1983 : année charnière pour la régularité motocycliste en France

Bonjour à tous,

Année de l’enterrement devrait-on plutôt dire.

Voici un petit rappel historique pour tous ceux qui n’ont pas suivi les épisodes précédents.

En 1980, nous avons assisté à un épisode cocasse avec la publication par la Fédération Française de Motocyclisme (FFM) de deux règlements et par conséquent de deux calendriers pour les épreuves de régularité d’une part, les rallyes d’autre part. Cela résultait des discussions agitant le milieu des rallyes et de la régularité à l’époque.

Discussions qui sont finalement assez proches de celles qui animent les réseaux sociaux en ce début d’année 2020 à propos de l’organisation des rallyes routiers.

Ce sont, en effet, deux règlements qui sont présentés par la FFM en 1980 : un règlement de régularité et un règlement des rallyes (France Moto n°131 du 11 janvier 1980).

Le résultat de ces 2 règlements concurrents se traduit par deux calendriers (France Moto n°132 du 15 février 1980).

Figure 1 : calendrier des épreuves de régularité et de rallyes de la saison 1980 (France Moto n°132 du 15 février 1980)

Deux calendriers qui verront se concurrencer des épreuves de régularité et des rallyes lors de la saison 1980. Ce qui nous amenait à faire ce commentaire : « Drôle de situation pour une discipline qui avait déjà du mal à attirer des concurrents ».

Figure 2 : classements des championnats de France des rallyes et de la régularité en 1980 (France moto n°141 de décembre 1980)

En 1980, les classements des rallyes et de la régularité correspondant aux deux règlements et aux deux calendriers mis en place, avec leurs déclinaisons, militaire d’une part, civil d’autre part, sont plutôt compliqués à comprendre.

En 1981, les épreuves de régularité et les rallyes sont regroupés dans le Championnat de France de rallyes de régularité.

Pour les épreuves du championnat 1981, l’usage des horodatrices est conseillé et le fléchage également.

Figure 3 : calendrier du championnat de France de rallyes de régularité 1981 (France moto n°142 de janvier 1981)

Chez les civils, le champion 1981 est Jean-Yves Rivollet (MC Vercors) qui pilote une Honda XLS 500. Il devance Alain Villeneau (AM Surgères) qui pilote une Yamaha XT 500.

Figure 4 : classements du championnat de rallyes de régularité 1981 (France moto n°153 de janvier 1982)

Ces deux pilotes utilisent des « trails » que les constructeurs japonais ont développé en s’inspirant des machines utilisées dans les courses de désert en Californie ou au Mexique et dans le Paris-Dakar pour les européens.

Chez les militaires, les policiers habitués des épreuves de régularité, Jean-Jacques Garnier, Raymond Loiseaux ou Gilles Campestrini, le trio de tête du championnat 1981, utilisent des Kawasaki de route.

En 1982, un rallye de régularité doit comporter au moins trois épreuves spéciales : course de côte, course de vitesse sur route fermée, épreuve à moyenne spéciale chronométrée ou course sur circuit.

Le championnat de France individuel des Rallyes de régularité 1982 distingue toujours le classement « police armée » pour les militaires de celui des civils. Mais ça se complique avec l’apparition de classements par cylindrées (125 cm3, 125-400 cm3 et plus de 400 cm3). De plus, pour ces Trophées, réservés aux classements chez les civils, ce ne sont pas tout à fait les mêmes épreuves qui sont retenues pour le classement final selon les catégories.

Figure 5 : classements du championnat de rallyes de régularité 1982 (France moto n°164 de décembre 1982)

A classement final du Championnat 1982, chez les civils, Jean-Yves Rivollet (MC Vercors), en mode pause, a laissé sa place à Pierre Lacour (MC Lyon) devant Alain Villeneau (AM Surgères). Deux Yamaha XT 500 occupent la tête du championnat civil.

Chez les militaires, le CMPN avec Jean-Marc Orioli, Gilles Campestrini et Alain Laurent et leurs routières fait toujours la loi.

En 1983, patatra, s’en est fini de la régularité.

Le championnat de France des rallyes 1983 est une épreuve individuelle se déroulant sur une étape de jour et une étape de nuit. Chaque manche du championnat devra comporter trois épreuves spéciales chronométrées : course de côtes, spéciale sur route fermée ou course sur circuit.

Le championnat 1983 voit la disparition des épreuves à moyenne spéciale chronométrée comme certains pilotes civils le demandaient depuis la fin de la saison 1981 (cf. les lettres de Bruno Fardelle et Jean-Yves Rivollet parues dans France moto n°150 en octobre 1981).

En 1983, les contrôles horaires s’effectueront au moyen d’horodatrices et le fléchage du parcours est obligatoire.

Les principaux animateurs du championnat 1983 vont « boycoter » le 3ème rallye de l’AMA (Amicale Motocycliste Angoumoisine), en raison de ses deux bases chrono et de son unique course de côte.

