Futur ébulitionné circonstanciel


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Pendant ce temps-là, l’infiniment petit président se demande dans son onze mille mètres carrés avec jardin si il faut prolonger ou non le confinement. Il y a d’un côté la pression économique qui veut relancer tout le bazar et de l’autre la pression médicale qui voudrait confiner à perpette pour continuer à sauver quelques sujets à risque qui risqueraient de saturer  à nouveau morgues et hôpitaux. Mais il y a d’autres sujets à risques et puis le risque n’est pas que viral. Il y a tout ceux qui, coincés dans des logements trop petits depuis deux mois, commence à frapper femme et enfant, à fumer le papier peint et s’enivrer en sniffant l’essence de la Twingo coincée au parking, il y a ceux qui commencent à se pendre aux lustres…Il y a le petit peuple qui fut un temps celui des ronds-points, il monte lentement en ébullition et ne demandera bientôt qu’à exploser à nouveau…

Présent microcosmique


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Le confinement c’est le repli sur la contemplation du microcosme ; je n’ai jamais autant observé les insectes que ce printemps-ci. Après avoir croisé les éléphants en Afrique Centrale et craint de camper sur la route du grizzly en Sibérie, j’adapte l’observation animale au nouveau cosmos restreint.

Je suis accompagné d’une chasseuse d’image redoutable. Moi, en insecte comme en champignon, je regarde toujours à côté de la cible. Elle, elle sait poser l’oeil sur la bestiole tapie.

L’infiniment petit est redevenu à la mode grâce au virus qui défraie la chronique. La nature qu’on ne maitrisera jamais recommence à nous faire peur comme au moyen âge, on y craint partout des menaces de mort sous les feuilles mortes… Et puis après tout, merde, la vie c’est la mort, non ? C’est la seule  vraie promesse qu’on peut nous faire à la naissance, elle sera toujours tenue. Ce n’est pas sacré, la vie, quoi qu’on en pense. Regardons enfin notre réalité brute : notre destin ce n’est pas de finir alzheimerisé dans un hospice, mais bien de mourir un jour, de nourrir les charançons puis d’enfin devenir du compost sur lequel renaîtra autre chose. En attendant, je vais me coucher tôt ce soir… mais avant , je regarderai sous mon lit, comme quand j’étais petit, si ne s’y cache pas quelque créature diabolique…

Présent stationnaire


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Je me demande ce que vont penser ceux qui suivent habituellement mes blogs de voyageur motocycliste. Un périmètre de quelques ares à explorer, ça change de milliers de kilomètres à avaler en six semaines.  Cette année, il me serait bien compliqué d’évaluer la distance parcourue durant ce périple autour de chez moi, il n’y a pas de tachymètre sur mes pompes, ni d’altimètre pour y ajouter les distances verticales d’arbre en arbre.

Pas non plus de rubrique mécanique puisque pas de panne. Pourtant on essaye de remettre en service quelques vieilles pétoires au fond du garage. Quand il pleut c’est bien pratique comme activité de secours.

Je pourrais aussi transformer ma rubrique motocyclisme en rubrique motoculture, avec essais comparatifs de tronçonneuse, je commence à maîtriser le sujet. Evidemment, je pourrais aussi dévorer de la doc pour mon prochain projet d’album, dessiner frénétiquement, mais le confinement a un effet pervers sur l’énergie créatrice. Les premiers jours, on croit que ça va bouillonner dans le crâne, mais, très vite, tout tourne au ralenti, l’inspiration sommeille, elle confine, elle macère; ça manque cruellement d’air tout ça, malgré les arbres tout autour.

Futur improbable


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La terre qui se venge, le vivant qui se rebelle contre son plus mauvais sujet : quel beau scénario. On imaginerait si bien des attaques de bêtes sauvages, des escadrons de sangliers, de corbeaux de mouettes ou de rats. Des orques ou des baleines qui renverseraient les yachts de Saint Barth,  des oiseaux en colère sur l’Amérique confinée, des essaims d’abeilles furibardes sur l’Assemblée Nationale, de frelons asiatiques sur la tronche de Kim Jon Un… ah; on me signale que ce n’est peut-être  plus nécessaire…

Mais revenons au sujet;  contre cette faune en colère, l’humain sortirait ses bazookas et ses pesticides, il trouverait encore un prétexte pour se délester de ses stocks, de relancer son économie militaire et pharmaceutique. Le petit virus, c’est tellement plus malin pour nous faire comprendre que nous ne sommes vraiment pas grand chose. Tiens, il reste encore quelques arbres à élaguer. Je vais pouvoir vérifier si le pin rebelle décide de m’éjecter. La dernière fois, mon assistant providentiel s’est fait dévorer par des fourmis, tout en haut d’un vieux conifère tordu ; c’est  pas un signe, ça ?

