La route de Omsk

Quand on reprend la route de Omsk à partir de Ichim, on s’enfonce encore un peu plus vers l’ailleurs. La route est devenue étroite et défoncée, il pleut. C’est mon premier jour d’automne, un vent latéral balaie la plaine immense et marécageuse. Parfois reviennent quelques forêts de bouleaux, elles  sont les bienvenue, elles freinent l’ardeur des bourrasques. Les dépassements de camions ont légèrement gagné en complexité. D’abord, les accotements sont des bourbiers et la route ne vaut souvent guère mieux, une fine couche gluante la recouvre et puis, pour ajouter du piment, le goudron est souvent transformé en taule ondulée. Soit de la perpendiculaire à la route, à l’Africaine, soit de la longitudinale, de l’ornière goudronnée, qui provoque un balourd latéral qui, outre le mal de mer, a aussi tendance à te balader un peu où tu n’as prévu d’aller. Ajouté au classique trou d’air de dépassement de camion, tout ça rend la route somme toute plutôt intéressante à décrypter mais un peu fatigante, à la longue. La nature tout autour ne varie pas beaucoup ; mais c’est étrange de voir que, dans ce pays, le temps des moissons, c’est après l’été. Tout ça crée d’étranges paradoxes paysagers, ces couleurs de feuillage d’automne et de blondeur de blé. J’ai même croisé un champ de colza. Voilà bien le problème majeur de l’agriculture dans ce pays ; on ne peut semer qu’après le dégel tardif et on récolte le plus tard possible. Tant que le moindre rayon de soleil peut faire mûrir les blés, on s’y accroche , on donnerait n’importe quoi ici pour que l’été dure juste un mois de plus… s’ il y a un pays où on attend le réchauffement climatique avec ferveur, c’est bien ici !

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