Quand on remonte vers le nord pour rejoindre l’extrémité de l’île, on traverse quelques petits villages, des forêts de mélèzes et des steppes bien dégagées. On arrive tranquillement à l’entrée de la réserve et la piste devient soudainement très sableuse, tellement sableuse qu’il faudrait dégonfler, comme ça se fait au désert. J’ai gardé mes chaînes à neige, j’ai eu tellement de mal à les mettre en place, il n’est absolument pas question de démonter pour risquer de ne plus arriver à les remonter. Un judicieux demi tour me semble plus sage.Je reviendrai visiter le nord avec l’équipe de tournage, leurs quads, leurs camions OAZ et leur hydroglisseur. Ils m’ont proposé de rester un peu plus longtemps, de leur faire des croquis sur le vif et de boire quelques coups avec eux, pourquoi donc refuser si belle invitation ? La fonte peut-être ? N’est ce donc pas là une excuse digne de ce nom, une raison puissamment valable de décliner l’invitation ? Arnaud, l’homme des expéditions polaires, m’a proposé un guide pour retraverser dans l’autre sens ; c’est qu’il ne faut jamais oublier que pendant qu’on fait les guignols sur l’île, la glace, elle, continue inexorablement sa fonte…Il y a déjà deux bagnoles qui sont passées à travers, il faut commencer à bien connaître… mais le guide il connaîtra ; je peux donc rester juste un peu plus longtemps…