Présent double et futur messianique


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Un agent de l’ennemi…. Bien sûr, cet agent Sarkov est envoyé pour nous nuire, nous, gentils humains qui ne faisons que des choses bien sur cette planète. Mais qui l’a envoyé, ce rascal? Les infos nauséeuses roucoulent sur le Net. Les évangélistes qui veulent prendre le pouvoir, les labos pharmaceutiques qui cherchent un nouveau filon rentable, Daesh qui veut voiler tout le monde, les gouvernements Européens qui rêvent d’une excuse incontournable pour refermer leurs frontières, les chinois et leur labos secrets, les russes parce que c’est les russes et qu’on aime bien avoir peur des russes, tout nazes que nous sommes à croire que ce sont toujours les américains nos amis alors qu’ils sont dirigés par un guignol peroxydé qui, lui, ne rêve aussi que de puissance absolue et de frontières fermées. Et si c’était les extra-terrestres, et si c’était Dieu ou Gaïa, notre terre mère ? Il y a un nombre insensé d’infos roucoulantes… le Messie va t’il revenir ? Ne reviendrait-il pas sous les traits d’un médecin biglebowskien marseillais ou sous ceux d’un petit président qui se sent investi d’une puissante mission ? Oui, mais pour faire messie comme boulot, il faut savoir faire des miracles. Et si comme planification de miracle, on a que la relance de la croissance en ligne de mire, c’est mal barré pour assurer le job !

Imparfait viral


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Au départ, le virus, il avait un nom de bière, ça lui donnait presque un côté sympathique. Cette bière sucrée a d’ailleurs la particularité de rendre les gens sympathiques ; la preuve : ce filou de Chirac n’en était-il pas un ardent consommateur ? C’est quand même, n’oublions pas, la bière et les pommes qui l’ont ramené une deuxième fois à l’Elysée…

Quand les autorités politiques et scientifiques se sont rendu compte que les citoyens continuaient à savourer collectivement les premières chaleurs printanières au parc ou à la plage, ils se sont concertés pour trouver un nom plus crédible… alors ils ont rebaptisé le virus « Covid 19 ». Voilà qui fait plus sérieux… mais pourquoi 19, qui était Covid deux, sept ou douze ? Mystère. Nous, nous avons droit à Corona-nom-de-code-Covid . Le virus c’est un peu un agent secret, on ne sait pas de qui, toutes les rumeurs circulent allègrement sur la toile. Mais tout comme James Bond007, Covid19 flaire bon l’espion polymorphe insaisissable, le type sournois voire l’agent double. Mais le français, un peu magouilleur par nature, a toujours aimé les agents doubles, alors, après un bon mois de confinement, il a recommencé à baguenauder au parc ou à la plage. Fallait-il murer les parcs et poser des mines antipersonnelles sur les plages? Il était urgent, une fois de plus, de lui trouver un nouveau patronyme plus anxiogène : on l’a retoqué en Sarskov2… là ça fait peur, on est en pleine psychose style guerre froide, on nous ressort le  bon vieux péril Soviétique ; c’est une valeur sûre. Sarkov2, l’espion venu de l’Est, péril jaune et rouge réunis en une seule bestiole terrifiante, fils  présumé de Sarskov1, Sarskov2 va nous foutre tellement les jetons qu’on va réclamer quinze jours de confinement supplémentaire pour être certain de ne jamais le croiser à la supérette.

L’agent Sarskov… ça me fait un peu penser à l’horrible colonel Karpov dans un vieux film de De Broca, avec Belmondo dans sa période magnifique… mais faut pas le dire, sinon tout le monde va encore retourner à la plage !

