D’un camion à l’autre…

Ce n’est pas ma première douane en nocturne, mais en hiver et en poussant, si !      Après avoir remonté toute une file de camions, j’arrive exténué, haletant,  jusqu’au planton . Finalement, ça apporte un potentiel de sympathie compassionnelle d’arriver totalement minable pour un passage de frontière, mais on n’imagine pas à quel point les contrôles peuvent être éloignés les uns de autres quand on est bien installé dans une bagnole. Un jeune chauffeur de camion  propose de me déposer à Barnaul, là où Vitali m’avait trouvé un point de chute. Comme il semblerait que le relais qui devait me récupérer côté Russe ne sera pas là avant quelques heures, je saute sur l’occase, la moto est chargée en trente secondes grâce au pont élévateur et nous voilà partis pour cinq cent bornes de routes défoncées en nocturnes. La neige tombe, la moto avait bien flairé le coup. Mon chauffeur  est très organisé, il a tout à portée de main, comme moi sous ma tente. Je tends le bras gauche je tombe sur ma lampe frontale, le droit la bouteille d’eau et pendu à la faîtière, les lunettes et le téléphone. Mon chauffeur est tout aussi efficace, on a chacun nos cockpits. Sans écarter son regard de la route, il a sa bouteille de Coca, sa soufflette pour se rafraîchir le dos et son sachet de graines  qu’il croque en écoutant la musique  à fond les basses pour rester éveillé.

Parfois il s’arrête pour récupérer des lièvres fraîchement écrabouillés. Avec son couteau de Rambo, il les dépiaute et les éviscère à la lumière des phares…et si je faisais la route, sans m’en douter, avec un sérial killer Russe ?  A cinq heures du mat, je suis toujours vivant, son Man s’arrête à côté d’un Kamaz de la même hauteur, la moto passe d’une benne à l’autre, tout a l’air incroyablement minuté ; ça c’est l’effet Vitali !

On me prête un appartement surchauffé au centre de Barnaul, je n’arrive pas à trouver le sommeil, en quelques heures on a avalé les douze cent bornes de la fin du parcours…il ne me reste qu’à disséquer la moto pour lui faire son bilan annuel, je me lève pour aller marcher un peu dans ces rues enneigées où la bécane ne roulera pas…

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