Hollyday on ice…

L’angoisse face à l’inconnu…Je me souviens du Mali, en quatre vingt dix sept, la piste de Kayes à Bamako par Bafoulabé ; le guide Transafrique la classait en catégorie difficile pour conducteur expérimenté, j’en avais des sueurs froides…La veille, dans un hôtel déglingué de Kayes, je lisais encore le descriptif, l’estomac noué …Le guide Transafrique du Touring Club Suisse, c’était un peu comme une sorte de bible pour les routards d’Afrique, un nombre de piste innombrable y étaient minutieusement décrites ; en lisant ça on était déjà sur le terrain et une fois sur place, les épreuves, les champs de feshfesh ou de cailloux, on pouvait déjà s’y être psychologiquement préparé … Par exemple, quand j’étais arrivé devant la dune de Laouni , cent bornes après Tamanrasset, je savais depuis des semaines que ce moment précis serait une initiation de plus sur mon parcours . Internet et le djihad généralisé au Sahel ont éjecté le guide Transafrique au rayon des livres oubliés, mais il m’aura appris cette angoisse mêlée d’excitation qui précède toujours les passages légendaires…et ce matin, en face du Baïkal gelé je retrouve cette étrange sensation d’adrénaline douce. J’ajuste consciencieusement les chaines à neige, je me donne le temps de bien faire, ça déstresse.  Dix minutes pour la roue avant, plus de trente pour l’arrière avant qu’un des chauffeurs de petit camion gris ne s’arrête pour s’intéresser à mon cas que je croyais déjà désespéré : n’était-ce pas une idée irréalisable de monter des chaines sur un pneu tout terrain ? Que se passera t’il dans quelques mètres ? Je prends la suite du petit camion Russe, je suis un peu rassuré, je ne suis pas tout seul en cas de galère. A peine sur la glace, la moto part vers la droite, moi je veux rester dans l’axe du camion, en cette saison on ne va pas n’importe où.  Je finis par prendre le coup assez vite, il faut conduire ça comme un engin nouveau, déraper un peu en sortant de la selle pour se remettre dans l’axe, c’est plutôt rigolo finalement, sauf que ma chaîne du pneu avant commence à faire un gros bruit pas terrible et   à manger le garde boue…Mon pote a flairé l’embrouille depuis son camion. On s’arrête, il me sectionne quelques bouts de chaîne qu’il juge suspect et inutile ; on repart. Evidemment, elle est encore plus molle, la chaîne, mais je la laisse achever le garde boue, je suis sur le Baïkal à moto, je ne vais pas m’emmerder avec ce bout de plastique qui veut gâcher ce moment exclusif. On a dû faire une petite vingtaine de bornes, je me suis plutôt bien démerdé, je n’ai raté que l’échouage sur une petite plage de sable épais qu’il était un peu audacieux de croire vouloir, sur la lancée de la glisse, escalader avec une moto à skis !

8 thoughts on “Hollyday on ice…

  1. Priviète Ptiliouk,

    bravo, t’as roulé sur le Baïkal et je t’envie ! Moi, je rêve de faire ça en Deudeuche, avec des pneus de route.

    Y’a encore combien d’épaisseur de glace ?

    Passe le bonjour aux copains sibériens,

    Komar

  2. Beau trip !
    C’est chiant les garde boue bas pour les chaines soit tu le rehausse de 4 cm soit garde boue haut…avec les chaines staudacher que du bonheur….
    beau voyage . Chapeau l’ami.
    Fabrice.

  3. Bonjour
    Je me rappelle bien du guide Transafrique du Touring Club Suisse, et du pavé Sahara… je me suis rappelé de Bamako Kaye en 500 xt, et des dunes de Laouni en 4l fourgonnette. Tu décris parfaitement ce que j’ai aussi ressenti avant ces passages.
    Mais vouloir glisser sur le Baïkal en moto, chapeau bas ! As-u pensé au Guiness Book ?
    Fabuleux ton récit.
    Gilles

    • le Baikal, y’a que ce pistonné de Sylvain Tesson pour faire croire que c’est un exploit! Crois-moi, Laouni en 4L et la piste de Kayes en XT, c’est bien plus héroïque!

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