Futur masqué


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Reconnaissons-le, dès qu’on sortira de chez nous, ce port de masque obligatoire quand on se glissera à l’extérieur, va donner un sacré coup d’austérité à l’espace public. Quelques soient nos tentatives pour égayer ce phénomène, on aura beau porter des masques bariolés, enrichis d’un sourire factice, la réouverture de certains commerces aura quand même une drôle d’allure, dans trois semaines. A quoi donc ressemblera la quête des croissants matinaux sans le sourire de la boulangère ? On aura plus droit qu’aux formules classiques  « qu’est ce qui vous ferait plaisiiir ? », « et avec ceciiii ? » …Sans le sourire qui va avec, ces formules toutes faites, apprises dans les formations accélérées des BTS de commerce, vont nous paraître encore plus grotesques que d’habitude. Va t’on pouvoir réellement réapprendre la vie sociale sans sourire ? Ne va t’on pas se sentir encore plus confinés que quand on se réorganisait une vie sociale de voisinage ? Je me souviens d’avoir ressenti la même chose il y a quelques années, quand je m’étais échoué, avec ma moto, à Sanaa, au Yemen , du temps où c’était encore debout, avant qu’un guerre stupide commence à raser ce pays sublime, guerre qui semble t’il aurait été arrêtée par ce fameux virus, mais, tout en m’interrogeant, je m’égare dans des phrases interminables.

Dans un taxi collectif, donc, je m’étais retrouvé avec un groupe de femmes en voile intégral… pas un mot ne fusait, visiblement j’étais intrus. Je ne regardais que leurs chaussures, ne sachant quelle attitude adopter.  Et  dans trois semaines ? Nos déplacements en transports en commun se feront-ils sous la même chape de plomb ?

Songe d’un passé décomposé


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La nuit dernière, j’ai fait un rêve bizarre…dans un Paris survolté, à la sortie d’un salon de bande dessinée, il fallait que je me rende d’urgence à la gare du Nord. Elle n’était pas bien loin cette gare, mais impossible de la trouver. La Gare du Nord était en réalité un ensemble de bâtiments orientalistes plus baroques les uns que les autres, assez proches et reliés par des vieux ponts pavés. Tout ça ressemblait plus à l’exposition universelle de 1900 qu’à une station SNCF.  Il y avait une gare par destination, celle de Maubeuge, celle d’Arras et bien d’autres encore. Après avoir salué chaleureusement les innombrables amis du salon, je suis passé de la course à pieds dans la foule, au taxi collectif, au bus bondé, à tout ce qui pouvait m’emmener à cette gare que je ne trouvais jamais. J’ai demandé ma route à d’innombrables passants, tous disponibles pour m’expliquer le chemin à prendre. Je ne sais pas si j’ai réussi à avoir ce train, je ne sais même plus où il devait m’emmener… Je rêve souvent que je perds ma route, que je cherche un lieu, une destination ou un refuge mais c’est la première fois qu’il y a autant de monde, c’est mon premier rêve agoraphile, mon premier rêve de confiné…

Conjugaison plus qu’imparfaite


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Les adaptations clandestines de confinement m’ont apporté un peu de main d’œuvre. Voilà qui ne pouvait pas mieux tomber. C’est épuisant de jouer les bûcherons et puisque je suis à l’orée de la tranche d’âge critique, l’arrivée d’une main d’œuvre providentielle me permet de débiter au sol, de gérer cordes et échelles mais plus de saisir la tronçonneuse à bout de bras en retenant les grosses branches pour en gérer la chute. Le confinement m’a appris, entre autre, que certains métiers méritent bien des primes à la pénibilité et des régimes spéciaux. Quand je découvre l’état de mes poignets après un mois, je me dis qu’un bûcheron, après quarante ans de carrière, ça doit être sacrément plus fatigué qu’un dessinateur de bandes dessinées. Il faudrait que les ministres du travail, des retraites et de la santé, plutôt que de faire des ronds dans l’eau sur les médias, profitent du confinement pour aller faire un stage d’un mois ou deux à la mine, aux champs ou à l’usine. Je crois que c’était un peu l’idée de Pol Pot et que même il avait écrit une thèse à la Sorbonne à ce propos. Comme je n’ai pas l’âme d’un Khmer Rouge , ce raisonnement simpliste mérite sans doute une analyse plus profonde. Mais bon, je l’imagine bien la ministre des armées dans la poussière du Sahel ou celui du travail, à la chaine chez Renault… ou le président, confiné dans un deux pièces à la Courneuve, même pas deux mois, juste trois jours, ça le changerait de l’Elysée qui n’est pas le pire pied à terre pour un Parigot confiné…

Impératif élastique


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Après un mois, en fait, on ne s’habitue pas vraiment ; on commence à se dire que ça va durer, on nous martèle suffisamment que rien ne sera plus comme avant. Au début, on prenait vraiment ça comme des vacances forcées en prévoyant déjà les virées sur les routes, les festivals d’été et les bistrots qui n’attendaient que nous. Psychologiquement, deux mois, c’est un bon timing pour assumer une mutation. Les batteries des motos se sont déchargées et l’essence a séché dans les carbus, le printemps est redevenu pluvieux et l’été, plus que jamais ,hypothétique.

