Quand les sidecaristes passent au salon…

Un « fly » de bonne augure…

Depuis des mois, les 25 et 26 octobre étaient en jaune fluo sur le calendrier de la poste aimanté sur le frigo des quelques milliers d’amateurs de side-car, cet engin caractériel, atypique, improbable, et donc indispensable aux yeux de ceux pour qui le mot passager, même au pluriel, même abîmé, s’accorde encore avec celui de liberté, cette liberté qu’on ressent si fort sur une moto quand on file dans l’air du temps, de la pluie, du vent. Entre les 25 ans de l’institution mancelle INISIDE, le 4ème salon du 3 roues, et la météo quasi printanière, la tentation était trop forte. Aussi nous partîmes pour un p’tit week-end de 1300 bornes entre Sarthe et Garonne.

Arrivés le samedi en début d’après-midi et accueillis par un très frisquet crachin (la faute à la gente bretonne très majoritaire sur le site du Bugatti ?), nous remontons la file des attelages qui patientent tout papotant en attendant de rentrer dans le camping du Houx.  Nous dirigeons Miss XJR and Mister Cyber jusqu’au parking réservé aux tièdes, aux tout mous, aux pas extrêmes, à ceux qui passent mais restent pas, bref, à tout ceux qui viennent mais ne campent pas. Parce que pour nous, cette nuit, le dodo, c’est le Formule1 à 20 roros. SylvieJolieAuDosEnBouillie, que ce soit sur pelouse ou terre battue, un lit trop froid, elle y a pas droit. La faute à sister morphine, dirait Marianne Faithfull… Mais au diable le pathos ! De pas pouvoir jouer les durs de durs, on s’en fout, on fait avec, l’important c’est la route à deux en attendant le bout du bout, c’est notre voyage vers l’horizon au cœur des plus beaux paysages tout du long de jolis virolos qui nous font sentir bien vivants en attendant le panneau Stop ou le mot FIN.

Miss XJR ad Mister Cyber ne se sentent plus seuls

Sur place, de prime abord, ce qui nous frappe, ce n’est pas le nombre d’attelages, même si je n’en ai jamais vu autant en même temps… d’ailleurs je n’en ai même jamais vu autant tout court, non ce qui nous surprend, c’est la variété. Bien qu’ils aient tous trois pattes, y’en a pas un pareil. La preuve ? Y’a qu’à cliquer (copyright INISIDE) :

https://plus.google.com/photos/105275199232599838709/albums/6075266674515832529?banner=pwa

Comme quoi, la diversité, ça n’empêche pas l’unité.

Depuis mon stage (un an déjà…) et ma découverte de cet étrange biotope qu’est l’univers sidecariste, je me suis fait peu de nouveaux potos à 3 roues. Faut dire qu’en douze mille bornes, j’en ai pas croisé des tonnes. Même pour venir ici où y’en a plein, depuis Toulouse, sur la route, j’en ai vu qu’un… Pourtant à peine arrivé, je tombe sur « le vieux singe » -comme il se désigne sur le net- et son épouse qui nous présentent leur premier et tout nouvel attelage :

SylvieJolie au commandes, moi, la main au panier… les fondamentaux du couple !

Sur la photo, à gauche en arrière plan, « le vieux singe », 73 ans, un jeunot du side mais un sacré vécu en moto… Remarquez la canne. Ça aussi c’est propre au bestiaire sidecariste. Dans les équipages, estropiés, estrojambes, estrobras, para et hémiplégiques, gueules cassées et corps en vrac, se mêlent aux enfants, aux chiens et aux chats, aux courts sur pattes, aux grandes tiges et aux grosses pommes. C’est pas parce que la vie laisse des traces qu’on a plus le droit de tracer dans la vie, non ? Un sidecariste, c’est encore plus tenace qu’un tarmo soliste, sa carapace peut bien se fêler mais pour le briser, apparemment, faut le tuer !

Daniel nous présente un couple qui a le même side que nous, si le mot « même » veut dire ici quelque chose… Du coup, je veux leur montrer le nôtre, histoire qu’on joue ensemble au jeu des sept différences. Là, y’a un gars qui nous attend :

– C’est à toi le side rouge

– Ouaip

– C’est moi, l’ancien proprio

…Et c’est parti pour une nouvelle discussion, la découverte d’une nouvelle vie, d’un bel échange d’expérience… et comme le dit si bien la pub : c’est pas fini…

Nous nous rendons dans le camping qui abrite aussi les festivités d’anniversaire de Iniside. Là nous rencontrons José, un autre coreligionnaire de stage, désormais lié à un Ural avec au frontispice de son pare-brise un bel auto-collant KapNorth qui veut tout dire. Dans la foulée, nous apercevons au loin un Kyrnos qui nous rappelle quelque chose. Nous approchons et tombons alors sur un autre groupe où je reconnais deux autres « stagiaires », la plus jeune (et aussi la plus jolie) et son père qui me présentent le nouveau proprio de Bidule, notre ancien attelage, qui se trouve être le parrain de l’une et le frère de l’autre ! Le monde du side est donc un tout petit univers ! Et de nouveau, en buvant l’apéro dans un gobelet commun, nous nous lançons dans de belles discussions sur nos débuts respectifs.

Après avoir fait le plein de bonne chaleur humaine, nous quittons les lieux dans la soirée. Sur le parking de l’hôtel, une demi douzaine d’attelages nous attendent. Le salon continue à l’annexe…

Le lendemain matin, nous nous levons à l’aube mais comme nous sommes passés à l’heure d’hiver, c’est plutôt « nuits et brouillard ». Comme nous avons prévu de rentrer à Toulouse en passant par Oradour sur Glane, c’est adéquat…

Quand le temps s’est arrêté en août 1944

Des centaines de femmes et d’enfants ont été aSSaSSinés dans cette église

En visitant le village martyr dans un silence recueilli, je songe à tous les Oradours de la planète, ceux commis par les bons comme par les méchants, de tous temps, sous tous les régimes. Parce que l’humanité, c’est ça aussi… Parce que cette liberté qu’on aime tant, certains voudront toujours lui mettre des bâtons dans les roues, qu’elles soient deux… ou trois.

2 thoughts on “Quand les sidecaristes passent au salon…

  1. Merci de ce sympathique récit, et à Iniside pour toutes ces photos, j’ai bien aimé notamment les minots en pocket-side , le Godier Genoud, j’y ai vu aussi une rareté
    le Celtik qui sauf erreur à fini de couler Side-Bike, dont j’ai eu deux modèles, FJ1200&comète et 900Div&Kyrnos après des début en Calif&Captain Jeaniel…

    Cdlt.

    Eric.

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