la peine de mettre 20000€ dans une GS… En tout cas, les gravel roads, c’est terminé, la mécanique va pouvoir souffler. Demain matin, on a juste une petite vingtaine de très beaux kilomètres à faire et ensuite, 2 jours de croisière avant de reprendre la longue route du retour avec un petit détour par Amsterdam, histoire de faire la bise à cousine Colette qui au niveau papotage en langues de toutes sortes, en remontrerait aux meilleurs linguistes, et au niveau du vécu, si Proust l’avait raconté, il y aurait deux fois plus de volumes que dans « La recherche du temps perdu ».

Et pour finir, un un p’tit méli-mélo des beaux paysages de ces deux derniers jour mais tout d’abord un p’tit « Live » vidéo de ce tour d’Islande en side  :

https://www.youtube.com/watch?v=JIvaNU_KCHw&t

Cascade de Detifloss

La belle chute d’eau (une de plus…) de Selfoss

La nature est la plus grande des artistes, non ?

Laine de moutons égarée sur la lune…

Et la suite des photos de cette fin de tour d’Islande :

https://www.facebook.com/tarmo.keuf/media_set?set=a.10207752843894077.1073741841.1682996755&type=3&pnref=story

Et là où il y a tout :

https://www.facebook.com/Tarmokeuf31

J’espère que ce blog Islandais vous aura envoyé un peu de fraîcheur en ces temps de canicule et surtout donné à connaître un peu du bonheur que nous avons connu  en cette île extraordinaire. Il a été fait pour cela. Que ceux qui ont les moyens de leur rêve n’oublient jamais ceux qui rêvent d’en avoir les moyens.

Quant à nous, les deux jours de ferry vont nous permettre de progressivement nous réhabituer à une autre réalité, celle de la foule, du bruit et bientôt du trafic… avec quelques degrés celsius en plus…

8000 kms de bonheur

3300 kms de rêve éveillé…

A bientôt, peut-être

Quand la baleine à bosse nous rappelle à bon ordre…


Daniel Caen

Il y a des jours où tout vous sourit, où les souhaits les plus improbables arrivent, des jours où tout parait s’imbriquer si parfaitement qu’il semble impossible que tout cela n’ait pas de sens, des jours où l’on pourrait croire en tout, des jours en forme d’état de grâce, des jours où l’on se dit, ce n’est pas possible, je vais me réveiller, la facture du gaz aura augmenté, mon cancer sera enfin diagnostiqué et il est 6 heure, faut que j’aille bosser… Si le mardi 20 a été classée journée pourrie du voyage (c’est facile, ça a été la seule…), je crois bien, mais dans ce sens là, la concurrence est forte, qu’une semaine pile plus tard, le mardi 27 a été au firmament des journées de rêve.
D’abord, il y a eu ça :

Le grand bleu sur le port d’Husavik !

Et ça, quand ça arrive le jour que vous aviez choisi pour être la journée en mer pour aller voir les baleines et que des journées comme ça, vous n’en n’avez pas eu au pluriel depuis que vous avez débarqué en Islande, déjà, ça le fait…
Et après avoir acheté (très cheeeer : près de 10500 couronnes par tête de marin d’eau douce) les billets et vous être équipé comme des marins-pêcheurs :

Quand on vous déguise comme ça, c’est qu’on va pas à l’île de Ré !

Sur les traces de Pierre Loti et ses « Pécheurs d’Islande »…

Quand quelques minutes plus tard, il vous arrive ça :

La belle nous a frôlé de très très près alors que tout le monde la cherchait ailleurs… magique…

La belle dans son entier rien que pour moi… et donc pour vous mes z’amis

Qu’être ainsi heurté par une baleine à bosse a surpris même l’équipage et que la belle bestiole a choisi de surgir à votre bord et à votre niveau pour vous permettre de l’avoir en entier sur la photo sans l’ombre d’une épaule, d’un crâne ou du bras tendu d’un tiers pour venir la gâcher, que dans la foulée vous jouez à cache cache avec la très rare baleine bleue

Et je ne vous dit pas l’émotion que procure le bruit du souffle…

(pour avoir toutes les photos de cette baleine dans tous ses états, c’est là : https://www.facebook.com/tarmo.keuf/media_set?set=a.10207734688240197.1073741840.1682996755&type=3
et qu’au retour, dans cette lumière magnifique que les contrées boréales sont les seules à offrir, vous croisez des vols de macareux

D’accord faut encore zoomer, mais avec leurs petites patounes orange, sont trop mignons…

et qu’enfin, en petit bouquet final, vous trouviez enfin un magasin pratiquant des prix honnêtes pour y acheter des pelotes de laine islandaise, ce qui n’a rien à voir avec les baleine mais comptait beaucoup pour SylvieJolie, vous ne pouvez que conclure que cette journée avait bien sa place dans le fleuve qu’on appelle le cours des choses, qu’elle n’y a rien dérangé, et que quand on est ainsi, à écouter autour de soi les bruits de a vie, les notes de la musique du monde, on a vite le sentiment que le fleuve vous porte dans son courant. Et comme tout nageur d’eau vive le sait, il est  tout de même plus facile de nager dans le bon sens que s’en aller couler à contre-courant… L’Islande est un pays où l’eau comme la lave coule puissamment, c’est peut-être pour cela que l’homme n’oublie pas la force de ces éléments quand dans nos contrées tellement trop sécurisées, plus rien ne vient nous rappeler que de l’Univers, nous faisons partie.