Les confinements se modifient en cachette. Ceux qui croyaient pouvoir tenir quelques semaines, commencent au deuxième mois à envisager des sorties en cachette, voire des changements de confinement. Ils ressortent les vieilles cartes pour ne pas être géolocalisés par les GPS, ils préparent les itinéraires comme des plans de bataille pour échapper aux contrôles renforcés. Les amants se retrouvent, les amis aussi et les voisins s’organisent. Maintenant que tout le monde sait que les grands rassemblements seront annulés et que les bistrots resteront fermés, des micros rassemblements solidaires se mettent en place entre voisins. Dans les immeubles, ou dans les rues, par les paliers ou les jardins, on recommence à communiquer, échanger, se resocialiser. De nouveaux tout petits horizons sociaux se sont ouverts dans le monde confiné de la proximité imposée…

Participe papier


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Pour le deuxième mois, on s’organise… Conscients que de joncher les trottoirs d’attestations dès qu’on sort juste faire pisser le chien consomme un peu trop de papier, il a été décidé en haut lieu qu’on allait passer à la technologie moderne. Être moderne ça n’a que des avantages. On économise la pâte à papier dont on va avoir bien besoin pour faire péter la planche à billet et puis on enlève un prétexte de plus à Bolsonaro pour déboiser l’Amazonie. C’est qu’il aurait été capable, cet énergumène, de prétexter une aide aux pays en demande croissante de papier monnaie pour justifier un déboisement encore plus massif du poumon vert,  provoquant sans doute, en plus, une migration massive de chauves souris dans les villes avec les conséquences tragiques que l’ont connait, dès qu’elles se mettent à chier sur des pangolins ou des lapins nains.

On peut donc, désormais, télécharger l’appli d’attestation. Quand on fait pisser le chien et qu’un flic passe par là, il suffit de lui faire biper le code barre et c’est réglé. C’est super simple, plus besoin de remplir une feuille en écrivant, en toutes lettres, qu’on sort faire pisser le chien (des fois que ça ne se verrait pas, on est jamais trop prudent)… et là où c’est incroyable le progrès, c’est que si on va faire pisser le chien un peu plus loin et qu’on dépasse la limite autorisée, grâce à la géolocalisation, on a direct le GIGN qui nous tombe sur la tronche…il est pas beau, le monde moderne ?

Futur politico-messianique


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Le p’tit président prépare ses arrières, il se voit déjà nouveau messie, sauveur de l’Humanité et aussi de la Croissance. S’il pouvait réussir ce doublé-là, avouons-le, ce serait un sacré champion. Mais bon, une telle équation, ça va encore prendre plus de temps à pondre que le vaccin qui fera la nique au Corona. Dans son grand programme messianique, il y a aussi de balancer la dette des pays d’Afrique. C’est une bonne idée, mais que vient-elle faire dans ce planning? Comment ils vont prendre ça, les banquiers qui l’ont mis à l’Elysée ?

C’est peut-être une tactique à long terme; s’ il arrive à faire passer ça, à la fin de son mandat, il demandera de faire pareil pour la France, parce que, bon, hein, les milliards de milliards qu’on débloque pour faire face aux effets pervers de l’épidémie, ce serait pas mal qu’on ait pas à les rembourser quand on sera, nous aussi, au bord du chaos…

 Conversation virale


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Quand le virus du Corona rencontre celui du Sida, ils se tapent la causette. Ils comparent leurs expériences respectives. L’ancien se marre bien quand il entend dire qu’un vaccin sera prêt dans les mois qui viennent, alors que lui, ça fait trente ans qu’il se balade et qu’aucune vaccination n’est venue lui barrer la route. Mais peut-être que c’est une question de cible. L’ancien, c’est le mauvais gars, ses victimes c’est rien que des défoncés et des pédés et il se propage par le sexe et la drogue. Ses victimes seraient restées chez elles, avec femmes et enfants, dans la droite ligne de la bonne éducation judéo-chrétienne, elles n’auraient jamais chopé la moindre maladie.

