Le chemin détourné peut passer par Belgrade. C’est par là que je me glisse.
Arrivé à l’aéroport, je récupère mon bagage et je sors avec le gros caddy, persuadé que l’Airport Hôtel déniché la veille sur le Net, ne peut, vu son nom, qu’être en face de la sortie « arrival ». Je commence à traverser les zones de bus et de taxi, puis les parkings et les zones de fret. A chaque fois que je me renseigne, on me dit que c’est la bonne direction mais que je ferais mieux de prendre le bus. Moi je fais le fier, j’ai tout l’après midi, il fait doux et un peu de marche me fera du bien.
Une demi heure plus loin, tout seul sur une longue ligne droite au milieu de rien, je le fais beaucoup moins, le fier. Tout autour, ce sont des champs tout plats, petits à petits grignotés par les friches et les parkings, de plus en plus informels au fur et à mesure qu’on s’éloigne.
Il y pousse nettement plus de la cannette et du plastique que du maïs et du blé.
J’ai fini par trouver l’hôtel en retrouvant l’agglomération. Cette périphérie est comme toutes ces agglomérations informelles ; mélange de zone commerciale, de constructions neuves et bâtardes, de restos néorustiques et parfois de vestiges de la campagne qui occupait tout l’espace il n’y a pas si longtemps. L’ensemble ne se prête pas à la balade, plutôt au coup de déprime…
Alors, pour éviter de me foutre au plumard à quinze heures, dans un élan de bonne conscience vaguement grotesque, je décide de ramener le caddy à l’aéroport et puis bien sûr, de rentrer une fois de plus à pied, mais en coupant par les champs histoire de m’égarer un peu, de traquer l’aventure entre les tas d’ordures, les labours et les hangars… Le but fut parfaitement atteint, j’ai rallongé plus que raccourci, mais je sais que je vais bien dormir, car il va falloir une fois de plus se lever avant l’ aube…ce retour au Chukotka démarre de façon bizarre… mais bon… je suis reparti, n’est-ce pas là le plus important?
Demain, je passe la douane; je verrai si les petits Fransouss ont toujours autant la cote…