Salut copain biker / motard,
t’ai-je déjà raconté comment, il y a un peu plus de trois années de cela, ma motocyclette de marque américaine et moi sommes entrés dans le cercle restreint des Chevaucheurs les plus durs du monde (si, si) ?
Aller, je te narre la chose !
Commençons par un joli titre bien accrocheur comme il faut :
« Faire la course des Blessures de selle pour devenir membre de l’Association des culs de fer et rejoindre ainsi le cercle fermé des chevaucheurs les plus durs du monde’’.
Euh, bon okay… franchement, là… écrit comme ça en gaulois, ça ne sonne pas du tout.
On se la refait en version roastbeef !
« Ride the Saddle Sore run to join the Iron Butt Association and entering the restricted circle of the World’s Toughest Riders’’. Oui, là ça va, ça le fait comme on dit par chez nous !!! Et surtout, on comprend d’entrée de quoi il s’agit, n’est-il pas ???!!
Non, attends un moment, just a minute, de quoi sommes-nous en train de parler… l’est où le rapport avec nos Harley chéries ?
Bon, ok, on reprend depuis de début. Retour en arrière : Janvier 2010.
C’est l’hiver, la période propice à fantasmer sur tout ce que l’on va pouvoir faire au guidon de nos motocyclettes américaines en cette nouvelle année 2010 qui s’annonce déjà bien (Daytona, Outcast Montalivet en juin, Free Wheels en août, les Brescoudos en septembre, etc.).
Nicholas (heureux possesseur d’un Sportster et d’un Heritage Deluxe sur lesquels on l’a vu rouler sur presque toutes les routes d’Europe) envoie un mail à Hervé (autre gros mangeur de kilomètres, 17 motos pilotées – à l’époque, en 2013 j’en suis à 22- dans sa vie dont une seule japonaise – celle de l’auto-école – heureux propriétaire d’un Street Glide) pour lui dire qu’il a découvert par hasard que l’on pouvait faire certifier (diplôme à l’appui) par une organisation américaine des (très) longues distances parcourues en moto en un temps donné (« Ah bon, euuuhh, mécégénial ça ???!!!!?’’ qu’il répond l’Hervé).
En fait, Nicholas avait été interpelé peu de temps auparavant par le contour de plaque d’immatriculation d’une moto croisée aux Etats-Unis et sur lequel on pouvait lire : « Toughest Riders of the World’’. Mais Kesaco ça, lapin ? C’est ainsi que le motard proprio de ladite moto en question a fait découvrir à Nicholas l’existence de l’Iron Butt Association américaine (ou encore IBA).
L’IBA regroupe de l’ordre de 50000 adhérents, tous mordus de rides moto (toutes marques confondues) sur très longues distances. Bien que basée aux USA, l’association compte des milliers de membres autours du globe. Son slogan : « Le monde est notre terrain de jeux« .
L’IBA propose plusieurs types de rides.
Convertissez tout ce que suit en kilomètres et laissez monter l’excitation (l’angoisse ?) en vous :
le plus prestigieux : le 11000 miles Iron But Rally (11 jours),
le plus pratiqué : le Saddle Sore 1000 (1000 miles en 24 heures),
la suite « logique » du précédent : le Bun Burner 1500 (1500 miles en 36 heures),
le plus puissant : le Bun Burner Gold (500 miles en 24 heures),
le plus sportif : le 50cc Quest (un Cross Country en 50 heures),
le plus beau : le National Parks Tour Master Traveler Award (visiter 50 parcs nationaux dans au moins 25 États américains),
le plus difficile : le Coveted 10/10ths Challenge (1000 miles par jour pendant 10 jours),
le presque impossible, qui vous fait entrer dans le 100K Club (100000 miles ou plus dans l’année).
La légende veut que certains membres américains de l’IBA … les ont tous faits.
Respect !
L’Iron Butt Association américaine ne regroupe pas des membres au sens traditionnel où on peut l’entendre dans un club, un chapter ou un MC. Si l’IBA n’appelle pas de cotisation, l’Association organise annuellement repas et séminaires et permet à ceux qui le souhaitent de rester en contact au travers d’une newsletter. C’est plus une organisation « souple » réunissant des personnes dévouées à la cause du long ride plutôt qu’un club. D’une façon générale, il y a plusieurs manières d’y « adhérer ». La plus « commune » étant de réaliser un Iron Butt Rally (et surtout de le terminer) ou bien de faire l’un des rides ci-dessus énumérés, notamment le plus populaire et accessible de tous, le Saddle Sore 1000. Les volontaires qui travaillent (gracieusement – et c’est du boulot) pour l’IBA ont aussi le statut de membre même s’ils ne sont pas biker / motard eux-mêmes (mais ils sont de toute façon tous des fondus de moto). La très grande majorité des membres de l’IBA roule en touring japonais ou allemand. Les Harley Davidson y sont très largement minoritaires (quant aux rigides et autres choppers… on oublie !).
