Yura

Yura conduit avec application, des heures durant, son Kamaz six-six, nouvelle génération. Il s’arrête souvent pour vérifier le chargement, faire un thé chaud ou s’acheter des bières. Les paysages défilent, les routes sont presque toujours dégagées ; quelques petits tronçons encore enneigés, quelques passages de boue, mais que peuvent craindre six roues motrices comparées à ma pauvre et unique roue, même vaguement chainée. Je me repose sur la compétence de Yura ; il peut réajuster le paquetage de la cabine encombrée, relever le lit suspendu qui n’arrête pas de se vautrer ou déboucher une Heineken de plus en gardant un cap impeccable. On discute très vaguement, mais mes dessins l’amusent beaucoup, finalement on forme une assez bonne équipe ; on verra quand lui viendra l’idée d’entamer son baril de vodka UHT… ce sera la surprise. La route d’Omsushan est tout aussi bien entretenue que la route fédérale ; pas d’ornière, des ponts tout neufs… de toute façon, on le sait depuis le début, c’est après que ça va se compliquer… Nous tirons vers le nord, le soleil se couche à neuf heures et demi, lentement, après avoir teinté de roses les collines enneigées. Le ciel reste bleu foncé bien longtemps et on ne fera que les cent derniers kilomètres dans la nuit noire. Arrivés à Omsushan, dernière bourgade desservie par une route fédérale, Yura me montre mes nouveaux appartements au dessus d’un garage; il y a presque tout le confort moderne mais pas très bien rangé. On fera étape une journée ici. Yura doit chercher d’autres camions pour former un convoi. Sur la route d’Omolon, on ne s’aventure pas tout seul. Il reste un peu plus de cinq cent kilomètres, mais vraisemblablement, ça prendra un peu plus de temps que l’étape précédente…

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