L’Asie tous azimuts ?
Chine-Japon : la guerre des prix commence… Ce titre de couverture qualifiant notre comparatif principal CF Moto 650 MT contre Yamaha Tracer 700 augure en fait des transformations bien plus vastes sur le marché de la moto. Ce dernier arrive en effet à un tournant car les machines de loisir destinées aux motard(e)s chinois(e)s, et indien(ne)s, correspondent aujourd’hui aux entrées de gamme des constructeurs japonais et européens. En termes de conception comme d’équipements. Hormis la CF Moto, citons là trois autres exemples : les Royal Enfield 650, les Benelli 500 (non, elles ne sont plus italiennes) et les Cyclone 400, émanation d’un des plus gros fabricants de deux-roues de l’Empire du milieu, Zongshen. Et pour mesurer l’impact possible de l’arrivée de ces asiatiques en Occident, rappelons quelques chiffres : Japon, 300 000 ventes par an ; USA, 400 000 ; Europe, 1 million ; Chine, 15 millions ; Inde, 22 millions. On voit là que la conception d’un modèle compatible avec nos attentes sera rapidement amorti, et diffusé à un tarif défiant toute concurrence durant quelques décennies encore !
Certains diront qu’il s’agit là de pâles copies… Mais n’oublions pas que l’histoire industrielle s’en est constamment nourrie. La française Ratier 750 Cemec calquée sur la BMW R12. Les disques rotatifs des 2-temps piqués par Suzuki à MZ. La Laverda 650 de 1966 fortement inspirée de la CB 450 Honda DOHC…
Reste à savoir si les industriels indiens et chinois s’intéresseront à des machines plus luxueuses, coûteuses à mettre au point et somme toute vendues à un très faible nombre d’exemplaires. Il y a plus à parier qu’ils investissent le marché de l’électrique urbain à l’heure où nombre de nations pensent transition écologique…
Jean-Pierre Théodore, rédacteur en chef