L’IBA publie traditionnellement plusieurs documents concernant l’Iron Butt Rally mais aussi les rides de très longues distances. Notamment son titre Archive of Wisdom qui contient une liste de Long Distance Riding d’après l’expérience de ses membres les plus anciens (veteran riders). Depuis peu, l’association diffuse aussi un magazine (en anglais).
Quoi qu’il en soit, il est très facile de communiquer avec les représentants de l’IBA et même son président, Michael Kneebone en personne, sera heureux de vous répondre. Allez faire un tour sur : http://www.ironbutt.com/about/default.cfm
Une fois les formalités administratives réalisées (extrêmement simples – voir quasi inexistantes, mais il vaut tout de même mieux savoir manier la langue de Shakespeare ou avoir une belle-mère anglaise), vous n’avez plus qu’à décider du type de ride sur lequel vous allez vous lancer. Pour Nicholas et Hervé, le choix s’est logiquement porté sur le Saddle Sore 1000 (l’idée étant de commencer « modestement » quand on se lance dans une telle expérience).
Une fois ceci décidé… il n’y a plus qu’à le faire et récolter les preuves de sa réalisation, c’est-à-dire, tickets de péage et autres notes d’essence (qui tous portent en impression une date et une heure de passage). Il vous faut aussi un témoin au départ et à l’arrivée qui attestera qu’il vous a bien vu (partir et arriver) à telle et telle heure (un pote, une épouse, une sœur, un pompiste, une maîtresse, ma mère ou la votre, toute personne de bonne foi qui attestera par écrit et en anglais que WOUI vous étiez bien au départ et quelques 20 heures plus tard à l’arrivée, que Woui, vous l’avez bien fait !). À signaler qu’une petite cotisation est à honorer auprès de l’IBA, soit la modeste somme (compte tenu du change € / $ et de la gloire immense dont vous allez vous couvrir) de 45 $. Franchement vous reconnaitrez que c’est peu cher payé pour pouvoir s’offrir, certificat à l’appui, la joie inénarrable de faire le prétentieux dans les mois qui vont suivre auprès de tous vos potes bikers en les traitants de simples motards du dimanche (attention toutefois au retour de flamme et autres commentaires très douteux desdits bikers vexés au sujet de votre cul de fer – Iron butt – et des vos blessures de selle – Saddle sore).
En ce qui concerne l’aspect mise en œuvre pratique, c’est une autre paire de manches. Le Nicholas et l’Hervé, excités du chapeau qu’ils étaient, seraient bien montés sur leur chignole américaine dés fin février pour les 1000 miles du Saddle Sore. Oui mais… non ! La première chose indispensable pour se lancer sur une telle distance c’est : de la lumière (le plus possible), de la chaleur (pas trop) et pas de pluie (du tout, du tout). Donc rien avant avril dans le meilleur des cas (de toute façon, prévoir plusieurs dates en cas de météo mauvaise ou très incertaine le jour J). De même, après en avoir parlé à quelques autres potes bikers, qui tous ont fini par vouloir participer eux aussi, il a fallut expliquer que… non, on ne se lance pas dans un tel ride de 1600km en moins de 24h00 à dix ou vingt motos. En fait, le format idéal , c’est deux, trois, maximum quatre motos. Et surtout, bien se mettre en tête que non, les petites routes de campagne, ce n’est pas la peine d’y songer et que, de plus, pas question de dépasser les limitations de vitesse (car lors de la présentation du dossier d’homologation à l’IBA, la première chose qui va être vérifiée, c’est que justement vous n’avez pas tapé le 2’40 sur votre Ayabuza pour battre un record de rapidité). Et, Woui, vous bien allez vous goinfrer au moins vingt heures d’autoroute à 130km/h maxi. Cool !!! La (grande) vitesse n’a pas sa place dans cette affaire.
Très important : tout candidat à un tel ride doit absolument éviter d’en parler (avant) à tout collègue, pote, ami, papa, maman, copine et autre relation si ce(s) dernier(s) n’est pas lui-même motard / biker au risque de s’entendre énumérer tous les arguments dissuasifs possibles et imaginables en ce vaste monde : « ça sert à rien, ça pollue, c’est dangereux, c’est débile, pense aux radars, ça ne prouvera rien, etc., etc. ». Vous faites le ride et, après seulement, vous en parlez à l’entourage… vous aurez économisé énormément de salive.