Le petit nouveau s’attaque surtout aux vieux, il décime les maisons de retraite et se propage de manière insidieuse. Il ne choisit pas ses vieux, certains sont de bons chrétiens, leur vie fut moralement exemplaire, alors ils ne comprennent pas pourquoi Dieu les punit. Les politiciens sont souvent pas tout jeunes et moyennement exemplaires alors ils votent des crédits pour que la recherche sauve leur vieille peau. Trouver un vaccin pour sauver les vieux, ça semble être un mauvais créneau, n’oublions pas que des vieux, il y en a de plus en plus et que, contrairement aux drogués qui font rarement de la politique, ils ont une bonne mutuelle.

On va peut-être mettre quelques années à trouver le vaccin… d’ici là, on vivra confinés, masqués et télésurveillés. D’ci là, j’ai le temps de devenir super vieux… ça me fatigue tout ça ; je vais boire un coup et aller m’écraser devant une série…en attendant la suite, comme des millions d’autres…demain, je trouverai bien un arbre à élaguer…

Anticipatif conditionné


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Je suis allé faire des courses ; pas grand’chose et une demi heure avant la fermeture pour éviter la file stressée et masquée. A cette heure-là, les familles sont attablées pour le repas, scotchées au journal télévisé, histoire d’entretenir le malaise à coup de statistiques mortifères.

Il n’y a toujours pas beaucoup de farine… le français stocke ; on peut le comprendre, après la queue à la supérette, il peut avoir envie d’éviter celle de la boulangerie, même si, paraît-il, une consigne officielle leur a été donnée de rester ouvertes sept jours sur sept. Il a dû y avoir un boum sur les machines à pain, c’était le moment d’acheter des actions chez Darty.

Ah bon, c’est fermé, Darty  ? Bon ben tant pis …c’est encore ces enfoirés d’Amazon qui font rafler le marché…

Il y a aussi une rupture au rayon papier cul ; là, je comprends moins… il n’y a aucune raison de passer plus de temps aux toilettes en période confinatoire, même si on se fait royalement chier. Après un mois, ce constat ne tient pas comme preuve scientifique. Et puis il serait temps de réapprendre les pratiques ancestrales, de se laver avec un peu d’eau… une main pour manger, une autre pour se torcher. J’avais appris ça il y a bien longtemps dans les dunes sahariennes, même qu’il ne faut jamais se tromper de main… et si je me replongeais dans une mise en situation en retournant sur le blog de 2005… http://blogs.motomag.com/ptiluc/index.php?post/2008/05/03/anecdote-gastrique-la-suite

Présent futur ou futur présent


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Tout le monde le sait, tout le monde le sent, tout le monde le dit ; il n’y a plus de présent ou de futur, juste un peu de passé, si proche et si lointain à la fois. Il n’y a plus qu’un sujet de conversation, qu’une nouvelle aux infos, qu’elle soit  bidon ou crédible , fakeniousée ou étayée, les infos n’ont qu’un seul sujet …mais il a remplacé tous les autres. Plus de problèmes sociaux, ou du moins ça ne se voit pas encore, plus de réforme de retraite, tout le monde l’a prise en version ultra anticipée, plus de délinquance, tout le monde est confiné, plus d’accidents de la route, les bagnoles restent au garage, plus de terrorisme, même chez Daesh, on est coroné, plus de migrations, les frontières de l’Europe sont fermées, celles des pays, celles des régions, des villes voire des hameaux. Plus de problèmes environnementaux, le bilan carbone n’a jamais été aussi bon. Plus qu’un seul mot : le virus… et un seul corollaire, l’anxiogénité… car on flippe tous un peu sur l’après sans cesse repoussé, mais c’est jamais qu’un tout petit flip, parce qu’on est tous dans un vague état second.

Présent  futurement mal influencé


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Un mois de plus c’est un sacré programme. Il paraît que c’est le temps qu’il faut pour fabriquer des tests, des gants et des masques pour tout le monde. Je ne sais pas si tout ça est fait en matériaux recyclables. Les gants abandonnés sur les parkings laissent rêveurs quant au sursaut de conscience environnementale des masses confinées. Quant aux feuilles qui, l’automne revenu, se ramassent à la pelle, en ce printemps, ce sont surtout celles des attestations qui jonchent sentiers et trottoirs ; bien entendu à moins d’un kilomètre du domicile  de leurs transcripteurs confinés à qui je devrais peut-être les ramener… c’est pratique, il y a l’adresse dessus.

confinement et futur des vieux…


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Y z’y pensaient même pas les papys réacs quand ils se sont dit que ce serait vachement bien d’élire un président tout frais sorti des études, plein de bonnes idées pour leurs comptes épargnes.  Ils ont oublié que les jeunes, ça ne pense jamais aux vieux. Ils ne savaient pas pourquoi, avant, on avait  toujours des présidents vieux. Sauf Giscard, mais lui, il y a tellement longtemps qu’on le voit vieux , qu’on oublie qu’il fut un président jeune, chauve certes, mais jeune quand même.

