Arrivée à Bilibino


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Partis le dimanche en fin de journée, après un copieux apéro-saucisse, nous sommes arrivés le mardi en fin de matinée…

Andrey m’a déposé sur un grand parking verglacé à l’entrée de Bilibino. Il y a toujours un instant d’inquiétude quand on passe au chapitre suivant. Les entrées de ville, ce n’est jamais très attrayant, en Sibérie orientale comme en France profonde. Cette petite pause, c’était juste pour recentrer mes bagages dont une partie était sur la remorque de l’autre camion-citerne.

Maxim se présente, il m’attendait dans sa bagnole pour m’emmener dans une de ces zones comme on en trouve que dans les villes isolées. Une bagnole ! J’avais oublié que ça existait. Depuis Magadan, il n’y avait plus que 10 camions et quelques motoneiges.

Et puis surtout, ne l’oublions pas, la magnifique ambulance d’Omolon…Qu’est-ce que j’aurais aimé avoir la même en Dinkytoys quand j’étais petit !

Je me retrouve donc au milieu de vestiges d’usines, de carcasses hétéroclites, d’entrepôts sombres et immenses, tout ça entouré de tas de bidons et de containers glissés dans tous les interstices. C’est dans un de ceux-là, aménagé en cantine, qu’on me propose de me restaurer, puis dans un autre, aménagé en dortoir, de me reposer. Ensuite, je range un peu mes affaires dans un des hangars immenses et, après avoir mis la batterie en charge, je retourne dans le premier container pour attendre la suite… C’est ce qu’on me dit de faire ; attendre … je suis arrivé à Bilibino, pourquoi me presser ? Après deux ou trois heures, je commence à m’inquiéter. Ce n’est peut-être pas de l’inquiétude ; juste l’impression d’avoir des choses à faire… Trouver du réseau, m’enregistrer à l’immigration. Je vais donc me réactiver, un nouvel Evgeniy m’a filé des tuyaux. Il y a un cybercafé à Bilibino : le Chill Out. Il mérite bien de s’appeler cybercafé parce que, et c’est bien rare en Russie, le café y est excellent… Mais au niveau du cyber, comme aurait dit José Artur, il y a comme un truc qui tiendrait presque de la supercherie. Un autre taxi me dépose à l’hôtel… Le seul de la ville. Il est complet. En plus, il est moche : un immeuble comme tous les autres et surtout pas d’Internet… Alors un troisième Taxi m’amène à l’immigration, c’est pas cher les taxis… Ça tombe bien, celui-ci parle un peu anglais, il me servira d’interprète. Une dame imposante dans son bel uniforme photocopie tous mes documents puis me libère, on m’a toujours dit de bien m’enregistrer partout où c’était possible dans cette région. On m’a filé le propusk, c’est pas pour que je fasse n’importe quoi. Bien que j’imagine que pour eux, d’être ici tout seul, à moto , à mon âge et en cette saison, c’est quand même un peu n’importe quoi.

Ensuite, je retourne à l’entrepôt.

La connexion avec la filière daghestane s’est remise en place. Artium m’a trouvé une piaule dans l’appartement d’un compatriote. Un grand plumard tout fleuri, le rêve. On mange entre hommes, on porte quelques toasts, c’est obligé, politesse élémentaire, à la santé de l’amitié et de la paix, c’est la moindre des choses. Après trois ou quatre toasts, je décline poliment et me retire dans la chambre , eux continuent allègrement sans moi. Je vais bien dormir. Je les entends trinquer encore et encore dans la cuisine au fond du couloir, mais sombre bien vite dans un sommeil réparateur. Après le petit lit à ressort de l’office et le fauteuil du camion, c’est un peu comme le paradis