Premiers pas Ouzbeks…

Je suis donc arrivé à la douane de sortie Kirghize. La route longeait des champs de maïs depuis un certain temps et puis subitement, l’air de rien, comme posée là en attendant mieux, sur le côté,  un peu comme une station service: la douane.  Je suis tout seul, c’est vite réglé…

Au bout d’une allée de muriers défoncée qui traverse un champ de maïs, la douane suivante ; là c’est autre paire de manches. Déjà, le portail ; pas de barrière mais un double portail chic, un peu comme si on arrivait dans une villa, sauf qu’à la place du paillasson, il y a un bassin pour rincer ses pneus. A l’intérieur, tout est propret et le personnel  en kaki est souriant. On m’invite à placer ma moto  devant une caméra qui doit  filmer la plaque d’immatriculation pendant dix minutes, ensuite il y a le contrôle médical.

Un homme en blouse blanche me demande quelques renseignements et puis  prend ma température et la note consciencieusement dans un grand cahier ; c’est très sérieux. Moi qui me traine un début de crève depuis la veille, je suis très surpris d’avoir trente quatre de température, mais ce sont sans doute des degrés Ouzbeks ; ensuite il faut faire la liste de tout ce qui a une certaine valeur dans les bagages, en donner l’âge et évaluer le prix et pour terminer, l’inventaire de tout le pognon qu’on a avec soi…combien de dollars et d’euros ; j’ajoute les roubles, les Temgens Kazakhs et les Tigrits mongols ; faut pas déconner avec le règlement. Quand je lui demande si c’est important les mille Tigrits, le fonctionnaire me demande si c’est comme mille dollars, je lui réponds souriant, toujours, c’est important, qu’il est possible que ça dépasse deux dollars, que je ne suis pas sûr, mais que je préfère les mettre ; le règlement, c’est le règlement. Après une fouille minutieuse des bagages, je peux reprendre la route ; le passage ne m’a pris que trois heures, j’ai eu de la chance, j’étais tout seul.

Un peu plus loin, je m’arrête  à la première bourgade ; un petit gars exubérant m’arrête pour que je mange quelques brochettes à la ginguette de son pote. On fait des photos, on change les derniers Soms Kirghizes en Soums Ouzbeks, je suis même invité à me rendre chez le jeune coiffeur d’en face ; il faut bien reconnaître qu’avec ma coupe « casque », un petit rafraichissement capillaire, ce n’est pas une mauvaise idée. Mais il faut que je reprenne la route, elle est encore longue et mon visa court. Après dix minutes dans le pays, je ne suis déjà plus en règle avec le contrôle des changes, on va se marrer à la sortie…

Le bouquin expliquait qu’après cette douane moins saturée que les autres, il y avait une petite route qui menait à Namangan, un raccourci. J’avais imaginé une nouvelle piste et une petite ville poussiéreuse ; la route est en très bon état, elle traverse une zone plutôt urbaine pour arriver à une grande ville toute neuve, avec de belles avenues, des bâtiments chics au look de casinos Kazakhs mais, étrangement, du wifi nulle part. Cette quête de connexion quotidienne est parfois fastidieuse et je me demande souvent si elle est indispensable. Mais elle me permet de rencontrer du monde… Un jeune homme est monté sur la bécane, il m’a emmené bien loin, dans un quartier périphérique où il y avait un cyber café devant lequel  était planté un Terminator Ouzbek sur une petite moto chinoise. Il est venu faire connaissance. Il m’a invité chez lui et m’a présenté son pote Mourad qui a une entreprise de menuiserie et parle bien l’anglais. Mourad me fait visiter son atelier, me présente à ses ouvriers puis m’emmène au mariage de son voisin avant de m’inviter à dormir chez lui. Son papa m’offre des chapeaux, sa maman des gâteaux… et son épouse des médicaments, ce qui est plutôt bien pour mon rhume mais moins pour la rime…    En Ouzbékistan, il faut s’enregistrer quotidiennement dans des hôtels et les fiches sont vérifiées à la sortie du territoire…je crois qu’une fois de plus, je suis bien parti avec le règlement…

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