Présent alternatif


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Le temps confinatoire est de plus en plus suspendu… quelle heure est-il, quel jour sommes nous ? On s’y perd et si ça continue, nous ne tarderons pas à nous demander quel mois ou quelle année ; c’est qu’on commence déjà à nous parler de certaine mesure pour septembre…et puis, d’un côté on nous parle aussi d’effort de guerre et de l’autre de manifs déjà prévues dès le premier jour de déconfinement… alors on  nous fait confiner toujours un peu plus, au nom de la santé de tous, ça laisse au petit président le temps de préparer son discours hebdomadaire… c’est que ça ne doit pas être facile pour lui de parler de croissance, de relance, de ces mots d’un autre temps, quand tout nous dit qu’il est temps de chercher comment garder la pause…

…ah ça c’est sûr que ça devait être plus simple de faire un discours pour la mort de Johnny…

Conditionnel indicatif


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Où serais-je à l’instant si tout était resté comme avant ? Dans un camion sans doute, quelque part, juste au dessus du cercle polaire, ou sur ma moto, fièrement chaussée de ses skis pour sol gelé à moins que ce ne fusse coincé dans un hôtel à attendre, selon la conjoncture, un papier ou un rapatriement. Mais je suis chez moi, je taille des arbres et je plante des patates. Je bricole aussi les vieilles bécanes du garage… c’est très important de le signaler car ce blog est un blog de motocycliste qui aurait dû être suivi par des assoiffés de bicylindres et de grands espaces. Eux mêmes étant coincés en confinement, le seul grand espace que je peux leur offrir, c’est celui des garrigues environnantes contemplées depuis les cimes des pins…

Depuis l’année dernière, la Mutuelle des Motards, m’assiste dans ces rêves d’expéditions lointaines, mais cette année, l’un comme l’autre, nous devons subir des changements de paradigmes inopinés.

Après le huitième arbre élagué, je commence à me faire assister en respectant la distance réglementaire ; c’est plus facile qu’au bistrot : un qui coupe au sommet et l’autre qui débite au sol, c’est pas avec nous qu’il va se propager, le virus. Mais sans doute que le lecteur motard, assoiffé d’ornières défilantes et de carbus ruisselants, ne va pas y trouver son compte dans cette chronique immobile. Et pourtant, les triomphes de confinement ont certes moins d’allure, mais on en jouit avec  autant de délectation… signe du temps qui passe, les premiers plants de patate sont sortis de terre… … et si cette année, je ne pourrai pas planter le drapeau de la Mutuelle sur le Cercle Polaire, ce n’est pas sans une certaine fierté que je le planterai au milieu de mon potager renaissant.

Présent obsessionnel et futur alternatif


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Le printemps précoce continue à exploser de partout mais personne ne s’en inquiète, sinon à l’idée de ne pas pouvoir aller se promener au bord de l’eau. Les sources d’informations, toujours engorgées des mêmes obsessions, ignorent, pour une fois, les chiffres de ces températures records, préférant ceux des statistiques médicales et des indices économiques. Pourtant, une fois de plus, comme après chaque soubresaut de l’histoire, quelques esprits éclairés nous expliquent que tout ça est étroitement lié. Qu’importe, même si plus que jamais, tout pourrait être prêt pour un changement de cap, on ne cesse de nous parler de reprise mais qu’est ce qui va reprendre exactement ?

Futur anxiogène et présent anxiolytique


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Les infos d’internet et les annonces gouvernementales rendent cinglé et parano ou détaché et vaguement inconscient… on est aux aguets, ce qui  est déjà en soi est un signe d’anxiogénité discrète.

