Après ce fameux premier Tour du Monde, il avait donc prévu, avec BMW qui lui avait déjà fourni la 1000GS de sa première aventure, de tenter de remonter jusqu’au fameux détroit, en roulant sur la glace avec une 650 toute équipée pour affronter le blizzard. Les aléas de la vie, du boulot ou parfois des amours peuvent d’un seul coup changer les programmes les plus fous et finalement, Philippe Rahmani n’est jamais monté jusque là-haut et personne après lui non plus. Pourtant l’idée trotte régulièrement dans la tête des grands voyageurs sur deux roues, chaque fois que je le recroisais, il m’en reparlait…Et puis d’autres, aussi…C’est comme ça que je me suis mis, moi aussi, à y penser à ce foutu détroit de Béring.Un jour, pendant le GS Days organisé par Bmw et Touratech, aux alentours d’Orange, Yvon qui m’avait déjà bien dépanné en amortisseur quand j’avais eu la bonne idée de tomber en rade en Ouganda, Yvon, donc, avait tenu à me faire venir et à me présenter à l’équipe de BM. Au début, il avait l’air de s’en foutre un peu de mon projet, mais quelques mois plus tard, au Salon de Paris, on a remis le dossier sur le tapis et là, ils m’ont dit que c’était tout bon, on a bu un coup au bar VIP pour sceller le pacte ; ils allaient me filer une bécane… Moi, j’ai donc commencé à m’organiser, à contacter, comme je le faisais sur le continent africain, les centres culturels français des villes où je risquais de passer et puis une fois que tout à été en place, j’ai attendu la moto. Les temps ne sont plus ce qu’il furent à l’époque de Rahmani ; dans la bande dessinée comme dans la moto, l’époque de gloire s’éloigne peu à peu. Pourtant Nolan m’a filé un casque, Furygan des gants et Nautiraid m’a renforcé ce sac étanche indestructible que j’ai trimballé sur ma vieille Béhème pendant plus de dix ans de voyages au long court. Côté moto, il fallait que je patiente…La patience, on connaît ça en voyage ; n’importe quel passage douanier rappellera bien souvent que sans elle il est inutile de se lancer dans la moindre aventure. Là, c’était bien la première fois que la Patience venait me titiller aussi tôt avant un départ de plus en plus hypothétique, mais c’est sans doute un signe de temps plus incertains…j’allais donc patienter et quoi qu’il arrive, il arrivera bien quelque chose…