Ride to the Belgian Liberator

Bonjour copain (et copine),

Laisse moi te donner une idée de balade avec un objectif assez peu connu qui va de plus élever (encore) ton niveau de culture générale …

Quelques temps avant Noël dernier j’étudiais les cartes routières du nord de la France pour tenter de dénicher quelques petites routes improbables. Mon intention étant d’aller rendre visite à ma fille qui vit à Lille en faisant un petit crochet par la Belgique pour aller boire une petite mousse et accessoirement un café à la concession Harley-Davidson de Mons…

Bien évidemment, il n’est pas toujours aisé de rouler en hiver. Mais j’apprécie beaucoup cette saison qui apporte toujours une réponse appropriée, naturelle et écologique au problème de la prolifération des radars sur nos routes.

Ainsi, préparant mon trajet je consultais le Net et tombais totalement par hasard sur une étonnante histoire de motard égaré qui allait définitivement donner un sens très intéressant à mon voyage : je me préparais à rencontrer le Belgian Liberator

Chaque année, c’est en septembre que la Belgique célèbre l’anniversaire de la libération du pays du joug nazie pendant la seconde guerre mondiale. Il y a 75 ans, les citoyens belges accueillaient les premiers libérateurs Alliés après quatre années d’une dure occupation …

J’ai découvert qu’un monument représentant un motard américain sur sa WLA avait été inauguré à Rumes / La Glanerie, en Belgique en 2009 … Je n’en revenais pas ; jamais je n’avais entendu parler de cette étonnante sculpture… à moins de cinq heures de (petites) routes de chez moi. Je devais absolument voir ceci de mes propres yeux : un monument commémoratif dédié à ma marque favorite de motocyclettes et un grand (petit) fait historique quasiment inconnu du grand public …

Rumes / La Glanerie est un très petit village non loin de la frontière franco-belge (à moins d’une heure à l’est de Lille) qui a été « libéré » par un motard pilotant une Harley Davidson WLA appartement à la seconde division blindée américaine (la fameuse 2nd Armored Division dite “Hell on wheels”) début septembre 1944…

Quand le motard réalisa qu’il avait franchi la frontière il fit demi-tour car il n’était pas supposé être si loin en avant de son unité en ce samedi 2 septembre 1944, vers 9 heures du matin. Mais ce petit “incident” fit de lui le premier américain à entrer en Belgique ce jour-là …

Officiellement, le Liberator le plus célèbre en Belgique (commémoré tous les ans dans la ville de Peruwelz), est James Carroll du 628ème Chasseur de Chars (628th Tank Destroyer) qui fût le premier GI à entrer dans ce village le 03 septembre, c’est-à-dire le lendemain seulement de l’intrusion à la Glanerie. Une photo de James Carroll sur sa WLA, acclamé par une foule en liesse à Peruwelz ce 03 septembre 1944, est assez connue d’ailleurs…
Harley-Davidson a produit de l’ordre de 70.000 WLA et WLC pour la US Army et ses alliés durant la seconde guerre mondiale…

Ces motos furent surnommées en Europe “Liberator
A l’occasion on se souviendra aussi d’une autre photo de la première Harley-Davidson entrant en Allemagne à la fin de première guerre mondiale, celle du caporal Holtz sur son side-car, le first Yank to enter Germany at the end of the Great War

Donc, Belgique, me voici, en route pour un petit week-end de trip hivernal aller-retours de l’ordre de 900km / 560 miles…

La « libération » de la Belgique débuta la veille du jour ou James Carroll entra dans Perulwez, le matin du 02 septembre … quasiment par accident. En fait, lorsque ce motard eut traversé une petite rivière (l’Elnon) à l’entrée de La Glanerie, il remarque un villageois agitant un drapeau tricolore noir, jaune, rouge …

Après avoir demandé au villageois pourquoi il n’avait pas un drapeau bleu, blanc, rouge, il comprit qu’il avait été trop loin et qu’il avait quitté le territoire français. Il fit immédiatement demi-tour, n’ayant pas reçu l’ordre de passer la frontière. Il sera suivi, une demi-heure plus tard, par une jeep puis, vers 11 h 30, par les engins lourds de la même unité : le 82e bataillon de reconnaissance de la division Heel on Wheels. Ces éléments appartiennent à la 1ère armée du général Hodges qui, avec la 3ème armée de Patton, forment le 12e groupe d’armées…

Fait surprenant et finalement assez incroyable : personne ne connait le nom de ce motard de la Hell on Wheels…

Larmée américaine n’a pas mentionné cet évènement dans ses archives. On trouve simplement sur le Net une photo mise en ligne par un homme dont le père, Zeke DeVane, qui était pilote de WLA se souvenait avoir « libéré » une ville en Belgique ou aux Pays-Bas où il se souvenait avoir été le premier soldat US à arriver sur place. Mais l’homme n’est pas sûr de lui…

Même si effectivement la photo sur laquelle on le voit avec sa moto fait sens : on y distingue bien le marquage distinctif de la 2nd Armored Division sur le garde-boue.

Le lieu où se trouve cette superbe sculpture n’est pas aisé à trouver. Etant installée dans la campagne belge, très à l’écart des axes principaux, presque au milieu de nulle part c’est un challenge très excitant que d’essayer de la localiser. On peut aisément tourner un peu dans le coin avant de trouver ce petit trésor…

L’artiste qui a produit cette œuvre très détaillée (résine qui imite le bronze, l’effet est spectaculaire, même à quelques mètres on ne fait pas la différence) est un belge dénommé Erik Dupon qui vit à une quarantaine de kilomètres de Rumes / La Glanerie. Il est né en 1944, l’année même où se déroulèrent les faits…

Mais une bonne histoire ne va jamais sans quelques polémiques.
Les unités qui, ce matin-là, pénètrent à La Glanerie sans coup férir et prennent contact, vers 11 h 30, avec les résistants seraient même les premières troupes américaines entrées en Belgique qui ainsi marquèrent le début de la délivrance du pays, selon un arrêté du Régent du 22 mai 1945 qui cite les GI de la deuxième division blindée à l’ordre du jour de l’armée belge…

Ce texte, sur la foi duquel les autorités communales de Rumes firent graver en 1984 une plaque commémorant l’arrivée à La Glanerie des premiers Américains entrés en Belgique, est toutefois contredit, depuis novembre 1948, par un document provenant du centre de recherches historiques attaché aux quartiers généraux du commandement européen de l’armée américaine.

Les premières troupes américaines, écrit son responsable, le colonel Harry Larter, ont pénétré en territoire belge aux environs du village de Forge-Philippe. En particulier, les unités de reconnaissance de la neuvième division d’infanterie, 7e corps, de la 1re armée U.S. ont franchi la frontière belge près de Forge-Philippe à 11 h 07 (soit à 9 h 07, heure locale) près de Rongy…

Un habitant de Forge-Philippe prétendra même avoir rencontré au Long Wez, le vendredi 1er septembre, à 19h30, une jeep occupée par quatre voltigeurs de la neuvième division U.S.…

Sauf à considérer que le demi-tour d’un motocycliste distrait constitue une libération en bonne et due forme de La Glanerie, ce samedi-là, il aurait donc été coiffé sur le poteau frontalier par l’avant-garde de la neuvième division d’infanterie qui investit Cendron (Momignies), à une douzaine de kilomètres au sud-ouest de Chimay: ici aussi, une plaque commémorative rappelle l’événement…

Une belle querelle de clocher, comme nous les aimons nous aussi en France.

Ride hard, stay humble and learn everyday!!

Quoi qu’il en soit, ce fût une très belle balade …

L’Hervé, your Berrichon friend

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