Arrivée au terminus…

Quand je suis arrivé à Khabarovsk, j’avais l’impression d’être au terminus, que Vladivostok était juste à côté ; sur la planisphère, on pourrait le croire, un peu plus de sept cents kilomètres, qu’est-ce donc après toute cette traversée ? Mais un sérieux coup de mou m’accompagne, l’impression de ne jamais avancer n’a jamais été aussi forte. Les étapes dans les hôtels de bords de route ont perdu de leur charme, je rame, c’est toujours complet, je me replie dans les petites villes, il est temps de partir… Pourtant je redescends vers le sud, il fait beaucoup moins froid, même si  un petit vent du nord  vicieux me ramène un peu de ce que doit endurer Piotr sur sa Mob. Mais ce vent frisquet qui me pousse vers le Sud, c’est toute la Sibérie qui me dit que j’ai assez roulé, qu’il faut que je me repose, que si je veux, je peux revenir puisque j’en ai pris l’habitude, mais pas tout de suite… Les deux cents derniers kilomètres commencent par une autoroute toute neuve, qui se transforme un peu plus loin en une route à trois voies délabrées, comme  la Nationale 7 du temps des années soixante  et puis à nouveau de l’autoroute. On fait les travaux par petits bouts dispersés dans ce pays, c’est pour que les usagers n’aient pas le temps de s’ennuyer. Je m’arrête encore une fois dans un resto de bord de route, c’est comme si  je ne voulais pas arriver trop tôt, j’ai beau me sentir un peu rétamé par cette longue route, j’ai du mal en imaginer que j’arrive au bout, alors je traîne. Je reprends un borj avec la télé, je retourne pisser dans les chiottes dégueus, on a toujours du mal à abandonner une routine. A  Barnaoul, je désespérais de ne jamais refaire démarrer ma moto, mais quand elle fut prête à reprendre la route, je n’arrivais pas à y aller ; c’est bien crétin, non? Mais là, ça y est ; Vladivostok est devant moi. Un long pont franchit un bras de mer et je me faufile dans une périphérie qui s’étale sur des collines de bord de mer,  je vais me laisser guider par le hasard et les panneaux jusqu’au centre où il faudra bien s’arrêter à un moment donné.

( j’avais  décidé d’illustrer ce passage  par un petit film d’arrivée…mais à peine passé le pont sur le bras de mer, la petite caméra, sans doute mal fixée,  a piqué du nez et s’est contentée de filmer ma roue avant…)      https://youtu.be/AF8WuxgGAnc

2 thoughts on “Arrivée au terminus…

  1. On te sent mélancolique. Je crois que c’est pareil dans tous les domaines: Une longue route que l’on commence à apprivoiser et lorsque se profile l’arrivée, on traîne de peur d’écrire le mot « Fin ». Mais on sera tous heureux de te revoir!

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