Coïtus Interruptus

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas: Ce Mercredi matin à Boualazac, il fait frisquet et surtout il pleut. Pas la grosse averse mais une petite bruine particulièrement traitresse question adhérence. Il va falloir être prudent!

On commence par une courte liaison jusqu’à la première épreuve spéciale chronométrée. Cette fois je pars seul dans la liaison en assurant chaque instruction du road-book pour ne pas faire fausse route et sans forcer trop la cadence  vu les conditions d’adhérence.

je pointe dans les temps au départ de la spéciale. Ce sera un chrono sur du gras mouillé bien piégeux: il faudra enrouler en souplesse sans s’emballer. Après un peu d’attente au départ, comme toujours au Moto Tour, je m’élance dans la spéciale. malgré les conditions délicates j’ai un bon feeling. Les virages s’enchainent sans pratiquement toucher aux freins. je garde la moto le plus en ligne possible en la balançant avec douceur. Je sens l’arrière glisser gentiment à l’accélération. On arrive déjà au bout: ça ne devrait pas être trop mal comme chrono, et surtout je ne me suis jamais fait peur (effectivement je ferai le 70e temps, soit mieux qu’à Toulon)

C’est donc en confiance que je pars dans la liaison de plus de 400 km à travers le cantal et l’Auvergne. Plus de 7 heures de route de prévue! on est en plein dans la difficile équation du rallye: garder de la marge mais ne pas traîner en route non plus. je trace ma route en doublant quelques concurrents. Finalement je me retrouve à rouler de concert avec Cyril, un Fran-comtois en Honda CBR 600R, une sportive bien plus puissante que ma moto mais aussi plus raide à emmener sur les routes mal revêtues que nous empruntons ce matin.

Lors d’un parcours particulièrement sinueux en forêt, sur un revêtement très dégradé, je vois qu’il n’est pas trop à la fête alors que ma Honda NC 700X est souveraine avec ses suspensions très spéciales.Nous arrivons à un carrefour avec une grosse nationale et nous n’arrivons pas à déterminer la route à prendre sur le road-book. Nous allons jardiner pendant 10 ou 15 minutes, tournant en rond, questionnant des habitants… Dans ces circonstances, au fur et à mesure que le temps passe, la tension monte et le cerveau se met à bouillir

Finalement nous trouvons la solution, ce n’était pas clairement indiqué a mon avis sur le road-book, mais tant pis c’est comme ça. Nous repartons un peu le couteau entre les dents pour refaire le retard. Je sens que Cyril a décidé de passer la vitesse supérieure et je dois m’employer pour le suivre. D’ailleurs nous rattrapons vite d’autres concurrents dont mes copains Michel et Alain de l’étape marathon. Vu les conditions piégeuses, j’hésite à lâcher l’affaire et prendre leur train beaucoup plus prudent.

Mais bon ,c’est la course, on est pas la pour enfiler des perles, et je suis peut être un peu trop euphorique… D’ailleurs j’ai un peu perdu le fil du road-book ce qui n’est pas très bon signe non plus.  Je raccroche le train de Cyril, et j’arrive dans un gauche-droite sans surprise, à part qu’il se resserre peut être un peu plus à droite  que je ne le pensais. Au changement d’angle, je bascule la moto peut être un peu brutalement… Mais instantanément, je sens un choc de ma hanche sur le sol et je me retrouve en train de glisser sur la route. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé mais ce qui est sur, c’est que je suis par terre!

Dans ces cas la, le temps parait interminable: je vois la moto glisser juste devant moi, le paysage défile et j’ai le temps de réaliser le désastre: en fait au cours de la glissade je pense tout de suite à mon bras droit et je suis plutôt rassuré car il a l’air d’aller bien!

Mais déjà je m’immobilise de l’autre côté de la route juste derrière la moto. Heureusement pas de véhicule en vue dans l’autre sens. je me relève, je me secoue les bras, les jambes, tout à l’air de fonctionner normalement, le cuir a fait son boulot! je me précipite sur la moto et je vois tout de suite que le moteur est arrêté alors que le coupe-circuit ne s’est pas déclenché: c’est mauvais signe…

Déjà 2 ou 3 personnes se sont arrêtées pour voir si je vais bien mais je les enjoint de m’aider a relever la moto. A peine relevée, je vois une longue trainée d’huile sur la trajectoire de la glissade. Mon regard se porte sur le flanc gauche de la moto et je vois le problème: le cale-pied est cassé, ça ce n’est pas grave, mais surtout le carter d’embrayage a frotté et il s’est carrément percé au niveau d’un conduit d’huile sous pression qui commande la boite automatique.

Je sais déjà que c’est mort: la moto ne repartira pas comme ça, il n’y a plus qu’à appeler la direction de course pour abandonner. Ce que je fais de suite, chance le téléphone capte un signal, et on me prévient que la voiture balai et le camion balai se mettent en route pour venir me chercher

La panne fatale: le carter d’embrayage percé.

Et voilà, en un instant tout c’est écroulé. je passe d’une douce euphorie à la déception. Je m’en veux a mort de cette faute inutile même si je sais bien que j’ai eu de la chance de ne pas me faire mal. Et ce carter d’huile percé sur une petite chute de rien du tout, quel manque de chance… j’enrage!

Autour de moi la nature est paisible, les oiseaux chantent et la pluie s’est arrêtée. J’attends que l’on vienne me ramasser et tout me parait dérisoire

2 thoughts on “Coïtus Interruptus

    • Ben non, pas de tampon de protection, une belle erreur de ma part. Sinon j’aurais relevé la mot et reparti aussi sec. Grosse déception sur le moment mais de bons moments aussi, même apres la chute pour tenter de réparer la moto. C’est la suite de l’histoire…. ça arrive demain!

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