Le long de la route principale, il y a des petits villages qui vivent à leur rythme…on y cultive des petites parcelles à la main ou avec des chevaux, comme il y a mille ans… les villages sont reliés par des chemins d’un autre temps, en terre ou en gros pavés défoncés. C’est étrange cette campagne immuable, tout le long du monde de la grand route, avec ses quat’quatres rutilants, ses hôtels kitchs et ses boutiques de nains de jardins…Gabor m’avait conseillé de changer des sous pour avoir des petites coupures en dollars des fois qu’il y ait du bakchich dans l’air. J’y ai quand même eu droit, mais plutôt dans les règles : un excès de vitesse de vingt kilomètres heure, il y avait bien le panneau, d’accord, j’accepte la défaite. J’ai sorti de ma poches quelques biftons d’ici tout chiffonnés mélangés à deux billets de dix dollars et ma carte visa pour qu’ils comprennent bien que je n’avais rien d’autre. Ils ont tout de suite tranché ; les deux billets verts, ce sera très bien, même si leurs espérances étaient plus dodues, ils ont plutôt été contents ; on s’est virilement serré la main, style broyage intégral, mais j’ai fait le genre même pas mal et je suis parti geindre ma douleur sur la poignée de gaz en cachant bien mon jeu. Mais pour la suite, j’ai bien été attentif à me planquer dans l’angle mort des camions , vieille tactique africaine et plus personne ne m’a coincé jusqu’à mon arrivée à Kiev…