Un petit vent frais sur la nuque

Elles me regardent avec autant d’étonnement et de curiosité que j’en ai pour elles. Le gars de l’office du tourisme à Tabriz nous explique « il y a 2 types de femmes en Iran, les religieuses et les modernes ». Je comprends ce qu’il me dit mais en Iran comme ailleurs, il y a autant de type de femmes que de femmes elles mêmes. Bon c’est vrai que des fantômes noirs par 40°, j’ai pas l’habitude. Celles-là sont assez nombreuses. D’autres sont en noir aussi mais laissent apercevoir leurs mollets (couverts de collants noirs…). D’autres adoptent la couleur, certaines enfin sont bien plus sexy que moi qui me suis péniblement déguisée en ce qui me semblait convenir à une femme en Iran, mais sans vraiment savoir. Leggins, tunique courte et hyper cintrée, foulard négligemment posé sur un chignon, lunettes de soleil sur le crane, yeux charbonneux, rouge à lèvres, tête haute…

Moi, je me bat avec mon foulard. Il glisse sans arrêt. Il fait très chaud et je m’en passerais bien. Mais ma contrainte s’arrête à ce bout de tissus. Comment font-elles ? Comment vivent-elles ? Je les dévisage avec curiosité en essayant de déchiffrer quelques codes. Mon déguisement ne fait pas illusion et elles me dévisagent tout autant. Sur la route à moto, les passagères des voitures qui nous doublent se retournent sur moi systématiquement. Certaines sont bouche-bée, d’autres jubilent visiblement, des pouces se lèvent…

Quelques jours passent, ce truc sur la tête me gave de plus en plus. Il fait trop chaud, j’ai rapidement renoncé à le porter sous mon casque, puis autours de mon cou en roulant. C’est donc une gymnastique pour l’enfiler discrètement à chaque pause lorsque j’ôte le casque. Quelle mascarade !

Trajet pour aller à la montagne. Je fais la route avec Saber en voiture. Le vent s’engouffre dans la voiture, mon foulard ne veut pas rester en place. Je suis obligée de le tenir fermement pour rester décente. La ville s’éloigne, Saber me fait signe que je peux lâcher prise…un petit vent frais me souffle sur la nuque.

Pause thé, ter…

3 thoughts on “Un petit vent frais sur la nuque

  1. Cette perception d’être une femme et une étrangère en Iran est très intéressante. As-tu pus échanger avec des iraniennes sur leur propre perception de leur condition ?

    Bonne continuation.

    Gilles & Djamila.

    • Salut Djamila et Gilles (dont j’ai pas mal entendu parler!)
      Notre passage en Iran a été bien trop rapide pour prétendre apporter autre chose que des perceptions, des regards, une cigarette partagée avec une femme dans un vestiaire (où nous nous sommes empressées l’une comme l’autre de retirer notre foulard!), des femmes qui le portent tellement « court » qu’on se dit qu’elles s’en passeraient bien…mais de là à en tirer des généralités ou des conclusions, ça me parait bien hasardeux.
      En tout cas merci pour votre intérêt et au plaisir de vous rencontrer tous les deux
      Frédérique

      • Ce sera avec plaisir si vous passez pas trop loin de la Provence… Ou quelque part sur une route de préférence mal bitumée.

        Bises

        Gilles E& Djami

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