Donc, ce vendredi 16 avril de l’an de grâce 2010 (c’est bien comme cela que l’on écrit quand débute une grande épopée, non ??!!), Nicholas et Hervé ont rendez-vous à la sortie de Paris, Pont de Sèvre à 20h30. De là, ils ont prévu de se rendre au Plessis Robinson chez le pote Paul (qui à l’origine devait se lancer dans l’aventure avec son 1340 lui aussi mais a finalement décliné) qui va fournir l’hébergement pour la nuit. Il est idéalement placé, dans l’Ouest parisien, car dès le lendemain nos deux bikers ont prévu de partir en direction de la Normandie. Les motos dans le box chez Paul et direction Versailles pour un frugal dîner à base de hamburgers (pour faire américain et monter à l’IBA toute la bonne volonté de nos deux candidats). De retours chez le Paulo vers minuit enchaînement sur une très courte nuit de m…, soit quatre heures quarante cinq d’un sommeil mauvais et très relatif. Levés à cinq heures moins le quart du matin ce samedi 17 avril 2010, totalement « explosés par cette nuit dantesque. Ça démarre très fort, là !! Une bonne nouvelle tout de même, la météo à l’air de bien vouloir jouer le jeu et les motos tournent au poil.
Il est 05h27 du matin (ticket de caisse automatique faisant foi) lorsque Nicholas et Hervé démarrent de la station service Auchan de Vélizy. Et c’est parti, direction l’autoroute !!!! Rouen (gros cafouillage dans Rouen et erreur d’itinéraire – vite rattrapée), puis… Abbeville, Boulogne, Calais, Lille, St Quentin, Reims, Troyes, Dijon, Beaune, Auxerre, Courtenay, Orléans, Blois, Tours, Le Mans, Chartres, Orsay.
Vers 08h30, le temps passe à l’ensoleillé, mais pas chaud. Pas trop de monde sur la route bien que l’on soit en plein départ de vacances (avec des grèves SNCF et des aéroports fermés pour cause de nuage de poussières dans le ciel consécutif à l’éruption d’un volcan islandais). Un nombre impressionnant de touristes britanniques (merci de dépenser votre argent dans notre beau pays les gars !).
Aucun incident à signaler, que du plaisir et de chouettes rencontres. Notamment une patrouille de gendarmes (si, si, c’est rare mais encore possible), le matin vers 10h00 dans l’Ouest, fans de Harley (le sous-off responsable du groupe est membre du chapter de Caen… à moins que ça ne soit celui de Boulogne sur Mer… on sait plus…), avec qui nos deux bikers font une ou deux photos très sympas… Puis, un membre du HDC North Sea Group et son épouse, tous les deux en Harley (alors qu’Hervé avait décidé de faire la route sans les couleurs, il a finalement sorti le gilet du Chapter pour faire une photo avec lui)… Des employés d’entretien de l’autoroute à la nuit tombée, des bikers anglais quelque part après Tours, conversations nocturnes… ambiance Vol de nuit… Que du bonheur, du bon air et du plaisir !
Pour parler franchement (frankly speaking, comme disent les Anglo-saxons) Nicholas et Hervé reconnaissent avoir été moyennement fiers la veille du départ, limite la pétoche. Excités oui, mais carrément dubitatifs le matin du départ, vu les conditions dans lesquelles ils avaient dîné / dormi la veille d’un pareil marathon. Et puis, même s’ils sont déjà de gros rouleurs, avec des années de route derrière eux, c’est tout de même un peu le saut dans l’inconnu : on parle de 1600km en moins de 24h00, là ; ça rend forcément humble (faute d’être lucide).
Finalement, tout s’est (étonnamment ?) bien, très bien déroulé pour eux. À mi-chemin (800km), gros coup de pompe. Mais après deux canettes de Taureau Rouge prises lors de deux arrêts à la suite et avec une motivation et une concentration forte, tout s’est bien passé. À 02h00 du matin le dimanche, passée la symbolique ligne d’arrivée, ils étaient même tous les deux dans une forme étonnante ; convaincus de pouvoir continuer encore 200 ou 300km (ils se prennent alors à évoquer le ride Bun Burner Gold). La fatigue et la lassitude de toute cette monotonie autoroutière tant redoutée n’a pas été au rendez-vous. Par contre, tous deux disent que seul, cela aurait été sûrement très différent voire irréalisable. Ils n’ont jamais fait de longs arrêts (pas plus de 30 mn). Toujours sur des aires d’autoroute (pas question de sortir s’arrêter dans un petit village déguster une mousse ; l’horaire risquait de ne pas être tenable)… Le temps de faire le plein, acheter un café, un sandwich, un peu discuter et hop, ça repartait, on the road again !
