Les chiens et l’aéroport…

Pour mon dernier matin à Omolon, j’ai décidé de pactiser avec les chiens ; on n’est jamais trop prudent. Depuis que j’ai suggéré à Evgeniy de commercialiser leur viande, j’ai l’impression qu’ils me regardent bizarrement. Tous ces chiens errants qui vivent leur vie en marge de la nôtre ont quelque-chose d’inquietant…ça me rappelle les rhinocéros de Ionesco, les envahisseurs de David Vincent, les cosses maudites des profanateurs de sépultures ; ils sont là, partout, mais on ne les voit pas, on ne leur prête aucune attention, ils vaquent à leurs occupations mais qui s’en soucie ? Les chiens ne revendiquent rien, ils sont juste là, toujours un peu plus nombreux et peut-être qu’un jour, ils vont s’énerver, passer à l’attaque, mettre des gilets jaunes…C’est pour ça que je préfère pactiser, on n’est jamais trop prudent. Et si c’était eux qui pouvaient me délivrer le propusk ?    Sait-on jamais…Le docteur est donc venu me chercher au garage avec sa motoneige et m’a emmené à l’aéroport. Je crois que de tous mes voyages, je n’en avais pas vu d’aussi déglingué. C’est un vrai aérodrome de dessin animé, tout en bois avec des escaliers tordus et du plancher qui grince. Le vol hebdomadaire peut embarquer une dizaine de passagers et pas trop de bagages; ça tombe bien, j’ai presque tout laissé au garage …

En deux heures il me ramène à l’aéroport de Magadan . Je prendrai une chambre juste en face, une chambre calme, avec un vrai lit et des vraies douches… après cette dizaine de jours, un peu de ce petit luxe, ça pourrait presque faire croire que le bonheur existe et ne tient qu’à une savonnette…

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