Le tracé d’une frontière, ça reste un truc bizarre. Une sorte de vue de l’esprit qui trouve, certes, une légitimité historique, mais guère plus. Même si celle-ci s’arrange souvent pour coïncider avec une caractéristique géographique (une rivière, un col, une vallée, etc.), il n’en reste pas moins que la nature (la végétation, les oiseaux, etc.) se soucie peu de données géopolitiques. La frontière est donc fondamentalement molle. Une porosité que l’on retrouve donc auprès des êtres humains. Ainsi, les visages, les langues et les aires culturelles de façon générale débordent de part et d’autre.
Pourtant, pendant que je patientais avec les douaniers indiens (réexportation de la moto), Fred avait pris de l’avance côté Népalais avec son passeport en main. Vous ne le savez peut-être pas, mais l’administration indienne est pointilleuse et lente. Dans la mesure où il y avait un grand registre et la partie « sortie » de mon carnet de passage en douane à remplir, un « certain temps » était nécessaire à l’opération… Cela dit, je dois admettre que cette lenteur était pleine de sympathie à mon égard.
Bref, tout ça pour dire que c’était long ! Pendant ce temps, Fred s’était installée avec les népalais qui entamaient une longue conversation, pleine de curiosité mêlée de gentillesse et de sourires, sur les différences de modes de vie entre France et Népal. Une curiosité comblée par des échanges, des regards doux et des conversations ! Car enfin, malgré la géographie molle et la proximité des aires culturelles, l’entrée au Népal a marqué un changement radical dans les comportements : il est à nouveau facile de parler, d’échanger, de plaisanter et de sourire !
« Welcome in Nepal » annonçait un grand panneau, on serait bien tenté d’y croire !