En quittant Artouk, je savais que ce serait une étape longue, humide, un peu boueuse sans trop de choix pour varier le programme… rester à Artouk et finir comme Pavel ? Faire une étape plus courte ? Pour camper dans la boue : non, je voudrais un étape avec une douche… je préfère me concentrer et tirer ma trace au milieu de celles des camions. Les collines sont embrumées et on ne croise que des villages effondrés. On y devine parfois une certaine agitation de camion, sans doute que des Pavel rôdent dans toutes ces ruines pour récupérer bouts de charpentes et ferrailles…J’aligne finalement les bornes avec une certaine allure, j’en aurais presque oublié les risques de panne. Une petite fumée sous la colonne de direction me ramène à cette réalité-là, une odeur de plastique fondu qui sent l’agonie du faisceau électrique. Je m’arrête au bord de la piste, je commence à démonter fébrilement le réservoir. Il ne faut jamais oublier qu’en Russie, on n’est jamais seul longtemps… dix minutes plus tard, je me retrouve attelé à une jeep Uaz, à peine dix kilomètres plus loin, au bout d’un chemin de traverse, on me dépose dans un village avec un grand garage à autobus… je commence à comprendre la durée de vie des villages ; tant qu’y persiste une activité, quelle qu’elle soit, ils survivent, sinon, ils retournent à la terre et ,accessoirement, à Pavel et son camion… Pendant qu’on m’offre le thé avec une barre chocolatée, un jeune soldat, commence à s’attaquer aux câbles fondus. Une demi heure après, je recharge et je repars. Je ne sais pas combien de temps tiendra cette rapide réparation au Chaterton mais j’arrive à terminer mon étape de trois cent bornes avant la nuit. A l’entrée de Suchuman, je rencontre Anatoli, motard russe en Kawasaki KLR…. Il m’emmène jusqu’au centre de cette bourgade d’immeubles tristes dans celui qui fait office d’hôtel, j’arrive juste à dénicher un plumard avant trois jeunes coréens crottés, à peine sortis de la route des os et qui devront camper dans le square humide juste en bas.
Priviète tovaritch Ptiliouk,
kak diéla ? Toute-chto-chto-nié tak ?
Jouer avec un faisceau électrique de farces et attrapes en tentant de traverser des contrées infestées de moustiques, entouré de forêts pullulant de gros ours affamés cherchant à s’engraisser avant l’hiver (quoique s’engraisser sur ta carcasse décharnée de crobardeur décroissant, c’est pas gagné, si j’étais ours, t’es pas le genre de casse-croûte que je trouverais alléchant), y’a pas à dire, t’as encore l’esprit sportif pour un gars de ton âge !
Tu vois, t’aurais presque pu partir avec la Guzzi finalement !
Allez, chi sliva pouti, comme on dit là-bas !
à te lire…
Paka !
J’ai dû rater un épisode, ou plusieurs ? ça fait deux fois que tu parles de la route des os ?????? c’est quoi, ce truc ? Un itinéraire semé de carcasses abandonnées par les ours et les charognards ?
c’est fait!