Culture biker : les MC américains et leurs couleurs (2)


Hervé

Bonjour copain (et copine),

Tu sais que depuis quelques années j’écris tous les mois un ou deux articles pour le NEW YORK RIDER MAGAZINE … Avec ce mag’ tu entres de plein pied dans cette sous-culture (attention un tel qualificatif n’a ici rien de péjoratif) américaine des bikers telle que t’abreuve ton imagination depuis que tu es enfant …

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L’approche est très HDC, beaucoup moins HOG (mais les HOG members sont aussi les bienvenus dans ses pages), un peu MC (autres que Harley), très nationaliste – la grande Amérique, terre des libertés individuelles, qui affiche clairement son soutien aux troupes américaines en opérations dans le monde (Welcome home, Vets!) …
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L’idée : distribuer un mensuel gratuit (financé par la pub locale) à la communauté rider de l’Etat de New-York, dans lequel chacun peut adresser ses propres articles sur sa vie de motard / de club. L’air de rien, selon les mois le tirage se situe entre 10000 et 12000 exemplaires (pour mémoire, cet état compte presque 20 millions d’habitants pour une superficie équivalente à celle de l’Angleterre) …
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Mais aussi et surtout le mag’ se veut un moyen de défense des bikers américains et le revendique haut et fort. Et là, grosse surprise : tu n’imagines pas à quel point les autorités (police et FBI) mettent la pression sur les MC locaux. J’ai découvert au fil des mois une situation et une tension qui n’a pas d’équivalent chez nous …
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Le mag’ et ses avocats (spécialisés en affaires « motardes » – on les nomment aux USA les motorcycle attorneys – ont en trouve dans tous les états, je t’en reparlerai bientôt) passent leur temps à représenter les motards victimes d’accident, de discrimination et de ce qu’ils qualifient clairement de harcèlement de la part desdites autorités. Impressionnant !
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Tu sens que l’ambiance est … « chaude ». Et comme d’habitude, les américains sont très bien organisés pour répondre à la menace. Notamment autours du mouvement Bikers Against Discrimination / B.A.D. que soutient le mag’ …
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BAD cherche à mettre fin à la discrimination contre les bikers par tout moyen légal et veut notamment lutter contre l’idée trop répandue en Amérique du Nord selon laquelle tout membre d’un MC ou Patch wearer (Porteur de pacth ) est au mieux un citoyen de seconde classe et au pire un criminel en puissance. BAD estime clairement que cet état de fait relève d’une propagande erronée du gouvernement …
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Quant à Carmella Brown (la proprio du mag’) elle déclare que dans les années à venir, elle espère faire la différence dans ce combat pour restaurer les droits constitutionnels des Bikers / Riders …
La volonté est de faire obstacle à certains débordement de la police américaine vis à vis de nombreux bikers / riders … BAD et COPBLOCK ont un peu le même combat et se sont rapprochés sur certaines actions ces dernières années … COPBLOCK est littéralement une organisation indépendante qui « surveille » la police et ses éventuels abus … en ayant un positionnement qui n’est pas « anti-police » …
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 Jette un œil ici :
On trouve des organisations BAD aussi dans certains pays d’Europe et en France on pourrait dire que son équivalent est la récente Fédération des Bikers de France :   http://www.federationdesbikersdefrance.fr/
Alors oui, bien sûr, vive le droit des motards, riders et autres bikers, veillons bien à nos droits constitutionnels partout dans le monde … Mais ne soyons pas non plus totalement aveugles ou (pire) naïfs : le mouvement one percenter  est assez impliqué dans le mouvement BAD … D’ailleurs, si tu prends garde aux couleurs (et oui, on en reparle à nouveau de ces fameuses couleurs) reprises par ladite Fédération des Bikers de France … (les initiés me comprendrons) …
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Pour revenir au motorcycle show de New-York dont je te parlais il y a deux semaines de cela, là où ça devient comique à mon petit niveau de touriste français, c’est quand je me pointe sur le stand juste à côté de celui du New-York Rider Magazine …
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Carmella Brown (la petite brune), propriétaire du mag’
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 … sur lequel DAVE BROCK le champion MMA des Hells Angels de New-York signait des autographes … (purée je me tiens une de ces coupes de cheveux sur cette photo avec le champion) …
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… qui se trouve être comme un fait exprès celui de la police de l’Etat de New-York. Gloups !!!!!!!!
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 – « Coucou bonjour policemen, j’arrive de Paname, je peux l’awouar ma photo avé le policeman biker ?. No problem sir, you’re welcome ».
 Le sympathique policier à mon côté se prénomme Scott. L’archétype du fonctionnaire de police américain …
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Ce qui est rigolo c’est qu’en fait, les policiers sur le stand ont vu d’où j’arrivais. C’est-à-dire du stand d’à côté où une dizaine de Hells Angels accompagnent Dave Brock qui est en pleine séance de dédicace. Et là, tu sens bien que les policiers en question se demandent si je les provoque ou si je suis vraiment un couillon de touriste français un peu niais qui ne sait pas au milieu de quoi il se trouve (alors la réponse c’est : 1) je sais très bien où et avec qui je suis 2) je suis un couillon de touriste français un peu niais – mais ici à NYC je fais passer ça pour ce fameux French style que le mon dentier nous envie) …
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Mais bon, sur le motorcycle show tout se passe bien (et c’est tant mieux parce que je n’ose imaginer un incident ici avec le monde qui se presse sur les stands et dans les allées) …
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Finalement, c’est un membre des Hells Angels qui me résuma bien la situation au sujet des clubs – nouveaux ou plus anciens – me rappelant que tout cela c’est le droit de s’associer – THE RIGHT TO ASSOCIATE. Ce qui est totalement exact dans un régime démocratique …

