La pluie revient sur Khandiga


ptiluc1

Le lendemain, ça flâne, à l’internat. Pavel rapplique vers onze heures et nous voilà partis en quête de quelques accessoires, fusibles ou relais qui pourraient me dépanner plus loin.L’horizon s’assombrit et le tonnerre gronde, mais nous continuons, impassibles, à arpenter sans succès les boutiques de pièces détachées. Khandiga , bien que marquée en caractères gras sur la carte, n’a pas grand chose à proposer. Je change quand même un peu d’argent, je sais qu’après, il y a beaucoup moins d’agglomérations le long du chemin et si un ours me rackette, il vaut mieux avoir un peu de monnaie dans la poche.

Le ciel s’éventre et la pluie tombe dru… on se réfugie dans notre resto ouzbek favori.

Pavel me raconte un peu sa vie, les grands chantiers souterrains dans les mines d’or, cinq cent bornes au nord ; le froid, l’ennui, les congés deux jours par mois avec pour seule perspective, une virée à Khandiga, qui aux yeux des mineurs deviendrait une sorte de Las Vegas où venir claquer sa paye… mais où donc ? Je m’interroge ; on a déjà du mal à y trouver des fusibles pour la bécane !Le frère de Pavel débarque du nord, il passe le prendre avec un gros camion Kamaz pour l’emmener au boulot, là bas, à la mine du nord. Pavel a le regard transparent d’un gamin qui a encore tous ses rêves en stock derrière les yeux, son frère a le regard obtus de celui qui ne rêve plus à rien depuis longtemps, l’allure avachie, le bide pointé vers les flaques… Leur programme c’est biture familiale, je décline poliment l’invitation qui sent grave le piège mortel alors que moi, je suis prêt à repartir.

L’orage à cédé la place à un ciel de traine… au loin ça s’éclaircit déjà… demain, je pourrai aller voir un peu plus loin comment la piste a résisté à l’orage…d’après la carte, il n’y a pas grand chose avant trois cent kilomètres…L’aventure commence t’elle après Khandiga ?