Le confinement c’est le repli sur la contemplation du microcosme ; je n’ai jamais autant observé les insectes que ce printemps-ci. Après avoir croisé les éléphants en Afrique Centrale et craint de camper sur la route du grizzly en Sibérie, j’adapte l’observation animale au nouveau cosmos restreint.
Je suis accompagné d’une chasseuse d’image redoutable. Moi, en insecte comme en champignon, je regarde toujours à côté de la cible. Elle, elle sait poser l’oeil sur la bestiole tapie.
L’infiniment petit est redevenu à la mode grâce au virus qui défraie la chronique. La nature qu’on ne maitrisera jamais recommence à nous faire peur comme au moyen âge, on y craint partout des menaces de mort sous les feuilles mortes… Et puis après tout, merde, la vie c’est la mort, non ? C’est la seule vraie promesse qu’on peut nous faire à la naissance, elle sera toujours tenue. Ce n’est pas sacré, la vie, quoi qu’on en pense. Regardons enfin notre réalité brute : notre destin ce n’est pas de finir alzheimerisé dans un hospice, mais bien de mourir un jour, de nourrir les charançons puis d’enfin devenir du compost sur lequel renaîtra autre chose. En attendant, je vais me coucher tôt ce soir… mais avant , je regarderai sous mon lit, comme quand j’étais petit, si ne s’y cache pas quelque créature diabolique…