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Et en anglais ça sonne bien : – « THAT’S THE BOTTOM LINE, IT’S ALL ABOUT FREEDOM » (je te laisse traduire sinon à quoi ça sert que Google il se décarcasse ?!)

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Isson forts ces américains tout d’même n’est-il pas, hein ?!!

Et moi, après 20 années de photographies de Colors, je ne te raconte pas la collection que j’ai …

Aller, à très bientôt pour évoquer d’autres aspects de la culture biker américaine !

La bise

L’Hervé, your Berrichon friend

Culture biker : les MC américains et leurs couleurs (1) …


Hervé

Bonjour copain (et copine),

A les USA, dès que tu appartiens d’une façon ou d’une autre à une corporation, quelle qu’elle soit, tout le monde doit le savoir …

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C’est ainsi que tee-shirts, patchs, casquettes, pin’s, uniformes divers et variés pullulent de tous côtés pour affirmer à la face du monde que toi, tu en fait partie de ladite corpo’, du club, du chapitre, de l’église, de l’administration, des pompiers, des alcooliques anonymes ou pas, de l’université, etc …

C’est une des raisons pour laquelle le moindre garde forestier américain ressemble à un général de brigade tellement son uniforme en jette …

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Ceux-ci sont de Emmitsburg dans le Maryland

Donc tu imagines bien que les clubs motos (les fameux MC pour Motorcycle Club Moto Club en french, ce qui en jette moins n’est-il pas ?) s’en donnent à coeur joie et ne sont pas les derniers à ce petit jeu. C’est un excellent moyen de montrer combien le club auquel on appartient est fort, présent, actif … Un vrai jeu de pouvoir … on ne plaisante pas avec ça … et cela, quelle que soit la marque de la motocyclette que tu chevauches …

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Bien, on va se le jouer ce soir avec Molly Hatchet et Power play 

Ecoute ça !

