Futur masqué


ptiluc1

Reconnaissons-le, dès qu’on sortira de chez nous, ce port de masque obligatoire quand on se glissera à l’extérieur, va donner un sacré coup d’austérité à l’espace public. Quelques soient nos tentatives pour égayer ce phénomène, on aura beau porter des masques bariolés, enrichis d’un sourire factice, la réouverture de certains commerces aura quand même une drôle d’allure, dans trois semaines. A quoi donc ressemblera la quête des croissants matinaux sans le sourire de la boulangère ? On aura plus droit qu’aux formules classiques  « qu’est ce qui vous ferait plaisiiir ? », « et avec ceciiii ? » …Sans le sourire qui va avec, ces formules toutes faites, apprises dans les formations accélérées des BTS de commerce, vont nous paraître encore plus grotesques que d’habitude. Va t’on pouvoir réellement réapprendre la vie sociale sans sourire ? Ne va t’on pas se sentir encore plus confinés que quand on se réorganisait une vie sociale de voisinage ? Je me souviens d’avoir ressenti la même chose il y a quelques années, quand je m’étais échoué, avec ma moto, à Sanaa, au Yemen , du temps où c’était encore debout, avant qu’un guerre stupide commence à raser ce pays sublime, guerre qui semble t’il aurait été arrêtée par ce fameux virus, mais, tout en m’interrogeant, je m’égare dans des phrases interminables.

Dans un taxi collectif, donc, je m’étais retrouvé avec un groupe de femmes en voile intégral… pas un mot ne fusait, visiblement j’étais intrus. Je ne regardais que leurs chaussures, ne sachant quelle attitude adopter.  Et  dans trois semaines ? Nos déplacements en transports en commun se feront-ils sous la même chape de plomb ?