Le passage transgénérationnel…

Quand j’ai ramené ma moto d’Afrique, il y a trois ans déjà, je croyais que je ne repartirais pas tout de suite, je ne savais pas vraiment…j’ai rangé le matos sur des étagères dans le garage et j’ai laissé  la vie me guider. J’ai vu naître des enfants, j’ai découvert ces petites choses dont on m’avait parlé et auxquelles je ne croyais pas, j’ai compris des regards posés sur le mien, j’ai senti que ces yeux là comptaient sur moi et quelque-chose en moi a muté.

Quand j’ai ramené la moto d’Afrique, mes parents sont morts, comme s’ils avaient attendu que je sois rentré, pour ne pas m’obliger à revenir d’un pays lointain deux fois de suite. Ils ont eu la bonne idée de faire ça presque en même temps, ils étaient comme ça mes parents, discrets à l’ancienne, ils ont voulu mourir sans trop déranger. Je me suis donc retrouvé en passation de génération; une nouvelle arrivée, une ancienne disparue ; j’étais, l’air de rien, passé dans la troisième catégorie. J’aurais presque pu croire qu’il était temps de poser mon sac, mais je suis quand même reparti.

Quand j’ai planté la tente, le premier soir, sur le coteau Alpin, j’ai dû me rendre à l’évidence : mon matos était vraiment resté longtemps à l’abandon. En trois ans sur l’étagère, quelques rongeurs  de mes amis avaient eu, eux aussi, la certitude que je ne partirais plus jamais. Ils avaient donc décidé que creuser un petit nid dans les plis de la toile repliée, c’était plutôt un bon plan; mais pas pour moi… le petit nid se transforme en grand trou quand la tente est dépliée et après avoir compris que le froid et l’humidité adoraient se glisser par les trous dans les toiles, je me suis dit qu’à Budapest, je trouverait sûrement un couturier pour me sauver la vie…

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