Le temps du demi tour…

Il y a toujours quelques choses d’étrangement frustrant à faire demi tour, comme un parfum de défaite, l’idée d’abandonner une route qui aurait dû continuer vers l’inconnu. Un voyage se doit d’être une grande boucle ou tout au moins d’avoir une finalité prestigieuse, mais là, s’arrêter à Boukhara, faire demi tour sur la route du Turkménistan sans aller voir ce qu’il y a plus loin, battre en retraite alors que même de simples cyclistes alsaciens croisés à l’hôtels, sont prêts, eux, à aller  toujours tout droit… J’ai presque l’impression qu’il va falloir revenir un jour pour rattraper ce camouflet…mais de me souvenir que le cycliste moyen à le QI et l’énergie d’un taurillon vigoureux, me ramène à une certaine idée de la réalité, de la raison profonde d’un voyage. On vient ici, ailleurs ou autre part, non pas pour battre des records  mais pour se chercher et tenter de se retrouver ; le reste finalement, n’a aucune importance.

Une retraite, c’est aussi se replonger en pays de connaissance ; d’ailleurs, je n’hésite pas à m’arrêter aux mêmes endroits, je vais offrir des clopes au mécano qui m’a trouvé de l’essence, je vais boire un verre à l’hôtel à côté de l’aéroport perdu et  m’arrête casser la croûte aux mêmes bistrots. Il y a comme un air de retrouvailles à chaque fois. Ce n’était que trois jour avant, mais on m’accueille comme un lointain parent dont on attendait le retour. De Boukhara à Novosibirsk, il doit y avoir deux mille bornes… après quatre cent, je n’imagine toujours pas que je retourne vers l’hiver. Je pose ma yourte entre deux champs de coton, l’air est tiède, les grillons s’époumonent et je vais m’endormir.

2 thoughts on “Le temps du demi tour…

  1. Parce qu’il n’a pas de visa, ou plus d’essence. Ou qu’il faut laisser la moto dans un endroit accessible par avion l’an prochain. POURTANT, NORMALEMENT UN MOTARD NE REVIENT JAMAIS EN ARRIÈRE !!! Merci pour la balade, j’ai chopé froid rien qu’en regardant les images de l’Ouzbékistan. Je ne regrette pas de n’être pas venu, pourtant un grand bol d’air m’aurait sans doute fait plus de bien que les antidépresseurs. T’es vraiment increvable !

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