Premier saut.

J’avais donc tout fait comme si… Les bagages, le ménage, trié ce que j’emmenais et ce que je laissais au garage ou chez Marat . J’ai ensuite pris le taxi pour l’aéroport et je me suis assis dans la salle vide à côté du guichet fermé. Quand quelques personnes ont commencé à arriver, je me suis accoudé tout près du lieu stratégique avec mon bouquin , pour tuer ce temps qui risquait d’être long.J’ai fini par l’avoir ce billet, ce n’était pas l’émeute non plus, mais mieux vaut toujours être prudent quand on veut quitter un pays isolé du reste du monde, il faut y aller par étapes réfléchies…

L’hélicoptère, c’est assez rudimentaire comme transport aérien. De longues banquettes métalliques se font face pour accueillir une quinzaine de passagers et les bagages sont en tas au milieu. Pas d’isolation ni de ceinture de sécurité, juste des cables en ferraille qui pendouillent du plafond en cas de turbulences. Pas d’hôtesse de l’air ni de consignes de sécurité, on décolle bruyamment et pendant une heure bien tassée, comme les passagers, on survole la toundra de bord de mer à basse altitude .

Anadyr n’est plus une bourgade perdue dans la neige. L’aéroport, d’abord, c’est un vrai ; pas une cabane en bout de piste comme celui d’Omolon ou celui d’Egvekinot qui , bien que en béton, est vraiment d’une autre époque lui aussi. À l’étage , où on a le droit d’accéder si on est en proie à un besoin urgent, il y a quelques bureaux, un salon télé et une salle de billard, quelques bouteilles qui traînent et une ambiance tout à fait désinvolte. Mais nous sommes arrivés à Anadyr.Des hélicos, quelques Mig et des infrastructures tout autour, ce n’est plus un aéroport de Rigolo. Pourtant, Anadyr est une toute petite ville, mais elle tente de se donner de l’allure ; c’est quand même la capitale du Chukotka. De la circulation, quelques feux et un centre commercial moderne mais bien modeste . Le centre commercial est comme la ville, il tente de se la jouer avec ses boutiques et son fast-food à l’étage. Quelques bâtiments un peu prétentieux, et puis une statue de Lénine ; je n’en avais pas encore vu une seule dans cette région lointaine. Il y a même des gens qui portent des masques. Alors là ; si il y a bien une chose que j’avais oubliée, ce sont bien les masques. Quand on se la joue capitale régionale, il faut se doter des quelques détails visuels qui font la bigtown touch ; et quoi de mieux qu’une pointe de psychose masquée pour faire métropole.

Anadyr est au bord d’une baie étroite et profonde et l’aéroport est de l’autre côté, tout près d’une autre petite ville. Pour traverser, il y a des taxis l’hiver et des bateaux l’été et quand on est en intersaison, comme en ce printemps bouillasseux, les taxis déposent les clients au bord où des Trikols prennent le relais, car le bras de mer de fin de saison c’est un peu chaotique. Il y a aussi quelques hydroglisseur qui remplaceront sans doute les Trikols quand ils commenceront à sombrer au fond de la baie avec la débâcle … C’est un bon business; la traversée du bras de mer coûte presque aussi cher que l’hélico d’Egvekinot.C’est ici que va se terminer mon périple au Chukotka… Je ne suis pas encore arrivé chez moi pour autant…

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