Elle a fini par redémarrer, avec du câblage électrique, un régulateur et des charbons de Lada et puis une nouvelle batterie. J’ai cru qu’ils allaient encore me la garder, Misha voulait démonter la boîte, je lui ai dit qu’il fallait des outils spéciaux, il m’a immédiatement répondu que je ne connaissais pas encore assez la méthode Kolkhoze, héritée des Soviétiques, qui te permet de réparer tout avec rien. Si, je viens un peu de la découvrir cette méthode incroyable avec toutes mes pièces de Lada… Je lui ai bien expliqué que ma boîte, elle merdait depuis la Furkapass, en Suisse, le deuxième jour de mon voyage, que c’est pas grave, que j’ai déjà fait Montpellier-Nairobi en passant par Beyrouth sans première, alors les trois mille bornes qu’il me reste jusqu’à Irkoutsk, c’est de la rigolade…ou du moins, c’est ce qu’on verra plus loin. Un bon voyage ne se fait pas sans handicap, je l’ai toujours su, cette panne providentielle m’a permis de découvrir l’incroyable solidarité du peuple motard russe. Je serais parti avec une bécane presque neuve, j’aurais traversé la ville comme un coup de vent trop frais. Peut-être qu’avant le départ pour un grand voyage, il faudrait toujours saboter la bécane, faire de l’obsolescence auto programmée, de la panne intentionnelle, pour qu’il se passe, à intervalles réguliers, des rencontres incroyables sur toute la route qui mène au lac Baïkal…Quand j’ai quitté l’atelier, une petite escadrille d’un dizaine de bécanes m’a escorté jusqu’à l’appart de mon premier jour à Yekaterinburg, on a slalomé entre les bagnoles, fait des départs en ligne au feu et puis nous nous sommes tous fait de chaleureuses accolades viriles, même avec la fille en 750…Depuis mon passage chez Misha et Sacha, ma moto n’était plus la même et moi non plus…
Ben dis donc p’tit sauvage, en voilà des rencontres qui secouent…
C’est quand même chouette de pouvoir te suivre, je ne sais pas comment tu te débrouilles pour te connecter aussi quotidiennement.
Sur les films, tu as le soleil, ici alerte rouge depuis hier, ma rue est barrée et ma maison une île !
Tu me fais rire Corto Ptiluc! accolade virile aussi mais moins attendrissante que certaines autres! Alors, la bise de picardie