Tomtomsk et Nanard

Les motards sont vraiment de grands gamins, ils ont tous des noms de guerre, des totems de scouts, comme dans la patrouille des Castors, le club des cinq ou les quatre As! A Omks, mon contact s’appelait  « Phénix » sur sa Gold Wing blanche , il y a aussi « Red Wine », « doc »,« général » et plein d’autres encore, j’aurais dû prendre des notes pour mon collègue Coyote qui rêve d’Amérique mais ferait mieux de venir faire un tour ici, il y trouverait un tas de frangins…En quittant Novosibirtsk , trois degrés pluie battante, il m’a semblé que l’été des femmes avait cédé sa place à des prémices hivernaux moins romantiques, même si les feuilles de bouleaux, quand le ciel est noir et la pluie intense, gardent une étrange lumière dorée que seule la neige viendra éteindre. J’ai décidé de faire un petit détour par Tomsk, on m’avait dit que la ville était plutôt sympathique et le « Doc » m’avait filé un contact…Jeune graphiste, Anton n’a rien d’un biker ; normal, c’est un cycliste ; le motard c’est son papa…Il me fait un peu visiter la ville puis m’emmène au « Art Hôtel »…C’est un appartement en sous sol, avec quatre piaules à louer, c’est tout petit, pas cher et assez insolite. Je n’arrive pas à savoir si je suis chez quelqu’une qui loue son appart ou si c’est vraiment un hôtel, c’est dans le vieux quartier où il reste encore des rues entières de maisons en bois. C’est très joli la nuit sous la pluie…D’où vient donc cette fascination  pour ces lieux décalés, complètement hors de temps ? Sans doute juste une nostalgie d’images qu’on aurait pu se faire dans l’enfance, de lieux qui n’existent plus que dans notre imaginaire…une vieille Volga, garée dans une rue en bois  suffit à réveiller des sensations diffuses d’imageries enfantines…là, subitement, je suis dans une Russie de livre d’enfant, la neige va tomber, une troïka va passer  et puis des cosaques qui danseront le kasatchok. Se promener dans une rue en bois un soir d’automne  triste, c’est comme chercher l’Afrique dans le Serengetti ou l’Inde au Lake Palace Hôtel…Et si c’était ça que je cherchais en voyage, feuilleter à nouveau mes livres d’enfant…

One thought on “Tomtomsk et Nanard

  1. Priviète Ptiliouk,

    J’ai bien aimé Tomsk… Une ville un peu à l’écart, une ville à taille humaine, plus Russe que Soviétique. On m’avait expliqué que c’était parce qu’à l’époque du tracé du Transsibérien, la ville avait refusé la passage de la ligne transcontinentale qui continue sa route vers l’est un peu plus au sud. Du coup, Tomsk est restée à l’écart du développement économique et en a gardé un côté plus provincial. Et du coup, la route était aussi plus pourrie et très mal indiquée… nous avons fait de sacrés détours pour la rallier depuis Novossibirsk.
    Mais ce qui m’a marqué, à Tomsk, c’est que c’est là que des aviateurs nous ont offert un baptême de voltige à bord de Yak 52.

    Et pour les petits besoins du quotidien, la bouffe sur la route, l’essence, les pauses, comment ça se passe ? Qu »est-ce que tu manges ? Raconte nous ça aussi.

    Irkoutsk n’est plus très loin maintenant : si tu cherches des contacts en ville et pour le Baïkal, fais-le moi savoir par courriel, je transmettrai à mon pote Tug qui a des amis là-bas.

    Bonne continuation,
    Paka moï brat.

    Komar le banlieusard

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