https://www.youtube.com/watch?v=IUCYGOPBJjY&list=RDIUCYGOPBJjY#t=0

Ainsi donc, la dernière fois que j’ai assisté à un salon de la moto à New-York et bien que je connaisse assez bien le milieu biker américain, je reconnais que je ne m’attendais pas à voir autant de clubs et leurs représentants (dans la mesure où, aux USA, le port des couleurs est interdit en de nombreux endroits) … DSC_3921 Ils étaient des dizaines et des dizaines (ça doit faire des centaines non ?) de MC représentés par leur membres et tous arboraient fièrement leurs fameuses COULEURS. Impressionnant !!! Et très rigolo ce petit jeu qui consistait à les prendre en chasse pour les photographier. Les gars se prêtent d’ailleurs au jeu et ça donne même lieu à de franches rigolades … notamment quand une superbe blonde à décolleté te sort son sourire du dimanche toute persuadée que tu es venu spécialement de Paris pour la prendre en photo et que tu lui expliques que ben non mademoiselle c’est le gros balaise à côté de vous que je voudrais shooter … vous pourriez sortir du cadre s’il vous plait ? Merki !! (ça veut dire « merci » en américain) …

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Et toujours des intitulés créatifs : BRING DA NOIZE RIDERZ

On y remarque les noms les plus fous : Arresting Souls, Assassins Speed, Evil Runners, Widows Sons, God’s Outcast, Frontline Riderz, Crazy Pistons, Ruff Ryders, … et des back side patchs déments. On n’est pas obligé d’apprécier bien sûr. Personnellement la référence claire aux flingues me gêne et la violence sous-jacente me dérange. Mais apparemment c’est le but recherché …

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Contrairement aux apparences, les ARRESTING SOULS ne sont pas un gang de motards mais bien un club de représentants des forces de l’ordre (vas voir leur site : http://arrestingsoulsmc.com). C’est même ce que l’on appelle ici un LAW ENFORCEMENT MOTORCYCLE CLUB (que l’on peut donc littéralement opposer aux clubs de la mouvance 1%) 

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Pour tous les membres de ces clubs, c’est une vraie fierté de porter leurs couleurs, mais aux USA, c’est bien plus que cela, c’est un lifestyle (qu’à quelques exceptions près on retrouve peu en France et un peu plus en UK et au nord de l’Europe) et ça peut devenir aussi une sacrée source d’emmerdes … C’est pourquoi un patch wearer américain ne fera que très rarerement le kéké (contrairement à ce que tu peux voir parfois sous nos latitudes à nous) … 

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Au fil des années les différends entre les clubs ont régulièrement dégénérés en bagarres violentes lors de salons ou de manifestations moto et ont parfois conduit à ce que la presse américaine a souvent qualifié de massacres. Nous n’en sommes pas à ce niveau en Europe / France. Rien de comparable par exemple à ce qui a pu se passer à Waco en 2015 (9 morts en deux heures), où à Denver l’an dernier : des morts dans des fusillades dignes d’Hollywood … Ces incidents sont fréquents aux USA …

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Aussi, sur beaucoup de ces rassemblement de bikers ou dans certains bars on peut lire un peu partout : « NO WEAPONS. NO COLORS. NO ATTITUDES » …

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Pas besoin de parler anglais, c’est clair (regarde la photo ci-dessous que j’avais prise à l’entrée du célèbre IRON HORSE SALOON dans la banlieue de DAYTONA en 2010) …

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Si tu sais ce que veut dire NO BYOB, tu me payes une mousse. Si tu ne sais pas, tu me payes deux mousses : envoies-moi ta réponse que je saches si j’ai à faire à un vrai initié (le vainqueur gagne une tringle à rideaux parfum viande hachée) …
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Mais ici, à Manhattan, ils sont des milliers à porter leurs couleurs. Et le porte-parole du Motorcycle Show, confirme que les clubs sont encouragés à participer : – « Ici ce n’est pas ce vieux stéréotype des gangs qui domine, c’est une chose du passé» ajoutant que le salon accueillant de nombreuses familles ceci permet de lutter contre les stéréotypes qui collent à la culture biker. Mouais, j’y était et disons que … ça se discute …
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Il existe de nombreux types de club : en fonction de la moto pilotée, du métier du motard, de la région d’origine, du mode de vie qu’il revendique … il y a même un club des services sanitaires de la ville de NYC.

