Taxi driver

J’ai dû passer des tests médicaux, vérifier ma jambe, me procurer des attestations. Je viens de remettre mon sort entre les mains de l’Assistance qui va me ramener chez moi bientôt, mais ils vérifient quand même qu’on essaye pas de resquiller.

Ils me poussent à sortir de cette sorte d’abandon qui commençait à me gagner peu à peu dans ce club au bout de l’impasse verglacée, un lendemain de cuite, de surcroit.  Quand parfois, au propre comme au figuré, une sourde sensation de défaitisme s’insinue, c’est l’heure du rebondissement. Dans tout scénario digne de ce nom, la cavalerie va se pointer, les renforts, un vaisseau Jedi ou le cosmoschtroumpf…là , c’est une Daihatsu blanche, un peu fourgonnette…moyen pour la classe…Pronya m’a trouvé un chauffeur de taxi qui parle français ; une aubaine en Yakutie, même si sa bagnole ne paye pas de mine. Il parle aussi Allemand et même un peu néerlandais. Il a visité pas mal de ville en Europe ; mais c’était il y a longtemps. Entre labos, hôpitaux et pharmacie, mon taxidriver m’escorte toute la journée, il a le temps de me raconter sa vie. Lui aussi, il a été diamantaire, c’est pour ça qu’il connaît Berlin, Paris et Anvers. il y eut une époque où il était quelqu’un d’autre. Jusqu’ici, j’ai souvent rencontré des russes qui regrettaient l’union Soviétique ou d’autres qui sont très contents du boss actuel. Mon Taxi  est le premier à me dire que la bonne époque, pour lui c’était le temps de Boris Eltsine. Je ne sais pas trop ce qu’il a vécu pour dégringoler comme ça ; il me dit que quand Vladimir a pris le pouvoir, il y en a, comme lui, qui ont plongé grave… Quels trafics faisaient-ils exactement entre Yakutsk et Anvers, je ne le saurai jamais, il me racontera tout ça une autre fois… En attendant, assisté de Natalia, de la nouvelle Alliance Française, je règle les dernières questions médicales avant de repartir…

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