Quelque part dans la montagne…

J’ai trainé un peu le matin, il a fallu démarrer la moto en poussant, heureusement, à Lausanne, il n’y a que des pentes, j’ai pu me démerder tout seul et c’est tant mieux parce que Baptiste et Marco, chez qui je faisais étape, étaient déjà partis bosser. Dés le deuxième jour, je fais le relevé de mes handicaps ; c’est mon truc ça, le voyage à handicap, c’est presque comme si je m’en prévoyais quelques-uns pour être certain d’avoir une bonne panne de temps en temps, histoire de casser la routine du voyage au long court. Il faut bien reconnaître que je ne suis pas fanatique de la panne de premier jour. Autant avoir  l’impression d’être vraiment parti avant de guetter l’imprévu. Entre Lausanne et Montreux, la route surplombe les vignobles escarpés, derrière il y a le lac et au fond les hauts sommets des Alpes, je ne sais pas si c’est la plus belle route du monde, mais presque, ça, c’est sûr. En Suisse les autoroutes sont gratuites, enfin, il faut acheter une vignette en rentrant dans le pays mais comme rien ne le signale vraiment à la douane, on peut toujours faire comme si on ne savait pas…De toute façon, on ne m’a rien dit, y’avait pas un flic, alors j’ai pu aller jusqu’au bout du Valais avec une solide moyenne . Le Valais c’est la vallée la plus méridionale de la Suisse. Tant qu’il y a l’autoroute, on est en Suisse Romande et après Sierre, on reprend la petite route et on passe en Suisse Allemande. Sierre, c’est ma dernière balise nostalgique, il y a eu là pendant vingt ans le meilleur festival BD que j’ai jamais connu. Tout était au top, il faisait beau, il y avait des fêtes partout et j’avais l’impression d’être une rock star ; mais tout ça c’est fini, tellement fini que l’autoroute passe carrément sous la ville, pour bien me faire comprendre que  c’est rien que du vieux passé tout moisi, qu’il faut aller de l’avant et que l’avant aujourd’hui, c’est la Furkapass, un des trois cols qui se rejoignent au bout du Valais. Au dessus c’est la source du Rhône. J’étais déjà passé là il y a une trentaine d’année, on voyait le glacier, il y avait même une grotte taillée dedans avec des mecs habillés en ours polaires qui  vendaient des glaces aux mômes. Je n’ai plus rien vu de tout ça, c’est bizarre, je ne sais pas si  c’est le réchauffement climatique  qui a fait disparaître le glacier ou si je regardais du mauvais côté  mais je m’interroge ; il y a tellement de motards qui prennent ces routes de cols, ils ont dû tout faire fondre en vingt ans. De l’autre côté, après une longue descente, on arrive à Chur…c’est une drôle de région où l’activité semble intense et très hétéroclite. Il y a des usines modernes, des scieries et de l’agriculture. En Suisse, on préserve les champs, on ne les remplace pas par des zones industrielles toutes pourries, on alterne. On peut voir des tracteurs faire les foins entre deux pôles industriels et c’est plutôt une bonne idée. Quelque part ça me rappelle l’Afrique, les zones de maraîchages en plein Kinshasa…j’ai toujours pensé que la Suisse Allemande c’était une peu l’Afrique, mais je n’en parle à personne, c’est un secret, personne ne me croirait.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*