Ils n’ont été que 23 à s’aligner dans cette épreuve exigeante mais pourtant passionnante « alors qu’on sait qu’il faut pratiquement 200 bénévoles pour assurer le fonctionnement de la machine je dis non, je capitule, il n’y aura pas de rallye de régularité l’an prochain en Charente » disait hier visiblement désabusé le président Forillière (Sud Ouest, lundi 22 novembre 1982).

Se déroulant les 20 et 21 novembre 1982, cette épreuve dénommée également Tour de Charente mais aussi 12ème circuit de régularité du Poitou, ouvrait la saison 1983 des rallyes.

L’annulation du Rallye de l’Aunis, prévu à Surgères (17) le 27 février 1983, puis celle du Circuit de la Vienne du 24 avril 1983 sont d’autres symptômes du changement opéré dans le Championnat de France des Rallyes à cette époque.

Figure 6 : classements du championnat de France des Rallyes 1983 (France moto n°175 du 15 décembre 1983)

En 1983, Jean-Claude Huger, le gendarme du Club Motocycliste de la Police nationale, remporte le titre de Champion de France des Rallyes au guidon de sa Honda 900 bol d‘Or. Il devance les deux policiers Patrick Orioli et Alain Laurent au guidon de leurs Ducati 600. Le scratch du championnat de France des rallyes reste la propriété des militaires et de leurs routières sportives. Le premier civil, Pierre Lacour n’est que 7ème du classement scratch.

Dans le classement scratch 1983, les cinq meilleurs résultats sont retenus sur 6 épreuves au calendrier.

Figure 7 : le champion 1983 Jean-Claude Huger vainqueur du Rallye Plein Sud (France moto n°175 du 15 décembre 1983)

Dans les Trophées, c’est la revanche des motos de cross ou d’enduro. Gérard Piret (CM Beaujolais) sur Cagiva en 125 cm3, Gérard Pardon (CM Beaujolais) sur KTM en 250 cm3 et Jean-Yves Rivollet (MC Vercors) sur CR480 Honda en 500 cm3 remportent leur catégorie. Seul le Trophée plus de 500 cm3, remporté par le gendarme Jean-Claude Huger, échappe à des pilotes civils.

Dans les Trophées 1983, les neuf meilleurs résultats sont retenus sur 11 épreuves au calendrier. A noter que dans la catégorie 500 cm3, Jean-Yves Rivollet a marqué des points dans 8 épreuves sur onze et son second, Daniel Duchesne, dans dix sur onze.

L’année 1983 marque la fin des épreuves de régularité qui ont fleuri au cours des années précédentes notamment dans la région Poitou-Charentes.

Des exceptions à cet abandon cependant dans cette partie ouest de la France avec le Rallye de Charente organisé par l’AMA, les 27 et 28 avril 1985, le Rallye du Limousin les 09 et 10 mars 1985 puis le Rallye du Poitou les 08 et 09 mars 1986.

L’année 1983 marque également l’entrée dans une longue période de stabilité au plan réglementaire pour les rallyes routiers. Au cours des années suivantes, nous allons pouvoir nous concentrer sur l’horodatrice et tourner la poignée dans les spéciales.

Figure 8 : pointage à l’horodatrice lors d’un rallye routier (France moto n°165 de janvier 1983)

A travers l’AS-FFM et ses organisations, Rallye Plein Sud (1982-1986) et les épreuves d’ouverture du Championnat de France des rallyes en Bretagne en 1983, à Saint Amand les eaux en 1984, au Limousin en 1985 et au Poitou en 1986, il faut noter l’action remarquable de la fédération pour le maintien des rallyes dans le paysage motocycliste français de l’époque.

A bientôt

Papytoum

PS : les extraits des France Moto que nous utilisons proviennent en majorité de la collection de Jean-Pol : http://www.legrenierdejeanpol.com/

6 thoughts on “1983 : année charnière pour la régularité motocycliste en France

  1. Merci du rappel de cette période charnière « historique » dans la discipline, alors que certains demandent un retour à plus de régularité dans les épreuves actuelles…
    A suivre…

    • Bonjour Pierre, à l’époque je ne connaissais pas ce contexte historique. Mes longues années de rallye n’ont en effet connu que la version « moderne ». A bientôt fidèle lecteur. Papytoum

  2. Pour ma part je peux dire que j’ai vécu les 2 versions, même si je n’ai fait que quelques rallyes de la Sarthe dans l’ancien format (1er rallye en 1977)…

  3.  » a l’époque », je me souvient avoir fait la forcing en commission afin de tordre le cou a la régularité. Aujourd’hui , les années on passée, je ne fréquente plus aussi souvent le parc des épreuves, mais je me dit que j’avait travaillé dans la bonne direction. A mon sens revenir en arrière, c’est porter un coup fatal au rallye.

    • Avis pleinement partagé. De nos jours il est nécessaire d’avoir des espaces de liberté et les ES des Rallyes c’est l’essence même dénaturée liberté…. pour le reste il y a les balades touristiques…

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