Aujourd’hui, il fait gris et il pleut, la terre sent bon la terre, je suis allé faire un tour à moto. Je me suis baladé en périphérie, dans ces quartiers des glorieuses fifties, édifiés quand l’insouciance et la confiance dans l’avenir berçait d’illusion une population enivrée de petits espoirs tout simples et à crédit, quand les petits pavillons avec jardin, s’appelaient « mon rêve » ou « sam suffit ». D’y rouler, comme ça, le nez au vent humide, me donnait l’impression de divaguer entre les époques dans une vague faille temporelle. Entre le temps où les rues étaient vides parce qu’il n’y avait pas trop de bagnoles et celui où elles le sont parce qu’on est assignés à résidence… D’y rouler comme ça sans attestation dérogatoire, donnait à cette microscopique virée un tout petit parfum d’aventure… Arriverais-je à m’en contenter, si les frontières lointaines restent fermées à jamais?