Tu vois absolument de tout …

ANCIENS COMBATTANTS (VETS)

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MARINES
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POMPIERS
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LATINOS
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CHRETIENS
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On croise de nombreuses obédiences
FRANCS MACON
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COLORED (Black)
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Tout ceci est souvent strictement « réglementé » par les MC eux-mêmes (pas tous, certains n’y prêtent pas attention et d’autres ne plaisantent absolument pas avec cela) : emplacement des patchs, dimension, positionnement, nombre, coloris. Si tu veux évoluer sereinement dans ce milieu, tu doit absolument savoir « lire » les bikers que tu croises. Cette simple « lecture » t’évitera au mieux de faire des gaffes, au pire de connaître des ennuis plus ou moins graves … Aware ! Comme i’ disait Jean-Claude Van Damme.
HYPER SPORT
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Etc …
Alors bien sûr, parmi tous ces « porteurs de couleurs », tu vois bien que certains d’entre eux sont des motards du dimanche (et pourquoi pas après-tout ?!), que leur gilet en cuir tout brillant avec des patchs tout neufs n’ont pas beaucoup vu la route (voire même qu’il y a une année de cela, le rebel qui porte fièrement ses couleurs, là juste deux mètres devant toi, avec son air « pas tibulaire » mais presque … n’avait même pas sa driving licence moto) et la vielle polémique qui fait rage partout dans le petit monde de la moto, de NYC à Vierzon, re-pointe le bout de son nez : i’a les vrais et les z’otres, les faux, les ceusse qu’en sont pas vraiment des vrais … c’est reparti pour un tour …
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Quand tu abordes le sujet avec Chris Montesione, surnommé Psycho, membre du club LEGION OF DOOM (fondé il y a une vingtaine d’années à Brooklyn et à la réputation assez … comment dire ??? … enfin, tu vois quoi …) c’est simple, il te dit que : – They’re imposters !!!
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La photo en bas à gauche te montre un des membres du Legion of Dom 
C’est un MC pas un HDMC 
Ainsi, durant ce show à NYC, tout se passe très bien. Et tu peux même voir les clubs ONE PERCENTER (1%) et LAW ENFORCEMENT se croiser paisiblement. Les BLUE KNIGHTS sont donc présents aussi, membres (ou anciens) des forces de l’ordre avec leur superbe gilet bleu …
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Le choix du bleu et du blanc n’est pas seulement là pour rappeler la notion de défense de la loi et ses couleurs traditionnelles mais aussi pour marquer clairement la différence avec les couleurs plus classiques (beaucoup de noir, rouge, jaune) des outlaw clubs. Comme disent les policiers présents sur le salon au sujet de cette différenciation dans le choix des couleurs : – « C’est comme la ligne Mason-Dixon ; nous ne franchissons pas leur frontière, ils ne franchissent pas la notre » …
Pour ton nympho mon loupiot, depuis la fin de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, la Mason-Dixon était la ligne de démarcation entre les États abolitionnistes du Nord et les États esclavagistes du Sud …
Chose que nous français ne pouvons que difficilement comprendre (et pour cause, le phénomène n’existe pas ici en Gaule – pas de manière aussi forte et flagrante en tous cas)
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C’est la guerre ici (je pèse mes mots en utilisant celui-ci) entre les forces de l’ordre et les clubs moto one percenter en particulier et même tout autre patch wearer comme i’ disent ici (un porteur de patchs, par extension un motard qui porte des couleurs) …
Allez, la suite très bientôt …
La bise
L’Hervé, your Berrichon friend
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