Retour à Omolon

Finalement, le petit coucou de seize places, bondé comme un taxi brousse, n’était agité qu’au décollage et ensuite, il a tranquillement, (bien que bruyamment), traversé la Taïga pour se poser à Omolon deux bonnes heures plus tard.

Avant le départ, Alex a tenu à rester en ma compagnie jusqu’à l’embarquement… il faut dire qu’il y avait trois petits vols similaires avec départ à la même heure. Il devait craindre que je ne m’embarque distraitement pour une destination tout aussi paumée mais de l’autre côté du Tchoukotka. Dans le genre, il y avait du choix…

A l’arrivée m’attendait mon petit flic préféré, tout content de visionner mon joli propusk et puis le docteur Sergeï et son ambulance. Il m’a emmené dans un étage de la mairie qui abrite déjà une famille Tchoutche dont la maison a brûlé. On m’y a réservé deux pièces rien que pour moi. Après m’avoir convié à manger du ragout de renne, et vérifié que j’étais bien installé, après m’avoir équipé d’un petit réchaud, d’un verrou pour la porte et d’un transistor pour écouter de la musique, le docteur m’a emmené au garage pour sortir la moto de la cabane. Elle était bien là et tous les bagages que j’avais laissés en vrac trois ans plus tôt, bien rangés dans un conteneur. Aujourd’hui, j’ai fait un grand pas dans ma mission de sauvetage de bécane abandonnée. De quoi demain sera fait reste un grand mystère, mais n’est ce pas là le piment indispensable au voyage lointain ? Ne pas connaître la suite… Je n’imagine pas un redémarrage instantané. Je n’imagine rien. On a mis la batterie en charge, c’est un premier pas. Je ne sais même pas si la route est ouverte et si il y a des camions qui doivent y passer… En tout cas, contrairement à la dernière fois, il n’y a pas un seul camion devant le garage de Ruslan…

Le docteur m’a proposé de passer boire un petit Samogon… j’ai poliment décliné en invoquant le coup de fatigue du voyage.

Je dois reconnaître que picoler alors que j’ai encore les bruits des turbines d’avion dans la tête, ce n’est pas une bonne idée… j’espère juste ne pas avoir commis une faute diplomatique impardonnable…

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