On guette la sortie confinatorienne mais on ne sait pas vraiment qui sort quand et de quoi puis surtout pourquoi… mais je crois que personne ne le sait vraiment… tout est toujours, comme en voyage, une question de détachement et de patience…

Présent zoologique passéiste


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On ne se méfie jamais assez des pangolins. Comment faire confiance à ce mammifère déguisé en reptile ? N’est-ce pas donc louche cette histoire ? Et les chauve souris ? Il faut en penser quoi des chauves-souris ? Des mammifères qui se prennent pour des oiseaux ; encore des agents double, ça ne fait aucun doute. Des mammifères qui trahissent leur camp, le nôtre, pour s’allier à des micro-organismes afin de nous déclarer une guerre de l’ombre, en voilà un sacré scénario. Ajoutons à ça un zeste de péril jaune avec des chinois entassés dans des villes surpeuplées et surpolluées, à côté d’usines bactériologiques mais qui continuent à perpétuer des traditions d’une autre temps en se persuadant toujours  qu’une infusion d’écaille de pangolin va leur filer la trique pire que dix boites de viagra… à moins que ce ne soit de la corne de rhinocéros, je ne sais plus trop, je crois qu’en haut des arbres,  et même en bas, je dois commencer à  avoir des hallucinations d’altitude…

présent recomposé


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Un mois de vacances… on leur aurait dit ça il y a quelques semaines encore, les mômes, il n’y auraient jamais cru. Un mois sans école, un mois à la maison, qu’est-ce que j’en aurais rêvé quand j’étais petit. Mais certaines choses, dans la précipitation des mesures confinatoriennes, avaient été mal expliquées… y’ savaient pas tout les mômes ; qu’ils seraient tout le temps avec leurs parents, sans leurs copains, sans aller faire les andouilles dehors, ni au parc, ni sur le parking ou le terrain de basket ; nulle part, en fait. A force de ressortir les vieux jeux de société de quand les parents étaient p’tits, les « Mille-Bornes », les « monopoly » et les « sept familles » tout jaunis, ils en arriveraient presque à regretter l’école, les mômes !

participe présent


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Tous masqués et gantés, on fait nos courses en style aseptisé, bien écartés les uns des autres pour ne pas se postillonner dessus, ça aide à la conversation, c’est sûr… Au supermarché, on discute autant qu’en haut des arbres. On paye avec la carte parce les biftons c’est super dégueu et puis comme ça, quand le confinement sera terminé, on aura pris l’habitude de tout payer avec un bout de plastoc, de lire et d’aller au cinoche sur Internet, de ne parler à personne dans la rue et de demander l’autorisation de sortir, même pour aller vider la poubelle au coin de la rue en ayant, bien sûr, toujours nos papiers sur nous. Quand le mode confinatoire sera terminé, certes les oiseaux auront eu quelques semaines pour chanter peinard dans un air un peu plus pur, et nous, pauvres de nous, nous serons vraiment parés à devenir les petits robots aseptisés dont tout pouvoir rêve en secret…

Futur Européen…


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Depuis que les frontières se sont refermées, on dirait que des petites frictions entre voisins reviennent comme dans l’ancien temps. Il suffit qu’un avion fasse escale quelque part avec une cargaison de masques ou de respirateurs, pour qu’il redécolle un peu plus tard avec une partie de ses soutes allégées.Si la maladie a mis tout le monde au même niveau d’un bout à l’autre de la planète, elle ne nous a pas rendus tous frères pour autant. Du respirateur au paquet de nouille, il n’y a pas de petits profits. Les voisins de pallier peuvent devenir si lointains depuis qu’on se la joue à chacun chez soi et que dire des voisins de frontières ; ils redeviennent des étrangers, des ennemis potentiels, des  ignobles voleurs de masques, des infâmes contaminés… Au début, ils faisaient bien rire ces cons de chinois, bouffeurs de pangolins dans leurs villes super polluées, puis ces ritals pas sérieux qui déconnent tout le temps, font la fête dans la rue en bouffant des  pizzas et n’ont pas leur pareil pour se refiler des virus à tout va…

Maintenant, on rigole moins, on fête les anniversaires en visioconférence , on prend l’apéro sur wattsap et on cherche de qui on pourrait bien se moquer… sinon de nous…

Présent, passé, futur…


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Première semaine de vacances, troisième semaine de confinances.

Le printemps explose de partout et, bien que les écoles soient fermées et les boulots en suspens, il est difficile, surtout en appartement, de ne pas penser que, dans la réalité d’avant, on serait tous en vacances… à la mer, la montagne ou la campagne… mais les plages sont interdites, les remontées mécaniques à l’arrêt et les chemins de randonnées sous haute surveillance. Les gares et les aéroports sont presque déserts, les agences de voyages ont tiré le rideau et les compagnies low coast  sont au bord du dépôt de bilan.

