«Ha, vous êtes français ? Et vous voyagez à moto dans toute l’Amérique du Sud?, Ouah…incroyable ! Fantastique ! Vous êtes de vrais aventuriers !».
Ce genre de questions et réactions, on commence à s’y faire. Mais entre gentillesse et bienveillance, il s’agit pour nous de ne pas choper le melon ou se laisser gonfler les chevilles, car passer pour des stars, c’est facile. Or, en antidote il y a un truc très simple : il suffit de laisser faire la vie. Je m’explique : s’il y a bien un truc incontournable en situation de voyage, ce sont les nombreuses rencontres. Locaux ou autres voyageurs, de nouveaux visages souriants viennent augmenter notre imagier, très régulièrement.
Ainsi, par exemple, il y a quelques jours nous avons rencontré Patrick. Mais qui est Patrick ?
Un grand tout sec, auvergnat d’origine et savoyard d’adoption, qui se balade par ici au guidon de sa Ténéré. Lors des présentations, chacun présente aussi son voyage. Or, nous avions du mal à comprendre son itinéraire. Du Brésil en long et en large, venait s’intercaler le Chili pour une longue période (avec une compagne locale), mais aussi Buenos Aires, ou la Bolivie, avec un ensemble décousu. En fait, l’explication est simple. Pour ses 50 ans, Patrick s’est offert une nouvelle moto (sa Ténéré) et le voyage qui va avec. Heu…c’était il y a plus de deux ans ! Sans idée de durée au départ, il doit encore rejoindre l’Amérique Centrale, puis les USA. Aujourd’hui, il pense « rentrer » à l’été 2018, soit après 3 ans de voyage. Pas mal comme cadeau d’anniv, non ?
Le plus drôle, c’est que cette rencontre a eu lieue chez Yves. Nous ne connaissions pas non-plus Yves, mais il nous avait été recommandé par Gauthier lors de notre passage chez lui à Salta (Argentine). Car Yves et Gauthier sont à la fois amis et collègues, puisqu’ils oeuvrent conjointement sous l’enseigne de Mono 500, leur agence de voyage spécialisée moto.
Yves c’est également toute une histoire. Expatrié en Chine, à l’origine pour un stage d’étude qui a complètement foiré, plutôt que de se démonter, il s’est trouvé un boulot et resté…7 ans ! Il a appris le chinois, de même qu’une culture et un mécanisme mental très différent où, sans persévérance, il est facile de se perdre. Bref, il a aimé. Son amour de la moto et d’autres rencontres plus tard lui ont fait monter sa première agence de voyage moto à Pékin. Mais depuis le début de son expatriation, la perspective d’un retour en France, par la route et à moto, le maintenait en haleine. Mais de «c’est pas le moment », à « on verra ça plus tard », c’est un souci de santé qui lui a fait franchir le pas, avec la peur de ne jamais réaliser ce rêve…
Au guidon d’un side-car chinois (copie d’Oural, lui même copie de BMW…), il s’est élancé. En partie avec son épouse Cira, en partie seul. Entre déboires administratifs, accusations d’espionnage, passages en prison, traversée de déserts seul (avec une mécanique chinoise !), son aventure était à la hauteur de ses rêves. Or que serait la vie sans ses rêves ?
Dorénavant, fort de cette expérience, sa vie serait conforme à ses rêves. Avec ou sans argent. Et puis, après cette longue tranche asiatique, ils ne se voyaient, ni l’un ni l’autre, vivre en France.
Or, Cira est Equatorienne… ça suffisait pour aller s’installer en Equateur. Quelques temps plus tard, naissait Mono 500 Equateur.
Voila pour le personnage. Chez lui, il y a le garage, et juste au dessus, de la place et des lits qu’il prête volontiers aux voyageurs de passage. Et voilà comment nous avons atterri chez lui !
Bricoles dans le garage, cuisine partagée et quelques bières plus tard, c’est un ami que nous avons laissé au moment de repartir. Mais auparavant, en bon ami, c’est lui qui nous a fait un cadeau. Il nous a prêté une moto pour vadrouiller dans la région. Fred était ravie de pouvoir conduire sans se trainer un gros à l’arrière… et le gros était ravi de rouler au guidon d’un mono 500 sans bagages !
Oui, je sais, on n’a pas une vie facile !
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