Tant qu’il y a de la Vis…

Pendant que Trump, Poutine, Netanyahou, Erdogan et consorts, dans la folie ultra-médiatisée de leur hubris, prétendent serrer les boulons de la géopolitique et de l’économie mondiale, plongeant toujours davantage l’Humanité dans l’obscurantisme de leurs nombrils, en ce qui me concerne, je me suis contenté d’un très lumineux tour de Vis en me rendant dans la vallée éponyme pour grimper sur les terres de l’ami Thierry.

Un mauvais jeu de mots en guise d’introduction, quoi de mieux pour finir la semaine ? Eh bien, beaucoup de choses. A commencer par une cinquantaine de kms à enchaîner les virolos à moto dans les gorges de l’Hérault, dernière occasion de rouler à mon rythme et le sourire aux lèvres, avant le rush pascal des campings-cars et autres ralentisseurs à roulettes…

La D4 dans les gorges de l’Hérault, entre St Jean de Fos et Ganges, un grand panard motocycliste… seulement hors période de vacances…
La jolie cascade de la Vis à St Laurent Le Minier

Après cette mise en bouche justifiant aux forceps ma présence sur un blog motomag, arrivé à destination, je retrouve Thierry qui me guide vers le spot du jour, une belle petite falaise de dolomie que lui et ses potes ont jadis joliment équipée, un terrain de jeu quasi privatisé pour une bande de grimpeurs sexagénaires très dissipés donc on ne peut plus fréquentables 😁. Entre deux voies, Thierry me décrit avec force details la géologie et le passé minier de sa vallée. Le bougre est sacrément disert quand il s’agit de la riche histoire locale et je l’écoute avec autant d’intérêt que lorsqu’il me guide de la voix dans un passage un peu retors de la très belle 6C que je m’efforce de grimper.

Bref, une fois encore, je me suis régalé. Aussi, alors que même les plus sages perdent espoir tandis que peu à peu la lie de l’humanité nous entraîne avec elle dans sa folie furieuse, je me sens privilégié de pouvoir ressentir encore ce sentiment pas du tout anecdotique d’être heureux, et ce malgré le changement climatique, malgré la menace existentielle que font peser les humains sur le Vivant, malgré la situation géopolitique, malgré, malgré, malgré…. Je ne suis pas moins lucide, pas moins éclairé, pas davantage indifférent, je vois les nuages noirs qui s’amoncellent à l’horizon, j’entends le bruit des bottes qui approche inexorablement. Mais il me suffit d’enchainer 3 belles courbes au coeur d’un beau panorama, de replonger dans un écrin de verdure, de poser les mains sur une paroi de calcaire, de granit, de gneiss ou de dolomie, de partager quelques abricots secs en papotant avec un ami au pied d’une voie d’escalade et l’espoir renaît.

Au fond, c’est peut-être ça, le secret d’une vie heureuse, c’est vaille que vaille suivre sa voie, sa route, pas celle que d’autres voudraient vous voir suivre, pas celle d’à-côté qui semble plus facile, plus belle, plus glorieuse, non, juste la sienne, à son échelle, un pas après l’autre, un mouv’ après l’autre, virage après virage… Mais comme cette 6C dans laquelle je lutte pour en franchir le crux, ça n’est pas toujours évident de suivre la ligne que dessine sa propre destinée. Il faut accepter de tâtonner, de tenter, d’essayer, il faut accepter de rater, de se louper, et même de chuter. C’est rare que cela soit fatal si on en tire une autre leçon que faire et refaire toujours les mêmes erreurs… La Vie est magnanime quand bien même sa patience est limitée… D’ailleurs se rater, chuter, en escalade comme en bécane, on appelle ça voler, c’est dire…

Néanmoins, s’il y a une chose dont je suis sûr c’est que quand on voyage, roule, ou grimpe, bref, quand on est en mouvement pour suivre la danse du Vivant et fuir les miasmes du croupi, eh bien pour se donner le plus de chance, pour profiter au maximum, il faut avant tout veiller à relever les yeux de son nombril autant que de celui d’autrui afin de mieux regarder autour de soi, respirer à fond les fragrances du monde et être tout ouïe à la musique de l’univers. Parce qu’au final, un nombril, qu’il soit misérable ou puissant, ça n’est au fond qu’un trou noir, et on le sait bien, rien ne ressort jamais d’un trou noir, et surtout pas la lumière, cette lumière qui nous baigne et éclaire notre marche en avant à la seule condition que l’on ouvre grand les yeux sur ce qui nous entoure et pas seulement sur nos écrans…

Ça sent pas le croupi dans la vallée de la Vis…

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