Peut-être qu’après cette étrange période, on réapprendra à s’éblouir de la vue d’un chemin creux à deux pas de chez soi. Les aéroports deviendront des lieux désertés, des témoins d’un autre temps, cathédrales du culte des vacances de masse, abandonnées aux quatre vents,  espaces vides rendus aux oiseaux de passages. Ils seront comme ces hôtels en ruines au bords des nationales déclassées par les autoroutes, ces grands projets d’autres époques, abandonnés parce que de tous temps et pour d’innombrables raisons, les temps ont changé presque sans prévenir.

Ou peut être que tous les aéroports deviendront comme celui de Notre Dame des Landes, autre projet désuet qui eut la bonne idée de basculer dans un monde parallèle avant qu’on y ait posé la première pierre…

Présent parallèle


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Pendant ce temps-là en ville…. Tout le monde n’a pas la chance d’y disposer de grands pins à escalader. On pourrait toujours, le long des avenues, se réfugier dans les platanes. Mais leur feuillage se montre encore bien discret, n’offrant à celui qui le désire  qu’un cocon végétal d’altitude encore en bourgeons trop fraichement éclos. Alors on reste chez soi. Dans notre immeuble témoin, en ce premier jour de vacance, ne pouvant choisir comme destination que la pièce d’à côté,  l’équilibre mental de chacun peut sérieusement commencer à lâcher prise. Le roi de la zapette a fini par trouver des piles au marché noir et celui du sandwich jambon-beurre par se choper cent cinquante boules d’amende après que le pandore du quartier l’eusse vu arpenter la rue trois fois de suite en quête de jambon de pays.  La surfeuse d’internet a fini par se trouver un amant virtuel quant à la musicienne, elle a rusé avec la maréchaussée pour aller se réfugier dans la campagne proche où un amant bien réel lui a ouvert sa porte. Dans le jardin, elle peut sous les pins, enfin lâcher, face à l’horizon dégagé, tous les décibels  qu’elle retenait prisonniers dans la caisse de sa guitare  depuis presque trois semaines…

Futur estival proche


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Les industries qui se reconvertissent, c’est aussi une constante en temps de guerre.

Habituellement, les fabricants d’avions se mettent à faire des missiles et les usines à bagnoles produisent des automitrailleuses, des tanks, des trucs à faire du baston général. Cette fois-ci, les usines à bagnoles vont fabriquer des lits de réanimation avec des respirateurs…Serait-ce la première fois où nous aurons la chance de voir des armes qui serviront à sauver des vies, même après la bataille ?  On vit vraiment une époque formidable ; je crois que cette année, il aura fière allure le défilé du quatorze juillet  quand défileront les nouvelles troupes d’élite et leurs engins tout neufs! Quant aux usines à médocs, pour une fois, on leur demande juste de fabriquer des médocs ; incroyable, non ? On les a tellement vues fabriquer, entre deux bastons, des stocks de  gaz de combats, des drogues dures  et des armes bactériologiques en tout genre qu’on a du mal à y croire. Troisième semaine de confinage… et si les temps changeaient vraiment ?

Subjonctif plus qu’imparfait


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Il faut que tu restes à la maison, citoyen, on t’a à l’œil, c’est comme ça ; c’est la guerre.  Des tranchées au plumards, La guerre, quelle histoire… dans la boue ou sous la couette, le fantassin de base ne sait jamais vraiment ce qu’on attend de lui, alors il psychote. Quand arrivera la prochaine offensive ? Microscopique ou à casque à pointe, l’ennemi alimente d’innombrables fantasmes. On l’attend, on ne le voit pas, on lui donne toutes les formes on imagine toutes les ripostes. On attend entre deux vagues mortifères la nouvelle arme qui fera basculer l’Histoire. Le nouveau canon, le futur vaccin. La grosse bertha ? La chloroquine?  Alors on écoute les rumeurs qui parcourent le labyrinthe des tranchées ou de la toile. On est prêt à tout croire, à tout admettre, à accepter la première valeur refuge qui passe… Un nouveau Maréchal arrivera t’il à négocier un armistice ? Un docteur Marseillais au look de vieux beatnik peut-il vraiment contrattaquer à coups d’antipaludiques ?

On verra plus tard… parce que là, j’ai essayé de repousser le virus à coups de rouge… alors il est temps de lâcher prise…