Les adaptations clandestines de confinement m’ont apporté un peu de main d’œuvre. Voilà qui ne pouvait pas mieux tomber. C’est épuisant de jouer les bûcherons et puisque je suis à l’orée de la tranche d’âge critique, l’arrivée d’une main d’œuvre providentielle me permet de débiter au sol, de gérer cordes et échelles mais plus de saisir la tronçonneuse à bout de bras en retenant les grosses branches pour en gérer la chute. Le confinement m’a appris, entre autre, que certains métiers méritent bien des primes à la pénibilité et des régimes spéciaux. Quand je découvre l’état de mes poignets après un mois, je me dis qu’un bûcheron, après quarante ans de carrière, ça doit être sacrément plus fatigué qu’un dessinateur de bandes dessinées. Il faudrait que les ministres du travail, des retraites et de la santé, plutôt que de faire des ronds dans l’eau sur les médias, profitent du confinement pour aller faire un stage d’un mois ou deux à la mine, aux champs ou à l’usine. Je crois que c’était un peu l’idée de Pol Pot et que même il avait écrit une thèse à la Sorbonne à ce propos. Comme je n’ai pas l’âme d’un Khmer Rouge , ce raisonnement simpliste mérite sans doute une analyse plus profonde. Mais bon, je l’imagine bien la ministre des armées dans la poussière du Sahel ou celui du travail, à la chaine chez Renault… ou le président, confiné dans un deux pièces à la Courneuve, même pas deux mois, juste trois jours, ça le changerait de l’Elysée qui n’est pas le pire pied à terre pour un Parigot confiné…