On ne se lasse pas de contempler les maisons en bois, leur flamboyance passée, leur effondrement et parfois leur renaissance. Construites souvent directement sur le sol, elles ont bien du mal à combattre le temps qui passe ; c’est souvent lui qui gagne la partie, il laisse l’humidité grignoter les soubassements et les maisons en bois descendent lentement dans la terre…quand une réfection de chaussée rehausse le niveau du bitume, elles semblent encore un peu plus mangées par le sol, on dirait qu’elles sombrent, qu’elles chavirent lentement. Les murs souvent finissent par s’incliner sous le poids des années. S’ils s’écartent, la toiture s’effondre et la maison s’écrase comme un château de cartes. Mais parfois les murs s’affaissent vers l’intérieur, le toit se boursouffle , la maison se replie sur elle-même, comme si elle voulait se recroqueviller, se faire tout petite, s’endormir comme une petite vieille retombée en enfance. Beaucoup sont en ruines ou à vendre, certaines ont brûlés et puis il y a celles qu’on restaure qu’on bichonne, qu’on fait renaître. Les villes Russes ont commencé à comprendre que c’est là qu’était leur âme, elles se sont donc enfin décidée à faire revivre des rues entières. A Irkutsk, on a reconstruit dans ce style qu’on croyait condamné, tout un quartier à la mode. On n’y trouve que des restos, des boutiques ou des bistrots qui se la pètent, ça fait un peu Disneyland, mais cette résurrection de pacotille est pourtant la plus éclatante victoire des petites maisons en bois de Russie…