Scot à Tiumen…

SCOT, est un petit monsieur rondouillard qui roule en 1200 Ténéré ; dès qu’il a su que j’étais en ville, il est venu à ma rencontre et m’a tout de suite emmené pour un tour de sa ville ; les grandes avenues, les musées, les monuments à la gloire de ceci-cela, Scot est très fier de sa ville, il voudrait que je photographie tout. Tiumen est la ville du pétrole,  la taille de sa province, ça fait sept fois la France et c’est ici, enfin, un peu plus au nord, qu’ils ont trouvé plein de pétrole. Du coup la ville se fait des liftings en permanence, elle astique les coupoles de ses églises, se construit des bâtiments modernes, entretient ses jardins et retapisse de granit les bords de la rivière. Le soir Scot m’invite dans le bureau tout neuf de sa boîte de lavage de bagnole, il s’arrête acheter de la vodka  et du lard et puis appelle ses potes, le massacre va commencer. Plus ils sont bourrés, plus ils parlent haut et fort en oubliant d’essayer de me traduire…j’arrive à gérer, je commence à connaître et puis je dors juste à côté du bureau, sur un matelas de camping, dans une grande pièce vide mais  chauffée, mais c’est dur, c’est très dur, je m’en sors comme d’habitude, en tirant les portraits de tout le monde.

Le lendemain, j’ai démarré à l’Aspirine, le gardien et son fils m’ont invité dans leur cabane à boire du thé en mangeant des Bolinos Russes, ça nettoie toute cette eau chaude, jamais je n’ai trouvé ça aussi bon. Le gardien ressemble à Artus Bertrand, sans l’air prétentieux et son fils à Malcolm Mac Dowell dans Orange Mécanique, le même regard bizarre avec les sourcils froncés. J’ai repris la route ; la prochaine ville c’est Omsk…Scot a déjà prévenu du monde de ma venue, je suis coincé dans une spirale éthylique à haut risque…en attendant, pour récupérer, je me suis arrêté à Ichim, petite bourgade d’un sinistre absolu, nous sommes toujours dans la même province, mais ici on a rien lifté avec l’argent du pétrole. J’ai pu dénicher un petit hôtel  où personne ne veut boire un coup avec moi…C’est l’hôtel Ilitch, juste à côté de la statue  de Lénine, mot de passe du WIFI « 1917 » ; me voilà revenu en Union Soviétique…

One thought on “Scot à Tiumen…

  1. Priviète Ptliouk,

    décidément… en 20 ans, y’a des trucs qui ne changent pas en Russie. Quand en 1993 avec mes quatre potes nous traversions le pays d’Ouest en Est avec nos deux deudeuches, c’était déjà la même limonade… enfin, quand je dis « limonade », c’est plutôt de vodka qu’il faudrait parler.
    Tout pareil qu’à toi : de villes en villes, nous étions attendus par les potes des potes que nous venions de rencontrer et qui nous recommandaient à ceux de la ville suivante. Et donc, d’accueil en accueil, c’était soirée vodla sur soirée vodka, invariable !
    Des mecs prévenus nous attendaient à l’entrée de la ville, généralement près du monument en béton flanqué de son tank, son supersonique ou sa locomotive (ça dépendait de la spécialité industrielle du patelin), on suivait nos nouveaux amis qui faisait forcément une étape technique au « gastronom » ou au kiosque du coin pour acheter le « ravitaillement » et on se retrouvaient au milieu de tas de gens très sympathiques dans leurs appartements avec les tapis persans au mur et qui tenaient à nous faire arroser leurs zakouski (généralement quelques concombres et un bout de salami de là-bas avec la brique de pain de sciure) à grandes descentes de vodka avalées cul-sec, « dadna » et « napassachok »… Putain le spectacle qu’on découvrait au matin, dans les effluves de vomi, de pets de concombres et de chaussettes pas fraiches ! Ha ils étaient beaux, les romantiques fransouski de la langue de l’amour, Parij, Jô Dassine et Mirrreille Mathiou ! Après quelques litres de trop, c’était plutôt Tostoï, façon « guerre et paix » dans la piaule !

    Heureusement qu’entre deux villes, on arrivait souvent à faire une étape avec « nuit en brousse », histoire d’alterner les dangers de l’alcool avec ceux des bêtes féroces, je veux parler des moustiques de compétitions qui hantent la taïga.

    Allez, bon courage pour la suite !

    Paka, moï brat,

    Komar le banlieusard

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