Pas un seul problème sur la route. Pas de situations dangereuses, pas d’incident méca. Cool, que du bonheur, qu’on vous dit ! Par contre, des radars fixes partout et des gendarmes « avé les jumelles » en grande quantité. Les cent cinquante premiers kilomètres à 120km/h jusqu’à Rouen, puis tout à 135km/h, Hervé (au cruse control) en tête et Nicholas quelques cent mètres derrière. Très pratique sur la Street Glide sur une telle distance, cette fonction. Reposant aussi. Nicholas sur la Deluxe, n’en bénéficiait pas mais n’a apparemment pas été gêné. Autre gros avantage (plaisir) sur la Street Glide pour un tel défit : le lecteur de CD (Nazareth, Weezer et Guns & Rose).
– 07h29, premier sms à la p’tite famille pour dire que tout va bien. Rouen.
– 10h44, Calais, 400km.
– 12h30, Saint-Quentin, 585km.
– 16h16, 100km au sud de Dijon.
– 17h20, 1000km tout rond.
– 18h19, 1077km, la super forme.
– 20h37, 1277km entre Courtenay et Orléans. La nuit commence à tomber, la fraîcheur revient, quasiment personne sur l’autoroute. State of euphoria !
– 22h19, 1441km, quelques kilomètres avant Tours.
– 00h51, 1647km, nous sommes dimanche matin et ils sont arrivés à destination.
– 02h40, 1747km, Hervé sort de son garage, il vient de rentrer sa moto.
1747 km en 21heures et c’est la grande forme. Les deux compères en sont très étonnés. Mais fiers et heureux comme des gamins.
Ne reste plus alors qu’à régler l’aspect administratif dans les jours suivants. Envoi à l’IBA des copies des facturettes – conserver les originaux), descriptif du parcours, temps réalisé (tous les formulaires à compléter sont disponibles sur le site de l’association). Trois mois plus tard, Montjoie Saint-Denis !!!!… réception du Certificat, de l’épinglette, de l’autocollant, du magazine et du tour de plaque d’immat’ avé écrit bien gros dessus : World’s Toughest Motorcycle Riders !!! Grosse joie enfantine à la vue de l’enveloppe (from the USA) dans la boîte à lettres. I’ve got it, I’ve got it !!!
Et enfin, début du frimage de tête auprès de tous les potes biker / motard à qui vous expliquez que de plus, il y à moins de cinq certificats de ce genre à l’heure actuelle en France.
Toute plaisanterie mise à part, c’est une grande satisfaction pour Nicholas et Hervé d’avoir fait ce ride. Pourquoi ? Peut-être parce que ce n’est pas le but qui compte mais le voyage… ? Peut-être que parce que c’est tout de même difficile, qu’il y a la satisfaction de l’avoir réussi… ? Parce que peu de gens l’ont tenté… ? Qu’il y a le certif à l’issue… ? Ou pour le plaisir (pervers ?) à notre époque « environnementalement correcte » d’affirmer son empreinte carbone envers et contre tout / tous ?
Mais finalement, comme l’on dit dans notre milieu Harley : « If I had to explain, you would’nt understand« .
Si l’expérience vous tente, n’hésitez pas à solliciter Nicholas et Hervé qui seront enchantés de partager avec vous les détails de leur expérience.
Sympa comme expérience. Ca n’a pas été exprès, mais je pense que des fois sur les départs ou retour de voyage on ne doit pas être loin de ce score, à l’occasion ça serait marrant d’en profiter pour le valider. Tant qu’à faire de traverser l’Europe d’une traite par l’autoroute pour aller dans des coins marrants… Et en effet le régulateur est bien utile pour ça !
A noter que j’ai des potes qui ont fait différentes variantes de ces rides, dont un en chopper Harley, si si ! (pas son hard-tail, certes).
Sur un chop’ HD ? Wahou !!!
Attends, tu va wouar, il y a une suite, je proposerai bientôt un post sur le niveau deux de l’Iron Butt que nous avons aussi fait avec Nicholas …
Merci pour ce reportage qui prouve bien qu’il existe encore des ‘rouleurs’.
J’ai déjà proposé cette ballade sur plusieurs sites ‘moto’ et à chaque fois je passe pour un allumé.
Qu’ils aillent se faire foutre et qu’ils restent dans leur garage a nettoyé leur engin au coton tige.
Bonne route
à nettoyer ….
Hahaha, tu as bien raison.
Fais toi un Iron Butt avec un pote tu verras, c’est un sentiment très étrange et surtout super sympa.
Ping : 3ème édition (très réussie) du DEFI 999 | Tatoué Harley
respect, perso 1150 km sur une journée sur mon chop rigide
Ah oui effectivement sur un chop rigide la c’est carrément l’élite, impressionnant.
Après ce premier stade de l’Iron Butt nou savons fai sle deuxième niveau. Là on s’est t
Là on s’est tapé Paris-Barcelone aller-retour en 21 heures … C’était génial à faire.