Présent conclusif plus qu’imparfait

Le confinement est terminé, il est temps d’arrêter cette chronique quotidienne.

Quand je rentre d’un pays lointain, j’attends toujours quelques articles pour trouver la conclusion du récit , en décrivant, durant quelques jours, le retour à la vie normale. Avec cette fin de confinement, on n’y est pas encore vraiment, dans la vie normale. Le temps, sans repère précis, continue de s’étirer…

Je roule à nouveau, j’ai sorti la grosse Italienne du garage pour aller sillonner quelques routes d’arrière-pays. Après avoir instantanément retrouvé cette  incomparable sensation du vent fouettant mon visage, j’ai senti comme un léger sentiment de gène m’envahir peu à peu…J’étais comme tous les autres, tout ceux qui se goinfraient du plaisir puéril de faire rugir leurs moteurs à travers les campagnes et brisaient la trêve accordée aux oiseaux …Quel dilemme ; ces dernières semaines, du haut des arbres, je m’émerveillais pourtant chaque jour du retour des fanfares printanières. Mais que faire ? La moto, c’est comme le dessin, si je suis ce que je suis, c’est par l’accomplissement de ces deux rêves de gosse… Alors je me dis que ce confinement ; c’était un peu comme une répétition, et que quand plus personne ne roulera, j’aurai déjà été initiés aux plaisirs simples de proximité… en attendant , j’assume ce dilemme…

Le moment venu, je demanderai un délai supplémentaire à ma conscience, un report en quelque sorte ; car j’ai toujours une moto à récupérer, là-bas…

On m’y attend toujours, au Chukotka…

3 thoughts on “Présent conclusif plus qu’imparfait

  1. Merci, je n’étais plus venu te voir depuis le début 2020, j’attendais le retour en Sibérie et voilà que je découvre ton confinage et tes aventures intérieures. Mais où es-tu? Moi, coincé dans mon 5eme étage avec la Suzuki qui tourne toutes les semaines au premier sous-sol, j’aimerais bien rêver. Et puis un jour te croiser dans une ornière en train de redresser ce qui me servirait de moto, vautré pour la millième fois par terre dans les lointitudes de nulle part. Mais bon, peut-être que là, je rêve aussi.

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