Conditionnel indicatif

Où serais-je à l’instant si tout était resté comme avant ? Dans un camion sans doute, quelque part, juste au dessus du cercle polaire, ou sur ma moto, fièrement chaussée de ses skis pour sol gelé à moins que ce ne fusse coincé dans un hôtel à attendre, selon la conjoncture, un papier ou un rapatriement. Mais je suis chez moi, je taille des arbres et je plante des patates. Je bricole aussi les vieilles bécanes du garage… c’est très important de le signaler car ce blog est un blog de motocycliste qui aurait dû être suivi par des assoiffés de bicylindres et de grands espaces. Eux mêmes étant coincés en confinement, le seul grand espace que je peux leur offrir, c’est celui des garrigues environnantes contemplées depuis les cimes des pins…

Depuis l’année dernière, la Mutuelle des Motards, m’assiste dans ces rêves d’expéditions lointaines, mais cette année, l’un comme l’autre, nous devons subir des changements de paradigmes inopinés.

Après le huitième arbre élagué, je commence à me faire assister en respectant la distance réglementaire ; c’est plus facile qu’au bistrot : un qui coupe au sommet et l’autre qui débite au sol, c’est pas avec nous qu’il va se propager, le virus. Mais sans doute que le lecteur motard, assoiffé d’ornières défilantes et de carbus ruisselants, ne va pas y trouver son compte dans cette chronique immobile. Et pourtant, les triomphes de confinement ont certes moins d’allure, mais on en jouit avec  autant de délectation… signe du temps qui passe, les premiers plants de patate sont sortis de terre… … et si cette année, je ne pourrai pas planter le drapeau de la Mutuelle sur le Cercle Polaire, ce n’est pas sans une certaine fierté que je le planterai au milieu de mon potager renaissant.

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