dans la steppe

Le matin après avoir mangé un bout avec un espagnol qui fait son tour du monde en Enfield, je suis allé raconter ma mésaventure à la police, je me suis dit que je pouvais tenter ça aussi ; ils étaient tous à grignoter un plat de graines sur le bureau d’accueil en matant la télé, ils m’ont très gentiment accueilli mais ils ne comprenaient rien à mon histoire, ou du moins pas grand chose. Il faut dire que dans ce pays, une fois sorti de la capitale,plus grand monde ne parle l’Anglais, on peut facilement se prendre pour Shakespeare…Ils sont allés me chercher une interprète, ça a un peu amélioré les choses… Il y a quelques années, j’avais vécu la même situation en Afrique centrale et en rameutant le plus de connexions possibles, après trois semaines, mon sac était retrouvé ; dedans, il y avait tous mes textes, mes croquis, mes notes, c’était plus important que tout…Je ne sais pas pourquoi je me mets à raconter un voyage d’il y a plus de dix ans ; j’ai parfois l’impression de ne voyager que pour me remémorer les voyages précédents. Heureusement la steppe m’a replongé dans la réalité la plus délectable. Après deux cents bornes de route goudronnée que je me suis enfilées à toute vitesse, la route est subitement devenue une piste, après un bled aussi anonyme que le précédent. La Mongolie par la piste, ça change tout ; ce pays qui ne pouvaient être que le royaume des cavaliers a tous ce qu’il faut pour séduire le motocycliste solitaire.On peut rouler partout sur ces collines. Après avoir suivi les innombrables traces et fini par me tromper de direction, j’ai compris qu’il fallait naviguer avec le soleil…En cas de doute, il suffit de demander à un berger ou aller frapper à la porte d’un yourte. Il y en a partout, dispersées dans les collines.On y est toujours très bien reçu sauf par les chiens, mais je sais à peu près y faire avec les chiens. Comme tous les prédateurs, le chien de garde attaque la proie qui fuit. Si on lui fait face, il hésite, voire recule…Il faut donc rouler vers la yourte en faisant reculer les chiens. Une fois que les chiens ont été rappelés par leur maitre, on est très bien accueilli, on repart avec un sac de fromage sec ou on est invité au repas en famille. Les discussions sont assez minimalistes mais tout le monde est content d’avoir un invité à la maison. A chaque fois je repars avec une vague direction, plein ouest, vers le soleil couchant. J’ai fini par me trouver une colline  abritée du vent avec une vue infinie vers le levant pour poser ma yourte à côté de ma moto bancale, sous le ciel étoilé…

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